Amid Faljaoui

Bonne nouvelle: nous ne sommes pas tous remplaçables!

La société a beau nous dire que le cimetière est plein de gens irremplaçables, la crise de la semaine dernière chez OpenAI, la maison mère de ChatGPT, a démontré qu’il n’en est rien. Bien sûr, l’entreprise a besoin de capital… mais elle vit aussi et survit grâce à ses talents, et parfois même à rien d’autre. Pour comprendre la démonstration, il faut procéder à un petit flash-back.

Le vendredi 17 novembre, Sam Altman, le créateur de ChatGPT, était licencié de son poste de PDG d’OpenAI. Sur le moment même, l’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre, tant dans la Silicon Valley qu’à Wall Street. Et comme vous le savez, après quelques jours de rebondissements dignes d’un scénario hollywoodien, le mercredi 22 novembre, Sam Altman a officiellement retrouvé son poste de PDG. Ce retournement de situation nous en dit long sur la valeur humaine…

Alors qu’on nous dit et répète à longueur de journée que l’intelligence artificielle va nous remplacer ou qu’une partie de nos tâches va disparaître, le coup d’Etat avorté chez OpenAI montre au contraire que l’humain – du moins celui qui est qualifié – a encore de beaux jours devant lui. Prenons le cas de Sam Altman : à peine avait-il été viré que cet homme de 38 ans a sans doute été l’homme le plus chassé de la planète. Quand je dis « chassé », c’est au sens des chasseurs de têtes, des recruteurs.

Le PDG déchu a eu des centaines de propositions de job en un week-end, y compris du gouvernement français pour venir exercer ses talents en France. Deuxième remarque, et non des moindres : en étant licencié d’OpenAI, Sam Altman a failli indirectement commettre l’un des plus grands meurtres d’entreprise. Meutre qui se serait traduit par la plus grande destruction de valeur de l’histoire de l’entreprise et générée par un seul homme. Eh oui, ça a l’air de dingue comme histoire mais sans Sam Altman et son adjoint, la valeur de OpenAI, valorisée à 86 milliards de dollars allait retomber à… zéro. D’autant plus facilement que plus de 700 employés sur les 770 de OpenAI avaient signé une lettre dans laquelle ils indiquaient qu’ils quitteraient la maison mère de ChatGPT si leur patron n’était pas réintégré immédiatement. Autant dire que le message a été compris cinq sur cinq.

Au final, c’est le conseil d’administration, à l’origine du licenciement de Sam Altman, qui a été remplacé en cinq jours à peine… Mais le plus cocasse arrive enfin : non seulement l’importance de l’être humain a encore pu être prouvée en direct, mais elle a même pu être mesurée. En effet, le CEO de Microsoft, qui était le plus gros actionnaire d’OpenAI, a eu très peur. La raison ? La valorisation de Microsoft en Bourse a basculé de 50 à 100 milliards de dollars en raison de l’incertitude liée à l’avenir d’OpenAI. En clair, sans Sam Altman et son équipe, OpenAI devenait de facto une coquille vide… et par ricochet, Microsoft, qui avait 49% du capital d’OpenAI, se retrouvait avec 49% de rien du tout ! Brutalement dit, comme la valorisation de Microsoft a tangué de 50 à 100 milliards de dollars, il est légitime d’estimer – comme l’on fait certains observateurs – que Sam Altman vaut, à lui seul, au minimum 50 milliards de dollars.

Si ça, ce n’est pas une valorisation extrême de la valeur d’une personne, qu’est-ce alors ? De là à en déduire qu’il faut se faire virer pour connaître sa propre valeur… Reste à voir qu’elle est la véritable raison pour laquelle le conseil d’administration (peuplé de scientifiques de renom) a viré Sam Altman dans un premier temps. Espérons juste que lui et ses équipes n’ont pas invoqué le nom du Diable, comme dirait Elon Musk. Affaire à suivre, mais une affaire qui aura une répercussion sur chacun d’entre nous, et surtout nos enfants.

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