La mort du commerce de détail !
La menace est désormais bien réelle aux États-Unis où Toys’R’Us est la dernière victime en date d’un tsunami technologique et générationnel qui fait déjà de 2017 une année pire que 2008 pour le commerce américain.
Vu de Belgique, le commerce de détail a plutôt le vent en poupe. Après Docks ou Rive Gauche, c’est en effet le centre commercial The Mint qui sera inauguré prochainement avant Uplace et/ou Mall of Europe (Heysel). Aux États-Unis, on s’interroge pourtant sur l’avenir des “dead malls”, les fermetures de centres commerciaux s’enchaînant à travers tout le pays. Business Insider a recensé 6403 fermetures de magasins sur les 8 premiers mois de 2017 aux États-unis. Garrick Brown, spécialiste de la distribution chez Cushman & Wakefield, prédit d’ores et déjà 9000 fermetures cette année et 13 000 l’an prochain. Cela fait suite notamment à la chute de plus de moitié de la fréquentation des centres commerciaux depuis 2010. À titre de comparaison les fermetures se sont “limitées” à 6163 en 2008 lorsque la crise a frappé l’économie américaine.
E-commerce et génération Y
La principale raison de ces fermetures est évidemment le développement du commerce en ligne estimé à 12,7% des ventes au détail en 2017 aux États-Unis et qui devrait continuer à croître pour atteindre 17% en 2022 selon Forrester alors que le e-commerce se développe au-delà de l’électronique. Ce n’est toutefois pas la seule cause, les préférences de consommation évoluant également sous l’influence de la génération Y, bien moins attirée par l’accumulation de vêtements ou les marques (grand public) que les babyboomers. Parmi les premières victimes du déclin du commerce de détail, on trouve ainsi de grands noms de la fin du 20e siècle. Toys’R’Us vient de déposer le bilan après avoir connu son apogée en 2001 avec l’ouverture d’un magasin de jouets géant de plus de 10 000 m2 sur Times Square à New-York. Sears, dont le succès des grands magasins l’avait propulsé un temps au rang de premier distributeur mondial, est également au bord de la faillite. Les enseignes de vêtements de marque comme Ralph Lauren ou McGregor multiplient les fermetures. Les chaînes de restaurants sont désertées par des consommateurs, préférant cuisiner, la facilité du fast food ou le goût du slow food.
Enseignes, emploi et Europe
Les analystes s’attendent à une poursuite de ces tendances, précipitant la chute des enseignes les plus fragiles, en raison de leur segment, de présence insuffisante en ligne ou de leurs importantes dettes, héritées souvent de rachats par LBO de firmes d’investissement. Les économistes redoutent pour leur part des pertes d’emplois alors Goldman Sachs estime que le commerce en ligne requiert 0,9 employé par millions $ de ventes contre 3,5 pour un commerce classique. Ces chiffres concernent les États-Unis mais l’Europe devrait suivre alors que le commerce en ligne compte quelques années de retard. Il représentait ainsi 8,6% des ventes au détail en 2016 en Europe occidentale.
Les immobilières en première ligne
Pour les investisseurs, il est également nécessaire de tenir compte des implications immobilières de l’évolution du commerce. Aux États-Unis, les sociétés immobilières commerciales ont ainsi vu leur cours plonger de plus de 30% depuis l’été 2016 alors que le vide locatif augmente et que les loyers sont sous pression. En Europe, l’impact demeure moindre, alors que la densité de surfaces commerciales est sensiblement inférieure, mais la construction demeure importante. Cushman & Wakefield estime que plus de 400 000 m2 de centres commerciaux sont développés chaque année en Europe.
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