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Budget : Di Rupo au c½ur du match gauche-droite

Ce n’est pas seulement une discussion technique qui a lieu autour du formateur, mais deux philosophies qui s’affrontent via la confection d’un budget.

Cela discute ferme autour du formateur Elio Di Rupo. L’enjeu est de trouver 11 milliards d’euros d’économie. D’abord pour rassurer les marchés financiers, et éviter que nous ne soyons dans le collimateur de ceux-ci, comme c’est le cas de l’Italie. Ensuite, parce que la Belgique s’est engagée, auprès de l’Europe et des générations futures, à rééquilibrer ses comptes le plus vite possible.

C’est bien sûr la façon de trouver ces 11 milliards d’euros qui pose des problèmes. Si l’on est de gauche, on mettra le curseur sur la colonne recettes, donc sur la hausse des impôts, notamment pour les plus riches. Si l’on est de droite, on se focalisera sur la baisse des dépenses. Ce n’est donc pas seulement une discussion technique qui a lieu autour du formateur, mais deux philosophies qui s’affrontent via la confection d’un budget.

A gauche, on pense que tout axer sur la baisse des dépenses, donc sur le train de vie de l’Etat, est une erreur. C’est la solution qui a été préconisée pour la Grèce. Or, ce pays est tombé en récession. C’est donc bien la preuve que cela ne marche pas ! En arrière-pensée, la gauche estime que, sous prétexte de réaliser des économies, les idéologies libérales, voire ultralibérales, sont à l’oeuvre pour détricoter en catimini notre modèle social. Pour plaire aux marchés financiers, qui sont la cause de nos déboires, nous allons favoriser les créanciers – les banquiers – au détriment des citoyens, qui verront leurs droits sociaux rabotés. Voilà, en gros, la vision de gauche.

A droite, on entend un tout autre son de cloche. On y juge qu’en Belgique, le citoyen est déjà trop taxé et qu’il faut porter tous les efforts sur la baisse des dépenses. Vouloir augmenter les impôts reviendrait, selon la droite, à tenir le discours suivant dans un conseil d’administration : “Messieurs les administrateurs, l’entreprise va mal, les pertes sont importantes. Pour y remédier, nous avons décidé d’augmenter massivement nos prix. Nous allons donc perdre des parts de marché. Quant aux réductions des dépenses, il faudra bien en faire un jour, mais on ne sait pas encore lesquelles.” Dans une entreprise normale, celui qui tiendrait ce discours ne resterait pas longtemps en place, assurent les libéraux.

Vous l’aurez compris, il n’est pas simple de trouver un compromis entre ces deux positions. C’est pourtant ce que doit accomplir Elio Di Rupo. Autant dire que ce n’est pas une promenade de santé.

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