Les voitures chinoises s’empilent dans le port de Zeebruges

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Baptiste Lambert

Signe du ralentissement de l’économie, les voitures s’entassent dans les ports européens. Particulièrement celui de Zeebruges où les voitures chinoises arrivent en masse, mais ne trouvent pas preneur.

Le marché de la vente de véhicules est dans le dur. Et l’industrie chinoise qui inonde le marché européen de véhicules électriques n’y échappe pas. Ses voitures à bas prix ont de plus en plus de mal à trouver un acheteur. Les constructeurs se servent en fait des ports européens comme immenses parkings pour stocker les invendus, dénonce notamment le port de Zeebruges, dans le Financial Times. Le port belge est le premier d’Europe en termes d’importations de véhicules.

Certaines voitures électriques chinoises sont stockées dans les ports européens depuis 18 mois. “C’est le chaos”, insiste une source, auprès du quotidien financier.

Signe du ralentissement des ventes, en particulier sur le segment de l’électrique, les deux leaders du marché, Tesla et BYD, ont vu leurs livraisons s’écrouler au premier trimestre 2024, le constructeur américain reprenant la tête uniquement parce que le constructeur chinois a fait pire.

Problèmes logistiques

Mais la baisse des ventes n’explique pas tout. Les constructeurs chinois exportent leurs voitures, mais ne dispose pas de réseaux de vente, ni suffisamment de réseaux de transport logistique. Ils peinent particulièrement à trouver des chauffeurs routiers.

Certains constructeurs réservent un créneau de livraison dans un port européen, sans commander de transport, par après. La preuve que les constructeurs produisent beaucoup trop et en viennent à payer les ports européens pour stocker leurs voitures plutôt que de les livrer chez un concessionnaire pour être vendues.

Janet Yellen et Ursula von der Leyen haussent le ton

La semaine dernière, la secrétaire d’État au Trésor des États-Unis, Janet Yellen, s’est rendue en Chine pour lui faire part de ses inquiétudes. Les fortes subventions chinoises, notamment dans le domaine des voitures électriques, font courir un risque de surplus de biens et d’inondation des marchés mondiaux.

“L’aide directe et indirecte du gouvernement est en train de conduire à une capacité de production qui excède largement la demande intérieure de la Chine, ainsi que ce que le marché mondial peut supporter”, a dit Mme Yellen. “Les surcapacités peuvent conduire à de gros volumes d’exportations à des prix en baisse” et à une “surconcentration des chaînes d’approvisionnement, posant un risque pour la résilience économique mondiale”, a-t-elle ajouté. Soit exactement ce qui se produit dans les ports européens, avec les voitures chinoises.

“Des accusations sans fondement”, a balayé dimanche le ministre Wang Wentao, en déplacement à Paris, selon l’agence d’État Chine Nouvelle. La secrétaire d’État au Trésor se réserve le droit de mettre en place de nouvelles barrières douanières pour la production chinoise qui touche aux énergies propres. L’heure était à la négociation, mais face au refus chinois, les États-Unis pourraient durcir le ton.

De son côté, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a soutenu les propos de sa collègue américaine, indiquant qu’il fallait adopter une position ferme face à la Chine, alors que le chancelier Olaf Scholz s’apprête à se rendre à Pékin, ce dimanche pour y rencontrer le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre Li Qiang.

Les mesures concrètes et collégiales de l’Europe sont toujours aux abonnées absentes. L’industrie automobile européenne a pourtant appelé à un sursaut des autorités. En juillet dernier, Carlos Tavares, le patron de Stellantis, estimait dans Le Figaro, que l’on “déroulait le tapis rouge aux voitures électriques chinoises, qui sont 20 à 25 % moins chères que les nôtres”.

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