George, le “blind-test” musical, nouveau phénomène de société

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Quentin Pirlot a trouvé le moyen de formaliser le “blind-test” musical, déjà abondamment pratiqué mais de façon désordonnée par un public très large. En quelques semaines, George s’est imposé tant comme un jeu que comme un phénomène de société.

Il y a une bonne vingtaine d’années, Quentin Pirlot, figure bien connue de l’événementiel bruxellois, avait imaginé et testé une version musicale du Trivial Pursuit. Face à la difficulté techno­logique, il avait renoncé. Cette idée, il l’a remise au goût du jour en 2021.

“Je me suis rendu compte qu’aucune société ne s’était lancée dans la gamification du blind-test musical, dit-il. Je me suis alors penché sur le développement d’un concept. Parallèlement, nous avons conduit une étude de marché en France sur 900 personnes âgées de 25 à 55 ans. Les résultats étaient stupéfiants : 70 % des personnes interrogées jouaient au moins deux fois par an à un blind-test musical. Parmi eux, 80 % utilisaient soit YouTube, soit Spotify comme solution musicale.”

Deux versions

Il lui faudra deux années et deux versions pour aboutir à George tel qu’on le connaît aujourd’hui. Deux années et près de 700.000 euros d’investissement : 117.000 sur fonds propres, 149.000 via finance.brussels et 416.000 auprès des family, friends & fools.

George allie une boîte de jeu et une appli à télécharger qui définit le mode de jeu (il y en a trois) et gère la sélection musicale de 5.000 titres avec des playlists prédéfinies mais pas obligatoires. L’achat de la boîte (24,99 euros) offre trois mois d’abonnement gratuit sur l’appli. Par la suite, chaque mois est facturé 2,99 euros sans engagement de durée.

Lancée au début décembre, la version 2 fait un tabac : 2.700 boîtes ont été achetées par les magasins de jeu, 1.430 ont été vendues en ligne, 890 abonnements ont été pris seuls sur l’appli. Entre Noël et Nouvel An, 550.000 titres ont été joués par 3.650 abonnés différents. En quelques semaines, le jeu est devenu un véritable phénomène de société.

“George s’est clairement positionné comme un jeu de société, indique Quentin Pirlot. En d’autres termes, il est essentiel d’être présent dans les magasins physiques. C’est le cas en Belgique. J’ai vendu, cet hiver, 20 % de mes boîtes en France via l’e-commerce. Pour s’y développer, et la base de données musicale ne diffère que de 3 %, j’ai donc besoin d’un distributeur français. Idéalement, ce serait bien d’avoir un gros distributeur paneuropéen mais ces sociétés-là ne pren­nent pas de risques. Elles ne découvrent pas mais font exploser un jeu qui a déjà son petit succès. Il faut donc d’abord commencer par un distributeur français indépendant.”

L’appli et la boîte sont facilement adaptables à d’autres langues et marchés. A titre d’exemple, pour se lancer en Flandre, George devrait rajou­ter 1.000 titres à sa base de données pour répondre au marché.

Par ailleurs, le jeu fait l’objet, dans l’industrie musicale, d’un droit d’auteur particulier dont ne dispose pas Spotify par exem­ple. George paie donc les artistes joués via un contrat spécial signé avec la Sabam et, en France, la Sacem. Les droits portent sur 30 secon­des d’un morceau (intro et partie du refrain). Signalons, enfin, que si vous avez abondamment entendu la pub de George sur les ondes de la RTBF, c’est en raison d’un deal appelé media for equity conclu avec sa régie, la RMB. Moyennant 30.000 euros en cash et 70.000 en equity (une partie de la société donc), Quentin Pirlot a reçu un budget pub de 400.000 euros. Une démar­­che intéressante pour les start-up qui veulent se faire connaître.

682.000 euros – La somme levée et investie à ce jour dans George.

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