“Le contre-coup du bon d’Etat: une bonne nouvelle pour le Trésor, une mauvaise nouvelle pour l’épargnant”

© Getty Images
Ilse De Witte Journaliste chez Trends Magazine

L’Agence fédérale de la dette a annoncé l’émission de bons d’Etat à cinq et huit ans en décembre. Cette décision a été en partie influencée par des jeux politiques.

L’épargnant belge qui espérait pouvoir encore profiter d’un bon d’Etat à un an sera déçu. Mis à part le CD&V, aucun parti politique n’a autorisé au ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V), de réitérer son coup d’éclat de “Saint patron de l’épargnant belge”, à quelques mois des élections.

Les bons d’Etat à cinq ou huit ans sont-ils intéressants ?   

Non. Les obligations d’Etat sur six mois ou un an rapportent plus que les échéances plus longues. En outre, seul un taux réduit de précompte mobilier (15%) a été promis pour les bons d’Etat d’une durée d’un an. Si les coupons étaient fixés aujourd’hui, les bons à cinq et huit ans rapporteraient probablement environ 2 % net. Il existe actuellement des comptes épargne qui ont une meilleure performance.  

La personne qui achète une obligation d’État belge sur le marché secondaire, arrivant à échéance en octobre 2024, bénéficie d’un rendement brut de 3,52 %, selon les cours du site web de l’Agence de la dette. Les épargnants paient 30 % de précompte mobilier sur le coupon de 0,5 %, mais ils ne paient pas d’impôt sur la différence entre le prix d’achat actuel (97,31 %) et le montant (100 %) qu’ils récupèrent à l’échéance. Qui désire se procurer une obligation d’un an peut donc toujours acheter sur le marché secondaire une obligation linéaire de l’État belge (OLO) d’une durée d’un an via son courtier. 

N’y aura-t-il plus jamais de bon d’Etat à un an ? 

Ne dites jamais “jamais”, mais nous estimons que les chances sont minces. L’instrument a été créé en septembre pour rivaliser avec les livrets d’épargne. Le taux avantageux de 15 % de précompte mobilier n’était de toute façon prévu que pour deux périodes d’émission : septembre et décembre. Une répétition du grand succès du bon d’Etat à un an de septembre pourrait poser des problèmes à certaines banques belges. 

Le 10 novembre, l’Autorité belge de la concurrence (BMA) a formulé des recommandations pour favoriser une concurrence accrue sans mettre en danger la stabilité du secteur bancaire. L’abolition de la prime de fidélité pour les comptes d’épargne est l’une des mesures proposées. Les épargnants n’ont droit à cette prime qu’après douze mois. Une autre piste est de permettre le transfert des numéros de compte IBAN d’une banque à une autre. Si les consommateurs peuvent conserver leur numéro de compte, tout comme leur numéro de téléphone portable lorsqu’ils changent de fournisseur, ils pourraient être plus enclins à changer de banque. De même, une interdiction fondamentale de la vente liée de produits ou services, qui lie les consommateurs à une banque lors de la souscription d’un crédit hypothécaire par exemple, pourrait favoriser la mobilité des épargnants. 

Il n’y a pas seulement un manque de concurrence entre les banques, mais il est également difficile de faire concurrence aux autres produits d’épargne et d’investissement par rapport au livret d’épargne. C’est pourquoi la BMA propose une extension de l’exonération fiscale, qui ne s’applique actuellement qu’aux intérêts d’un livret d’épargne d’un maximum de 980 euros. Si les épargnants peuvent inclure les revenus d’autres produits dans ce panier avec des avantages fiscaux, ils pourraient également être plus enclins à envisager des alternatives.” 

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