Tubize est bien plus verte qu’on ne le pense

Pour sa visite de Tubize, notre journaliste Xavier Attout est accompagné du bourgmestre Michel Januth et d'Olivier Waleffe, patron de Duferco Wallonie.

Le chantier du renouveau, avec la réappropriation de la zone du canal et des Forges de Clabecq, est en bonne voie. Les habitants et investisseurs s’y pressent déjà. Les Confluents seront la touche finale d’une transformation locale entamée il y a 20 ans. On voit les projets s’y multiplier. L’appel d’air aspire tout le centre-ville. Changement de perception en vue.

Des pelleteuses en action un peu partout. Et des chantiers qui effacent enfin les stigmates de son passé industriel. Tubize est sur la voie de la réhabilitation immobilière, c’est indéniable. Il ne faut d’ailleurs pas se balader bien longtemps dans les rues de la cité du Betchard pour le constater. “Il y aura beaucoup d’inaugurations au programme dans les prochaines années, sourit le bourgmestre Michel Januth, à la tête de la commune depuis 2012. Mais je n’ai pas encore décidé si j’allais me représenter aux élections communales de 2024. Une autre personne que moi profitera donc peut-être de tout ce travail (sourire).”

En cette matinée ensoleillée de juillet, Michel Januth est d’humeur détendue. Il accueille Olivier Waleffe devant l’hôtel de ville. La bise est de rigueur avec le patron de Duferco Wallonie. Les deux hommes se connaissent bien. Plus de 10 ans qu’ils se côtoient régulièrement pour redessiner l’avenir de la plus importante friche de l’entité. Celle qui a creusé la tombe de Tubize. Mais celle aussi qui va aujourd’hui être la tête de pont de son renouveau et qui va marquer son entrée dans une nouvelle ère. Les premières constructions ont en effet débuté sur le site des Forges de Clabecq près de 25 ans après la faillite de l’activité sidérurgique. Et vu le rythme de vente des premiers appartements, le projet semble largement répondre aux attentes.

Le redressement tubizien est en marche. En témoigne la hausse de la population à laquelle on assiste ces dernières années.

Fabelta, la première marche

Première étape de ce road trip, Côté Senne (Fabelta), situé à 200 mètres de l’hôtel de ville. Le premier symbole de renouveau tubizien, inauguré il y a 10 ans déjà. Cette friche industrielle a été réhabilitée par Equilis. On y retrouve, sur trois hectares, 8.300 m2 de commerces et 253 appartements. Tout est vendu. “Ce quartier vit particulièrement bien, lance Michel Januth. Il démontre qu’il est possible de transformer notre territoire et de passer à autre chose. Une troisième phase est encore attendue d’ici peu ; elle concerne le volet économique.”

La stratégie locale de limiter le développement de la ville aux Sites à réaménager (SAR) commence à faire ses preuves. Elle laisse en tout cas certaines marges de manoeuvre vu les multiples réhabilitations à effectuer. “La plupart des anciens sites industriels ont été identifiés par des promoteurs qui ont développé ou vont développer des projets, reconnaît Olivier Waleffe. Il en reste toutefois encore quelques-uns. La proximité de Bruxelles et le foncier encore abordable séduisent les développeurs.”

Le redressement tubizien est en tout cas en marche. En témoigne la hausse de la population à laquelle on assiste ces dernières années: 5.000 habitants en huit ans, soit une hausse de 500 à 600 habitants par an. Et c’est loin d’être terminé quand on sait que plus de 1.000 unités de logements sont en cours de demande de permis au sein du service urbanisme de Tubize (Champ du Tordoir, 90 unités par Evillas ; Quartier des Confluents, 600 logements par DCI ; Site Mondi, 200 logements par Delzelle ; Vallons et Bocages, 200 logements par Modulart). “Ces nouveaux habitants possèdent des profils bien différents, analyse Michel Januth. Il s’agit soit de gens qui habitent Braine-l’Alleud, Waterloo ou Rixensart et qui souhaitent devenir propriétaires. Ce qui n’est pour eux pas possible dans ces communes vu les prix. Soit des gens du nord de Bruxelles qui souhaitent disposer d’un cadre plus verdoyant à des prix bien plus abordables. Notre projet de ville doit en tout cas être qualitatif pour pouvoir les attirer.”

Un élément qui permettra également de contribuer au redressement des finances communales. Sous baxter ces dernières années, la Ville pensait déjà sortir la tête de l’eau en 2024. “Avec la crise covid, ce sera plutôt en 2028”, regrette le bourgmestre.

Site Mondy. Après la transformation d'une ancienne halle en 55 lofts, Delzelle prévoit de construire cinq immeubles (236 appartements) pour finaliser la réaffectation des lieux.
Site Mondy. Après la transformation d’une ancienne halle en 55 lofts, Delzelle prévoit de construire cinq immeubles (236 appartements) pour finaliser la réaffectation des lieux.

Ne pas déconnecter le centre-ville

En quittant le site Fabelta et la rue de Nivelles, on passe par la rue de la Déportation pour rejoindre le site des Forges de Clabecq. A notre droite, le Passage Champagne qui vient de changer de propriétaire. Ce dernier – qui veut rester discret vu les négociations en cours – a l’intention de rénover entièrement le bâtiment pour qu’il retrouve une certaine attractivité commerciale. “Cette transaction (pour 1,5 million, Ndlr) symbolise tout à fait l’effet domino que nous souhaitons voir arriver dans la ville, espère Michel Januth. Les grands projets doivent être le moteur de la rénovation du bâti actuel. L’attractivité de Tubize ne doit pas se déplacer à Clabecq. C’est notamment pour cela que l’administration communale restera en centre-ville, de même qu’un nouveau bâtiment administratif sera construit sur le site Brenta. Ce propriétaire a bien compris l’évolution territoriale et démographique que nous allons connaître. Il s’agit d’un pari mais il a toutes les chances de réussir. Nous souhaitons avant tout créer une connexion entre le centre-ville et le quartier des Confluents. Il n’y a que 700 mètres entre les deux, cette distance ne peut pas être rédhibitoire. Une liaison cyclable sera créée entre les deux. Un téléphérique a même été imaginé pour rejoindre les deux sites mais nous avons abandonné l’idée pour le moment.”

Un peu plus loin, en contre-bas, nous voilà devant le passage à niveau de la rue de la Déportation. Le véritable point noir de la mobilité locale, qui coupe la cité en deux. Le passage à niveau va être supprimé pour être remplacé par un nouveau pont construit 100 mètres plus loin. “Un boulevard urbain va être aménagé à la place du passage à niveau, précise Olivier Waleffe, qui pilote le projet. Nous le souhaitions depuis longtemps, tous les feux sont dorénavant au vert. Le permis est obtenu. Le chantier devrait se clôturer au premier semestre 2024. Cela va changer considérablement la mobilité.”

Avant de plonger sur le site des anciennes Forges de Clabecq, nous poursuivons notre route le long des voies de chemin de fer pour rejoindre le quartier des Coteaux. 233 logements, dont 34 maisons, ont été construits par Delzelle, l’un des acteurs immobiliers incontournables de la région. En regardant cet ensemble d’immeubles à appartements plutôt réussi (bureau d’architecte Pissart), ce qui frappe avant tout, c’est le cadre verdoyant et la vue sur un vallon rempli de végétation. “Dans le master plan du site des Forges, 25 hectares sont dédiés aux espaces paysagers, précise Olivier Waleffe. Avec une telle vue, il est difficile de croire que nous sommes sur un ancien site industriel. Un projet de 67 maisons développé par Modulart sera construit un peu plus loin, sur les prairies adjacentes.” Les constructions Modulart ne seront toutefois pas lancées avant 2025 étant donné que le permis d’urbanisation ne sera introduit que d’ici la fin de l’année. “Participer à ce renouveau des Forges de Clabecq est formidable, confie Ghislain de Changy, l’administrateur délégué que nous croisons par hasard lors de notre balade. Notre projet contribuera à diversifier le bâti.”

Tubize est bien plus verte qu'on ne le pense

Tous les regards vers les Confluents

Direction ensuite vers le projet immobilier des Confluents. Un dossier piloté pendant plus de 20 ans par Duferco qui a suivi de près les multiples procédures urbanistiques et citoyennes. Avant de baliser, en collaboration avec la Ville, un projet mixte qui doit répondre aux défis de demain pour Tubize. Le coeur du projet (le centre commercial et le volet résidentiel de près de 1.300 logements) a été revendu à Samfi-Invest et sera développé par les Monégasques de DCI. A eux de faire atterrir un dossier qui pèse 160 millions d’euros. “Les constructions ont commencé, regarde au loin Olivier Waleffe. Le chantier est déjà impressionnant. Les demandes de candidats acquéreurs sont nombreuses. Bien plus que ce à quoi le développeur pouvait s’attendre. La première phase devrait être bouclée en septembre 2023.” Elle comprendra le fameux outlet mall de même que 671 appartements. Avec une architecture qui tranche avec ce qui est habituellement construit dans la région. Un pôle économique doit encore être développé par inBW. Il comprendra des entreprises qui peuvent s’intégrer dans le tissu urbain. “La mobilité sera un axe fort du projet, explique Michel Januth. Le site a été restructuré pour favoriser les modes doux. Il y aura de multiples pistes cyclables, en site propre. Elles s’intégreront dans le futur ring cyclable qui permettra de contourner toute la ville à vélo et en sécurité.” Le développement des Confluents se fera de manière progressive, histoire de ne pas asphyxier le marché en matière de logements. D’autant que ces hausses de population devront être accompagnées de nouveaux équipements. Une école fondamentale et une école provinciale seront notamment construites sur le site.

Direction ensuite l’Espace Mondy, une superbe transformation d’une ancienne halle en 55 lofts (par Thierry Demoulin). Une seconde phase (par Delzelle) est prévue d’ici peu avec cinq immeubles à appartements (236 unités). Elle comprendra également une maison de repos de 107 lits. “Cela démontre qu’il est possible de réaliser de bien belles choses en rénovant le bâti ancien, explique Michel Januth. Ici, c’est réalisé à grande échelle. Mais toutes les habitations devront également être rénovées. Ce sera un immense défi.”

Avant de clôturer ce petit tour, petit crochet par le Champ du Tordoir, le long de la chaussée de Mons, à la sortie de Tubize. Un quartier résidentiel de maisons réalisé par Evillas. L’ensemble, plutôt hétéroclite, prend forme. “A l’extérieur du centre-ville, on observe une offre immobilière différente, lance Michel Januth. Dans notre projet de ville, c’est important d’avoir cette diversité. Cela doit nous permettre d’attirer des familles. De manière à renouveler notre population.”

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