L’intelligence artificielle au service du fisc belge

Déclaration impôt
Déclaration impôt © Belga
Amid Faljaoui

Nous sommes bel et bien entrés en période électorale. La meilleure preuve, c’est que les partis de gauche et de droite se critiquent par fiscalité interposée.

Les uns disent que les « riches » ne paient pas assez d’impôts, et les autres rétorquent que c’est faux, que contrairement à ce qu’on laisse entrevoir, la Belgique est un enfer fiscal. En réalité, ce débat n’a qu’un seul but : conforter les électeurs de chaque camp que l’autre n’en fait pas assez, ou en fait trop.

Pour se faire une idée de la situation, il suffit de lire l’interview qu’a donné Hans D’Hondt, le patron de l’administration fiscale à mes confrères du quotidien économique l’Echo à l’occasion de son départ à la retraite pour comprendre qu’en Belgique, le fisc est de mieux en mieux outillé pour éviter qu’il y ait des trous dans la raquette. D’abord, le fisc travaille aujourd’hui avec 14.000 agents de moins qu’auparavant, mais il a toujours le même rendement. Cela signifie que le rendement de ces fonctionnaires du fisc est plus important que par le passé. Comment est-ce possible direz-vous ? Simple, le fisc aussi se modernise. Il utilise aussi l’intelligence artificielle, et de l’aveu même de l’ancien patron du fisc, aujourd’hui, les algorithmes de l’administration fiscale permettent de déterminer quelles sont les déclarations qui doivent être vérifiées ou quel conteneur il est préférable de scanner lorsqu’il arrive au port d’Anvers, ou quels débiteurs présentent un risque pour les caisses de l’Etat.

L’ancien patron du fisc n’hésite d’ailleurs pas à dire qu’en matière de contrôle fiscal, nous n’en sommes qu’au début en quelque sorte. Il avoue même imaginer que d’ici 5 ans maximum, un voyant rouge s’allumera si quelqu’un a rénové sa maison pour la moitié du prix des maisons similaires dans le voisinage.

Quant à la question souvent soulevée par les partis de gauche et les syndicats, à savoir l’établissement d’un cadastre des fortunes pour mieux cibler les plus riches d’entre nous, l’ancien patron du fisc belge se demande à quoi ça servirait ? Non pas parce qu’il n’y croit pas, mais parce qu’il estime que nous avons déjà ce cadastre des fortunes, ne serait-ce que grâce aux nombreuses données financières dont dispose le fisc pour traquer la fraude fiscale. Il y a le point de contact qui avant ne signalait que notre numéro de compte bancaire et qui maintenant s’est élargi et indique même les soldes de ces comptes bancaires. Il y a aussi les bases de données disponibles dans les régions pour les biens immobiliers et les successions. Quant aux entreprises, elles doivent indiquer dans un registre UBO qui sont les bénéficiaires ultimes. Bref, il est de plus en plus difficile de se cacher aujourd’hui.

Et donc, l’ancien patron du fisc demande à mes confrères, sachant tout cela, qu’est-ce qu’un cadastre des fortunes apporterait de plus ? Ce qui est aussi intéressant dans cette interview, c’est qu’elle montre que la disparition du cash est aussi encouragée par le fisc. Couplée à la disparition des automates qui nous permettent de sortir notre cash à tout moment, on pourrait se dire qu’au fond, il y a une alliance qui ne dit pas son nom entre les banques et le fisc.

Quant à la question de savoir, c’est quoi un riche ou à partir de quand est-on riche, j’aurai tendance à dire en ce qui me concerne, qu’on est riche « à partir d’une femme et d’un enfant ».

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