Droit à la déconnexion, un an après : “l’équilibre vie professionnelle et vie privée est bon”
Un an après l’introduction du droit à la déconnexion, Acerta fait le point sur la situation. Plus de sept travailleurs sur dix se disent satisfaits de l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée.
Plus d’appels ou de mails de votre chef après les heures de travail: le droit à la déconnexion est entré en vigueur il y a pile un an en Belgique. Quels sont les enseignements que les entreprises tirent de cette loi ?
“Près de la moitié des entreprises belges (48%, NDLR) disposent déjà d’une politique claire en la matière”, indique un rapport d’Acerta, prestataire de services RH, qui s’est penché sur le sujet.
Mais il reste du pain sur la planche : “Toutes les entreprises ne sont pas tenues de disposer d’un cadre d’accords : les petites PME (qui comptent moins de 20 travailleurs) ne sont pas concernées par cette obligation. De nombreuses entreprises doivent toutefois encore établir des accords en matière de déconnexion pour leurs télétravailleurs : 45 % des entreprises admettent qu’elles devraient faire et qu’elles feront encore plus d’efforts pour que le télétravail fasse l’objet d’accords clairs”, poursuit Acerta.
Clarification bienvenue
Pourquoi ce droit à la déconnexion ? Il répond en fait à une réalité du terrain. Avant la pandémie, on quittait le bureau, on rentrait chez soi et basta così (en grossissant quelque peu le trait). Mais avec la pandémie, le télétravail a débarqué dans la vie de nombreuses personnes et il avait des allures de disponibilité incessante des travailleurs, rappelle Laura Couchard, experte juridique chez Acerta Consult et professeure de droit du travail à la KU Leuven.
“Au cours des quatre années qui se sont écoulées depuis le premier confinement dû au coronavirus, nous avons également été confrontés aux difficultés spécifiques à ce système. En supprimant la barrière physique entre le travail et la maison, les travailleurs risquent en effet de ne plus savoir clairement où se situent les limites entre les deux et comment les respecter. C’est ainsi qu’est né le ‘droit à la déconnexion’, qui exige la conclusion d’accords clairs sur l’accessibilité en dehors des heures de travail”, explique-t-elle dans le rapport.
Équilibre vie professionnelle et vie privée
La plus grande thématique qui sous-tend la question du droit à la déconnexion est l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée. Et le droit à la déconnexion semble y jouer un rôle, selon Acerta : “Avec l’introduction du droit à la déconnexion, la plupart des travailleurs considèrent actuellement que leur équilibre entre vie professionnelle et vie privée est bon. La note moyenne est d’environ 7,2 sur 10.”
Dans les petites structures aussi (cinq à neufs employés). Malgré l’absence d’obligation de mettre en place un droit à la déconnexion, l’équilibre est jugé bon. Plus élevé que la moyenne, même : 7,6 sur 10. Autre moyenne plus élevée constatée : chez les travailleurs plus âgés (55+). “Ils se montrent eux aussi légèrement plus positifs que leurs collègues plus jeunes, puisqu’ils attribuent la note de 7,5 sur 10”, selon Acerta.
Quelles mesures ?
Comment les entreprises incorporent-elles cet équilibre ? Pour 60% des entreprises, la réponse est la mise en place d’horaires flottants. 58% d’entre elles indiquent également le télétravail comme solution. Les jours de congés extra-légaux sont aussi envisagés par plus de la moitié des entreprises. Plus d’une sur trois choisit également une “formule de travail adaptée à la situation (familiale) spécifique” des travailleurs.
Pour conclure, Laura Couchard adresse quelques suggestions aux employeurs : “Les meilleures mesures à prendre pour assurer un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée à vos travailleurs sont fondées sur la flexibilité, qu’il s’agisse des horaires de travail, du lieu ou des congés. Il ne s’agit pas tant de donner plus, mais de laisser le choix aux travailleurs d’opter pour la solution qui leur correspond le mieux. En vous éloignant des solutions uniques, vous découvrirez un monde de possibilités. Mettre en place une forme de travail qui convient à la fois à l’employeur et au travailleur permet d’ailleurs d’installer une collaboration durable.”
Des carrières “durables” : voilà aussi le mot d’ordre pour retenir les meilleurs éléments, dans un contexte de guerre des talents, notait l’experte dans une précédente étude.
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