You can work Annie Where: une start-up Belge propose des bureaux pods mobiles

PRÉFABRIQUÉ Il a suffi de deux heures pour rendre ce bureau pod opérationnel à l'emplacement choisi. Sans sciage ni forage. © PHOTO Charlotte De Lange
An Bogaerts Redactrice en chef Trends Style

Passer chaque jour plusieurs heures dans les embouteillages pour rejoindre le morne décor de son bureau? “Non, merci”, clame la jeune génération de travailleurs. Les entreprises doivent dès lors se montrer inventives en matière d’environnement de travail. La start-up belge Annie Where propose des bureaux pods à installer dans le jardin, sur le parking ou où vous voulez.

L’équipe à l’origine d’Annie Where formulerait volontiers autrement l’histoire de ses débuts – où et comment a germé cette idée révolutionnaire. Mais David Bintein et Jo Caudron ont décidé de s’en tenir à la vérité. David Bintein: “Durant le confinement, nous faisions du step ensemble. Sur un step électrique”. Jo Caudron: “David et moi sommes des camarades de village et, durant les confinements, nous avons eu l’occasion d’échanger longuement nos idées. Nous avons pu suivre, tous les deux, au fil du temps, l’évolution de la société en matière de technologie, de mobilité et de travail. Et nous avons pressenti qu’il serait désormais impossible de retourner aux longues heures passées chaque jour dans les embouteillages, mais tout en constatant que, pour beaucoup, l’idée du travail à domicile avait perdu de son romantisme, la présence des enfants, des animaux ou d’autres travailleurs ne le rendant pas toujours évident. En d’autres termes, les entreprises ont été contraintes de se montrer plus flexibles, et c’est ainsi qu’a surgi l’idée d’Annie Where. Nous voulions leur offrir l’opportunité d’aller de façon simple à la rencontre des nouveaux besoins de leur personnel”. Les pods qu’Annie Where installe çà et là ne trouvent pas seulement place dans les jardins privés. Les entreprises remarquent également que l’aménagement “insulaire” de leurs bureaux, longtemps souhaité, n’est pas adapté aux nombreuses réunions Zoom et appels téléphoniques devant aujourd’hui être passés avec les collègues travaillant à domicile. Les pods se retrouvent donc aussi sur le terrain des entreprises, où ils font figure d’extensions supplémentaires aux bureaux classiques, constituant des espaces où il est possible de travailler en toute confidentialité, ou d’organiser des brainstormings et des réunions importantes. La variété, le changement ont des aspects bénéfiques et cela s’applique également à la productivité. Un environnement différent peut faire des miracles.

Porter ce concept à l’international. Telle est notre ambition.

LA FLEXIBILITÉ

Il est surprenant de voir la vitesse à laquelle un tel bureau pod s’assemble et ce, en n’importe quel endroit. Les sols, les murs et le toit, constitués en grande partie de matériaux isolants (fabriqués à partir de bouteilles PET recyclées), sont préfabriqués de façon standard et équipés de toutes les techniques de fixation nécessaires, de sorte qu’il ne reste plus qu’à les assembler. “Autrement dit, il n’est pas possible pour tout un chacun de développer son propre bureau pod. Nous travaillons avec des éléments invariables. Les couleurs, les agencements et les accessoires peuvent, bien sûr, être personnalisés. Mais les éléments de base restent les mêmes. Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons garantir le remplacement immédiat de tout élément endommagé. Et ce n’est qu’en travaillant avec ce schéma fixe que nous pouvons offrir aux entreprises la flexibilité nécessaire.” Et ce schéma fixe a la forme d’un hexagone. Une forme fiable, selon David Bintein – il y avait déjà eu recours pour le logo de son espace de co-working, The Hive. Gilles Missinne: “Celui qui commande un pod est à même de l’assembler lui-même. Il y a, outre les murs, les fenêtres et les portes de couleur blanche, une cloison technique où trouvent place tous les éléments de raccordement pour l’électricité, le wifi et la climatisation. Et tout peut s’activer à l’aide d’une application pour smartphone. Il est donc possible d’actionner préalablement la climatisation pour travailler dans une atmosphère parfaite.” Le trio se prévaut du fait que les pods peuvent aussi contribuer à une réduction de la facture d’énergie. “Lorsqu’on travaille seul dans le pod, le chauffage ou la climatisation peuvent être coupés dans la maison, ce qui mène logiquement à une consommation moindre. L’idée étant, bien sûr, que l’employeur prenne la facture à sa charge – par analogie avec la voiture de fonction”. Jo Caudron: “Nous sommes convaincus que les bureaux pods pourraient bien devenir les voitures de société du futur. La nouvelle génération de travailleurs apprécie davantage un lieu de travail agréable et proche du domicile qu’une voiture coûteuse garée dans le garage”.

You can work Annie Where: une start-up Belge propose des bureaux pods mobiles
© PHOTO Charlotte De Lange

FORMULE D’ABONNEMENT

Indépendamment de la taille et de la composition du bureau pod, un prix est d’emblée calculé durant sa configuration. Il ne s’agit pas d’un prix de vente: Annie Where travaille selon une formule de leasing mensuel qui pourvoit à toutes les formes d’entretien et de dégradation. Qui prend un abonnement – les prix démarrent à 450 euros environ – pour tel mois peut l’annuler le mois suivant. Gilles Missinne: “C’est comparable au système des voitures Lynk & Co. Je roule moi-même à bord d’une telle voiture, qui se loue aussi mensuellement et pour laquelle tous les services sont pris en charge”. Depuis les débuts officiels d’Annie Where en janvier dernier, plusieurs entreprises se sont montrées intéressées et ont installé des pods d’essai. David Bintein: “Par ailleurs, on observe aussi une demande importante de la part des producteurs immobiliers. Et, de fait, cela peut représenter une grande plus-value d’implanter de tels pods dans une zone d’habitat de manière à ce que les habitants puissent en faire usage pour travailler. Cela crée un buzz bénéfique”.

PÉNURIE DE MATÉRIAUX

Cette entreprise en plein développement se heurte pourtant à un certain nombre d’obstacles. Dont la pénurie de matériaux. “Nous allons tenter à l’avenir de la contourner autant que possible en recyclant et en réutilisant les panneaux après usage. Le matériau n’est pas seulement recyclé, il est aussi à nouveau recyclable.”

La formule d’abonnement représente, elle aussi, un défi: les entreprises traditionnelles sont habituées à travailler selon un système basé plutôt sur l’achat et la vente que sur le principe du leasing. Jo Caudron: “A cet égard, nous observons que les petites entreprises peuvent s’adapter beaucoup plus rapidement et adhérer totalement à l’idée d’un abonnement.”

La dernière pierre d’achoppement est la rigidité de la législation belge. Laquelle exige une demande de permis pour toutes les fonctions résidentielles. Et – ô surprise! – le travail continue d’en être une. “Nous faisons pression pour que ces dispositions soient assouplies, et nous ne sommes assurément pas les seuls. La loi doit contribuer à rendre le travail flexible possible.” Jusqu’à ce que ce soit le cas, il faut passer par la maison communale. “Et cela varie fortement d’une commune à l’autre. Au cas où l’un ou l’autre problème surviendrait après un certain temps, notre flexibilité nous permet d’intervenir rapidement pour retirer le pod.”

LES AMBITIONS

Qui désire travailler dans un bureau pod peut déjà le faire à l’intérieur des frontières belges. Mais le trio d’actionnaires a de très hautes ambitions. Jo Caudron: “Nous voulons assurément porter ce concept à l’international”. Sur le plan de la forme, il ne cesse d’être perfectionné. “Les murs, par exemple, se prêtent parfaitement à la pose de stickers, ce qui permet aux entreprises de personnaliser leurs pods sans problème. Et nous examinons la possibilité d’intégrer des plantes suspendues ou un toit vert. Tout cela est encore en chantier, mais cet ancrage dans la nature est important, selon nous. Il est également prévu de pouvoir proposer l’an prochain des pods en d’autres teintes que le blanc.” Le trio n’en a pas moins foi dans le modèle Apple. Jo Caudron: “Apple n’a pas proposé l’iPhone dans toutes les couleurs possibles”. Peut-être pourrait-on dès lors songer à utiliser des housses colorées pour habiller les pods? David Bintein: “Mais nous l’avons déjà envisagé”.

www.anniewhere.work

De gauche à droite: Gilles Missinne, David Bintein et Jo Caudron
De gauche à droite: Gilles Missinne, David Bintein et Jo Caudron© PHOTO Charlotte De Lange

Annie, disiez-vous?

GILLES MISSINNE

– Le benjamin du trio

– Conseiller en affaires internationales durant deux ans chez UNIZO

– Désireux depuis longtemps d’entreprendre, il s’occupe du développement commercial d’Annie Where

DAVID BINTEIN

– Fondateur des bureaux digitaux Cloudstar et Starring Jane

– Créateur en 2016 de The Hive, un espace de co-working pour nomades digitaux – une expérience qui lui a beaucoup appris en matière de travail flexible

JO CAUDRON

– Fondateur de Scopernia qui fournit des conseils stratégiques aux entreprises en transformation et compte des bureaux à Gand et à Dubaï

– Auteur d’ouvrages ayant trait à la transformation du monde consécutive à la digitalisation

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© PHOTO Charlotte De Lange

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