Olivier Mouton

Après la Vilvaldi, une autre partition

Olivier Mouton Chef news

La priorité du prochain gouvernement consistera à fixer des balises claires pour la transition énergétique qui doit être accélérée de façon vertigineuse.

“Le projet collectif de la Vivaldi est un échec.” Ce n’est pas un élu revanchard de l’opposition qui tient un tel discours au sujet de la coalition fédérale mais bien un jeune député écologiste de renom, Kristof Calvo. Celui-ci a décidé de se replier sur ses terres malinoises pour le scrutin communal d’octobre 2024, qui suivra de quelques mois la grande explication belgo-belge. En substance, Calvo rappelle que la symphonie Vivaldi a été écrite pour faire barrage à l’extrême droite et au nationalisme flamand avec un “projet positif pour la Belgique”. Or, cette partition s’est diluée dans les conflits entre partis et les luttes d’ego.

“Baptiser cette coalition Vivaldi, c’était très présomptueux, confie Pierre-Frédéric Nyst, président de l’Union des classes moyennes (UCM), à Trends-Tendances. Vivaldi est un de mes compositeurs préférés: il y a de la légèreté, du soleil, des merveilles, autant de choses qu’on ne retrouve pas. On a assisté à une fameuse cacophonie tout au long de législature.” Les acteurs économiques parlent d’un demi-échec seulement. Le gouvernement fédéral a permis à l’économie belge de résister aux crises successives. C’est à saluer. Mais son grand échec restera de ne pas avoir mis en place un projet économique performant.

Entre gauche et droite, c’est trop souvent le grand écart. En matière de fiscalité, d’emploi, de pensions ou d’énergie, la composition hétéroclite de ce navire n’aura accouché que du plus petit dénominateur commun. C’était écrit: malgré une bonne volonté évidente et reconnue par tous, le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) n’aura pu accoucher du projet réformateur annoncé. Même le sprint final sur les dernières réformes risque d’être inachevé, avant qu’une future coalition ne voie le jour, qui risque très fortement d’être d’une autre nature.

L’après-crises

Un an avant les élections cruciales de juin 2024, la Vivaldi n’est pas plébiscitée, loin s’en faut. Le dernier baromètre Le Soir/RTL/Ipsos du 10 juin témoigne d’un soutien faiblard, le parti du Premier ministre se trouvant même à son plancher historique en Flandre. Les cartes seraient battues, si l’on votait demain: les extrémistes en force au nord (droite) et la famille socialiste en tête au sud (gauche), avec des écologistes affaiblis et une N-VA qu’il serait difficile de contourner.

Surtout, la partition économique n’est plus la même. La Vivaldi est née pour faire barrage aux crises, il convient désormais de donner un nouveau souffle au pays dans un contexte budgétaire difficile. Après le “quoi qu’il en coûte” et l’argent public coulant à flots, il est désormais indispensable de restructurer l’Etat et de limiter ses dépenses tout en renouvelant le cadre pour permettre à l’initiative privée de prospérer. La priorité consistera à fixer des balises claires pour la transition énergétique qui doit être accélérée de façon vertigineuse.

Dans une Belgique éclatée, morcelée, sera-t-il possible de mettre sur pied un projet alternatif cohérent? Faudra-t-il passer par une nouvelle réforme de l’Etat avec PS et N-VA autour de la table? Que faire pour éviter une nouvelle crise de longue durée? Il reste un an à Alexander De Croo pour convaincre et, comme il l’a promis, travailler jusqu’à la dernière minute. Mais en coulisses, dès à présent, la nouvelle partition doit être imaginée, rêvée, préparée. Le scrutin de juin 2024 risque d’être un brutal rappel à l’ordre. Or, le contexte géopolitique, le défi climatique, la contrainte budgétaire et l’avenir du pays ne permettront pas une improvisation coupable.

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