Le flop du taux d’épargne minimum
Après des mois de discussions, de débats et de coups de pression, le gouvernement n’imposera probablement pas de nouveau taux d’épargne minimum aux banques.
Tout part de ce constat : la Banque centrale européenne (BCE) élève les taux d’intérêt depuis un an maintenant. Les banques qui déposent de l’argent auprès des banques nationales reçoivent ainsi plus d’intérêts sur ce dépôt, tout comme sur l’argent qu’elles prêtent aux particuliers et aux entreprises. L’argent qu’elles déposent ou prêtent, c’est notamment l’épargne des clients. Mais, de l’autre côté, ces clients ne voient le taux d’épargne augmenter que très timidement.
Au fil des mois, cet écart s’est creusé. Le taux de dépôt de la BCE affiche aujourd’hui 3,5%. Les taux d’épargne des banques belges sont encore nettement inférieurs. Environ la moitié des comptes d’épargne (dont ceux des comptes classiques des grandes banques) affichent un taux d’épargne inférieur ou égal à 1%. Le taux le plus élevé du marché belge est le “Vision Max” de Santander, avec 2,5%. Il a ses conditions : il faut déposer au moins 125.000 euros.
Le gouvernement s’empare du dossier, mais cela n’aboutit finalement à rien
Cet écart grandissant a suscité de nombreuses critiques dans le monde économique. En mai, il a commencé à faire réagir la classe politique également. Le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V), a adressé une lettre de mise en demeure aux banques, leur indiquant que les clients se sentaient floués.
Ensuite, tout au long du mois de juin, le sujet a été débattu par les députés fédéraux et les ministres du gouvernement. En résumé : faut-il élever le taux d’épargne minimum ? Le minimum légal est actuellement situé à 0,11%, pour mémoire.
Les propositions de loi voulaient fixer le taux minimum à deux points de pour cent en dessous du taux de la BCE (il serait alors de 1,5% aujourd’hui), ou d’instaurer un taux de base protégé sur les 10.000 premiers euros de dépôts d’épargne, qui serait couplé au taux d’intérêt belge à long terme.
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Le gouvernement s’était mis comme date butoir vendredi passé, sait-on. Mais le clivage a été trop important à surmonter, entre le camp des interventionnistes (gauche) et le camp du libre marché et de la concurrence (libéraux). Le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD) a par exemple régulièrement émis des réserves, tout comme Van Peteghem.
Vendredi également, une instance qui fait autorité est venue renforcer l’avis des libéraux : la BCE. Les propositions de loi présenteraient un risque pour la stabilité financière, estime-t-elle. La Banque Nationale de Belgique avait, elle aussi, donné un avis négatif, début juin.
Les banques augmentent les taux
La date passée, et après les avis négatifs de Christine Lagarde et Pierre Wunsch, on peut imaginer que le débat autour d’un taux minimum est mort et enterré. Surtout que la Vivaldi a assez d’autres sujets clivants sur la table, comme la réforme fiscale.
Mais finalement, malgré l’absence de décisions sur un taux minimum, différentes banques ont continué à augmenter leurs taux d’épargne, ces dernières semaines. Elles continueront d’ailleurs sans doute à le faire, dans les semaines et les mois à venir – le taux de la BCE n’a pas encore atteint son sommet. Mais il reste à voir jusqu’où les taux des banques peuvent encore grimper.
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