Le rêve des baisses des taux en juin s’envole aux Etats-Unis, mais pas en Europe
Aux Etats-Unis, les perspectives commencent à changer : les taux pourraient finalement baisser plus tard qu’au mois de juin. Mais en Europe, juin semble rester l’option privilégiée pour la première baisse. Ce parcours des taux différents ne serait pas sans risques.
Baisse des taux directeurs des Banques centrales (notamment la Fed et la BCE) dès le mois de juin ? Voilà un scénario que le marché financier imaginait encore ces derniers mois. Mais à l’approche de la date fatidique, la croyance est en train de basculer.
Aux Etats-Unis, des données publiées ce lundi montrent que la production de l’industrie manufacturière était en hausse en mars, une première un an et demi. Ce qui montre que l’économie est résiliente dans un climat de taux élevés, et qu’une baisse des taux pour soulager l’économie (car les hausses des taux la ralentissent en principe, ou peuvent la faire plonger en récession) n’est pas nécessaire. Et de l’autre côté, l’inflation s’obstine… et pour la freiner il faut des taux élevés.
L’espoir fond
Les taux d’intérêt des bons d’Etat américains, sur le marché obligataire, sont donc partis à la hausse ce lundi. Ce qui traduit que les investisseurs s’attendent à ce que les taux restent plus élevés.
Au niveau du Fed Watch Tool de CME, un outil qui reprend les estimations des analystes et économistes quant aux décisions de politique monétaire, la croyance d’une baisse des taux en juin perd aussi du terrain. 56% d’entre eux s’attendent à une baisse de 25 points de base en juin. Il y a une semaine, ils étaient encore près de 64%. 42% des experts s’attendent à ce que les taux restent au niveau actuel, contre moins de 30% il y a une semaine.
Pour la réunion de fin juillet, les espoirs commencent aussi à se calmer. La part d’experts s’attendant à ce que les taux restent au même niveau qu’aujourd’hui a aussi sensiblement augmenté, passant de 17% il y a une semaine à 27% ce lundi soir.
La Fed est la banque centrale la plus influente de la planète. Ses décisions ont un impact sur le dollar, et donc l’euro, mais aussi sur les différents marchés boursiers du monde.
Et la BCE ?
En Europe, il y avait aussi des attentes quant aux décisions de baisses des taux de la BCE, en juin. Et les choses restent inchangées pour l’instant. Jeudi dernier, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France (et donc membre votant de la BCE) a indiqué à lors d’un discours à l’Université Paris Dauphine qu’une baisse des taux, “modérée”, serait sur la table, pour le printemps. “Indépendamment de la trajectoire choisie par la Fed”, précise-t-il, cité par Reuters.
Il indique que la date, avril ou juin, ne serait pas d’une “importance existentielle.” Mais juin semble être la date la plus probable. Fin mars, Reuters a sondé une septantaine d’économistes et 90% d’entre eux s’attendent à une baisse en juin. Pour avril, ils indiquent unanimement que le taux devrait rester inchangé. Pour la BCE, il n’y a pas de “watch tool” comme pour la Fed, qui montre les estimations en direct et en accès libre, ainsi que leur évolution au fil du temps.
Villeroy précise encore qu’il ne faudrait cependant pas s’attendre à une baisse lors de toutes les prochaines réunions, mais que l’option serait en tout cas mise sur la table. Une fois que l’inflation est sous les 2%, de manière durable, des baisses plus importantes peuvent être envisagées.
Politiques différentes : des risques ?
Si ces deux schémas se concrétisent, la Fed et la BCE seraient sur des chemins de politiques monétaires différents. Ce qui n’est pas sans risque : le dollar en serait renforcé, et l’euro perdrait en valeur par rapport au billet vert. Ce qui rendrait les achats en dollars, comme le pétrole, plus cher pour les Européens.
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