Carlos Ghosn, patron multimarque

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Après Nissan et Renault, Carlos Ghosn prend également la direction de Mitsubishi. Objectif: redonner ses couleurs à la marque entachée par le scandale de falsification des données de consommation de ses véhicules.

Carlos Ghosn ne craint pas le cumul des mandats. Après Renault et Nissan, il va diriger Mitsubishi. C’est la conséquence d’une prise de participation de 34 % de Nissan dans un constructeur qui connaît de grandes difficultés. En avril, Mitsubishi avait en effet reconnu avoir longtemps falsifié les mesures de consommation de ses véhicules. La nouvelle avait entraîné une chute des ventes, et pourrait aboutir à une perte de 2 milliards de dollars pour l’exercice en cours.

Vu d’Europe, la nomination de Carlos Ghosn à la présidence exécutive pourrait ajouter quelques lignes dans la polémique concernant l’addition de ses rémunérations. Pour rappel, les actionnaires de Renault avaient voté contre la hausse à 7,2 millions d’euros (+50%) de sa rétribution pour 2015. Le conseil d’administration était passé outre. Chez Nissan le patron se paie 8 millions d’euros. Ce qui donne un total de quelque 15 millions.

Vu du Japon, c’est une autre histoire. Carlos Ghosn y est considéré comme un héros : il a redressé Nissan, bien mal en point à la fin des années 1990. Son arrivée chez Mitsubishi a donc un but symbolique. L’aventure japonaise remonte à 1999, lorsque Renault se porte au secours de Nissan, et prend une participation de 36 %. Le groupe français envoie alors une équipe dirigée par Carlos Ghosn. Depuis lors ce dernier n’a jamais vraiment quitté le Japon. Resté CEO de Nissan même après sa nomination à la tête de Renault en 2015, il passe sa vie dans un avion entre la France, le Japon et les Etats-Unis, qui représentent un gros marché pour Nissan.

Un groupe virtuel original

Ce cumul est justifié par le groupe très particulier que construit Carlos Ghosn. Qui est plutôt virtuel car Renault et Nissan restent des constructeurs distincts. Il en ira vraisemblablement de même pour Mitsubishi. Le deal Renault-Nissan de 1999 est le modèle d’une série d’accords réunis sous le nom d’Alliance, où les constructeurs partagent moteurs et plateformes pour obtenir les économies d’échelle d’un grand groupe sans les inconvénients d’une fusion. Chacun garde sa personnalité, ses gammes de produits. Les liens sont renforcés par des participations, de préférence croisées. Ainsi Renault détient aujourd’hui 43,4 % de Nissan, et Nissan possède 15 % de Renault. En intégrant l’Alliance, Mitsubishi pourrait économiser des centaines de millions de dollars par an. Nissan et Renault ont étendu le concept d’alliance avec Daimler, avec des participations croisées plus petites de quelques pour cent.

Renault, Nissan et Mitsubishi ne constituent pas un véritable groupe car il n’y a pas de participations majoritaires, donc pas de consolidation. Le commun dénominateur s’appelle Carlos Ghosn, qui dirige chaque constructeur, CEO pour les deux premiers, bientôt président pour le dernier. L’ensemble représentera 10 millions de voitures pour 2016, soit un numéro trois mondial virtuel, derrière Toyota et Volkswagen.

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