Amid Faljaoui

Le chaos des voitures électriques : faut-il reporter la date couperet de 2035 ?

Dire « pardon » ou « je me suis trompé » n’est pas un exercice d’humilité couramment pratiqué au Parlement européen. Beaucoup doivent pourtant se demander s’ils ne se sont pas plantés en interdisant les voitures thermiques pour 2035.

Pardon. Voilà un mot qu’on n’aime ou qu’on ne veut pas prononcer, souvent par amour propre. « Pardon », voilà bien un mot qui ne dénoterait pourtant pas dans la bouche des députés européens qui ont voté la main sur le cœur la fin de la vente des moteurs thermiques en Europe à partir de l’année 2035. Beaucoup doivent en effet se demander s’ils ne se sont pas plantés. Non pas sur l’objectif de décarboner une industrie polluante, mais sur le fait d’avoir choisi d’interdire les voitures thermiques sans étudier l’impact de cette interdiction au préalable. Aujourd’hui, on voit les dégâts de cette impulsivité législative : plus d’un million de voitures électriques sont stockées dans les ports de France et chez nous en Belgique. Selon le Financial Times, la bible du monde des affaires, les constructeurs automobiles chinois se servent en fait des ports européens comme d’immenses parkings pour stocker leurs invendus. Le port de Zeebruges est aujourd’hui le premier port d’Europe en termes d’importations de véhicules. Or, les autorités du port reconnaissent que certaines voitures électriques chinoises y sont stockées depuis 18 mois. C’est là le résultat d’un chaos sur le marché de la voiture électrique.

C’est la preuve que les Chinois écoulent massivement les voitures qu’ils n’arrivent pas à vendre sur leur propre marché, car ils sont en surcapacité. La preuve aussi qu’ils n’arrivent pas plus à les vendre sur le marché européen à cause d’une demande plus faible que prévue. On doit cette baisse au fait que plusieurs pays ont annulé leurs subsides à l’achat de voitures électriques. Mais aussi à un manque de bornes, une autonomie limitée et des prix qui restent plus chers que la voiture thermique. Si vous vous demandez pourquoi Tesla qui a révolutionné la voiture électrique licencie 10% de son personnel au niveau mondial, vous avez maintenant la réponse.

Et on ne pourra pas dire que les eurodéputés n’étaient pas au courant. Carlos Tavares, pour ne citer que le patron de Stellantis, avait prévenu les députés européens. Pour lui cette interdiction de vendre des voitures thermiques dès 2035 revenait à « dérouler le tapis rouge aux voitures électriques chinoises qui sont 20 à 25% moins chères que les nôtres ».

En visitant les ports européens transformés en immenses parkings pour des voitures chinoises qui cherchent encore des acquéreurs, n’importe quel citoyen européen peut palper du doigt l’erreur faite par nos députés européens. Ce qui fait dire à certains observateurs que la date de 2035, date de la fin de la vente de voitures thermiques sur le sol européen, ne sera pas respectée. Mais dire « pardon » ou « je me suis trompé » n’est pas un exercice d’humilité couramment pratiqué au parlement européen. D’autant plus que les élections européennes du 9 juin approchent et que les mea culpa en public ne rapportent pas de voix. Et vous, vous en pensez quoi ?

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