Amid Faljaoui
“Le banquier n’a jamais été aimé et c’est assez facile de le dézinguer auprès du grand public”
Les quelques chroniques que j’ai consacrées aux banques belges ont parfois suscité des réactions négatives de la part d’amis ou d’auditeurs qui estiment que les banques offrent des services encore plus lamentables que l’administration.
Récemment encore, j’expliquais que le succès du bon d’Etat auprès des épargnants belges avait un prix et que ce prix serait payé d’une manière ou d’une autre par l’épargnant. Pour appuyer ma démonstration, ou plutôt celle des observateurs avisés, j’ai pointé du doigt le fait qu’il y a quelques jours la banque KBC avait décidé d’augmenter ses frais bancaires. Ce qui montre bien, selon moi, que nous étions dans une histoire de type « arroseur arrosé ». Autrement dit, les banques belges qui ont dû se résoudre à augmenter le rendement de leurs comptes d’épargne suite à la pression du ministre des Finances ont fini par augmenter le rendement des comptes d’épargne, mais se rattrapent donc sur les frais bancaires.
Un auditeur assidu de cette chronique y voyait un mauvais coup de la part des banques puisque, me disait-il, le bon d’Etat a certes bousculé les banques, mais c’est juste pour un an, alors que la hausse des frais bancaires, c’est pour toujours. A ce genre d’argument, l’association Febelfin, autrement dit le lobby des banques, répondait que les frais bancaires étaient moins élevés en Belgique que dans les pays voisins. Mais une étude du SPF Economie a démontré que l’argument était faux dans le sens où l’association des banquiers ne tenait pas compte de l’inflation et qu’au final, les frais bancaires en Belgique augmentaient plus rapidement que l’inflation.
Ce problème des frais bancaires ne joue d’ailleurs pas seulement sur les comptes d’épargne, il joue aussi négativement sur les produits de placement. Une étude de la FSMA, le gendarme financier belge montre que des épargnants qui investissent dans des produits boursiers verront 40% de leurs plus-values disparaitre s’ils investissent dans des fonds dont les frais sont juste dans la moyenne. Et donc, oui, il y a une forme de grogne ambiante qui n’est pas mesurée, mais qui existe à l’encontre des banques et sur laquelle surfent de manière habile, mais aussi très intéressée nos hommes politiques.
Le banquier n’a jamais été aimé, ce n’est pas un scoop et c’est assez facile de le dézinguer auprès du grand public. Pour autant, c’est vrai, les banques belges devront sans doute faire encore un effort dans la rémunération de leurs comptes d’épargne. Récemment, le gouverneur de la Banque Nationale, qui est censé être la plus haute autorité financière du pays, a reconnu que les banques belges ont encore une marge de manœuvre pour augmenter le rendement des comptes d’épargne. Et il est difficile de contredire la personne qui connait vos comptes aussi bien que vous.
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