Ostende: quand les habitants d’appartements de luxe parviennent à éteindre le phare
Oosteroever, l’ancien quartier industriel d’Ostende située en bord de mer, s’est développé en une nouvelle zone urbaine composée de tours proposant environ 1.200 logements et de nouveaux commerces. Ces derniers jours, ce quartier a aussi servi de cadre à une bataille insolite.
Séparée du centre d’Ostende par l’embouchure du port, mais accessible par une navette portuaire gratuite depuis la minque d’Ostende, la zone d’Oosteroever (Rive Est) est longtemps restée une pépite un peu cachée, bien que fréquentée pour ses dunes, ses plages ou encore son Fort Napoléon. Aujourd’hui, elle est en train de devenir une nouvelle zone urbaine avec de hauts immeubles qui changent déjà les contours de la ligne d’horizon de la ville.
Lorsqu’on pénètre sur le Hendrik Baelskaai depuis les terres, on ne découvre cependant pas tout de suite ce quartier en devenir. C’est seulement après avoir parcouru quelques dizaines de mètres jalonnés d’entrepôts et de petits bâtiments que l’on voit se dresser les premières tours modernes au bord de l’eau. C’est tout simplement l’un des projets les plus importants au sein de la ville, tant en termes de superficie que d’impact.
Rajouter une nouvelle partie à la ville
Sur ce site idéalement situé en bordure du bassin des pêcheurs, tout était à construire. Kurt Claeys, , échevin chargé notamment du Logement et de l’Aménagement du territoire à Ostende, nous explique que l’endroit était autrefois affecté à des activités industrielles et maritimes, puis les modifications apportées au plan régional au début des années 2000 ont requalifié les lieux en “zone de développement urbain”. La zone sera par la suite divisée en deux projets et promoteurs: Baelskaai développé par Burco Coast sur la parcelle allant de Liefkemorestraat à Fortstraat, et Oosteroever construit par Versluys Groep sur la partie du site la plus au nord, au bout du Hendrik Baelskaai.
À terme, Oosteroever devrait accueillir environ 1.200, répondant ainsi à une partie des besoins en habitations modernes et de qualité alors que la ville compte encore de nombreux bâtiments anciens moins qualitatifs. Le projet contribuera aussi plus largement au développement urbain d’Ostende. “Ici, on va pouvoir véritablement créer une nouvelle partie de la ville avec des constructions plus élevées que dans le centre où l’on ne souhaite pas monter dans les étages, précise Kurt Claeys.
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Depuis la construction des premiers bâtiments en 2015, les deux promoteurs en charge du projet n’ont pas chômé et une dizaine de constructions sont déjà terminées sur un total d’une vingtaine. Et l’élément le plus frappant, c’est que si ces immeubles sont tous contemporains, aucun n’est identique aux autres en termes de hauteur, de matériaux ou encore d’architecture globale. Il y a aussi des logements pour tous les budgets. À ceci près que certains immeubles du nouveau quartier d’Oosteroever sont clairement des produits immobiliers exclusifs et de luxe, qui hébergent notamment des penthouses dont les tarifs atteignent ou dépassent parfois les 2 millions d’euros. Il est vrai que les vues sont spectaculaires. Que ce soit sur la mer ou la ville, puisqu’on peut notamment apercevoir Bruges ou encore le port de Zeebrugge.
Éteindre la lumière dans la nuit
Ce sont ces mêmes logements qui vont déclencher une polémique en Flandre cette semaine. Pas à cause d’un luxe tapageur, mais bien suite à quelques soucis d’inconfort. Il se trouve que les habitants des nouveaux immeubles d’appartements du quartier ne veulent plus que la lumière du phare historique d’Ostende, la fameuse “lange Nelle” (la longue Nelle), brille dans leurs chambres, car cela les empêche de dormir. Ils ont dû être très persuasifs puisque le phare ne pourra plus projeter sa lumière que sur la mer. À la demande du promoteur du projet immobilier, la lumière du phare sera, au moins pour un temps, partiellement occultée par un cache pour ne plus briller que vers la mer.
Mais voilà, en cherchant à préserver leur sommeil, les habitants de ses bâtiments de “luxe” se sont attaqués à un symbole de la ville portuaire. La levée de boucliers est telle que ce qui aurait pu se cantonner à du rififi local va occuper la une de la presse nationale.
L’agence des services maritimes et de la côte se défend en arguant qu’il ne s’agit là que d’un test temporaire. Le bourgmestre qui s’était tenu à l’écart y va de son petit commentaire et enfin ce matin l’affaire est même remontée jusqu’au ministre de tutelle, le ministre flamand du Patrimoine Matthias Diependaele (N-VA). Celui vient de trancher. Il va faire enlever le film installé pour obstruer la lumière dès que possible. “Les réactions montrent que l’impact de l’intervention est trop important pour les habitants d’Ostende”, a-t-il déclaré à la VRT. S’il comprend que ceux qui ont emménagé dans le quartier trouvent la lumière dérangeante, il fait remarquer “que le phare était déjà là lorsqu’ils ont acheté l’appartement”.
Le phare pourra donc continuer à illuminer les nuits de tous les Ostendais, même ceux qui n’en voulaient pas chez eux.
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