L’incroyable rêve américain de Sébastien de Halleux, entrepreneur belge à succès

Sébastien de Halleux
Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Une IPO, une vente à 400 millions de dollars, un pionnier de la surveillance océanique et un investissement de Lionel Messi… En 20 ans, Sébastien de Halleux s’est fait une place de choix dans la Silicon Valley. Tout ce que touche ce jeune millionnaire semble se transformer en or et son parcours, pavé d’audace, d’ambition et de labeur, impressionne autant qu’il fait rêver. Retour sur l’étonnant itinéraire d’un enfant… déterminé.

S’il fallait trouver un point commun entre le jeu vidéo, la cartographie océanique par drones marins et Lionel Messi, il y aurait sans doute un peu de belgitude. Il y aurait surtout beaucoup de Sébastien de Halleux. Ce serial entrepreneur belge de la tech (46 ans) cartonne en dehors de nos frontières depuis plus de 20 ans avec des projets que d’aucuns qualifieraient de totalement fous. Pourtant, son parcours se caractérise par plusieurs énormes réussites: une IPO (introduction en Bourse) à New York, la vente d’une de ses start-up de jeu vidéo pour 400 millions de dollars à Electronic Arts, l’un des acteurs majeurs du secteur, ou encore le lancement de drones marins avec des contrats pour plusieurs milliards de dollars… Son dernier “coup” ? Participer au lancement de Matchday, une nouvelle entreprise qui compte Lionel Messi comme investisseur, avec pour ambition de lancer un jeu vidéo de foot d’un genre totalement nouveau, capable de séduire 5 milliards de joueurs à travers le monde. Ambitieux.

Mais de l’ambition, Sébastien de Halleux n’en manque pas. C’est même plus que probablement l’un de ses principaux traits de caractère aujourd’hui. “Il faut être capable de refuser des contrats à plusieurs millions de dollars si l’objectif ultime est de viser bien plus grand, tout comme il n’y a pas vraiment de raison de lancer un petit business en Belgique, espérer conquérir le Benelux, puis l’Europe avant le monde… si vous pouvez directement viser une start-up globale”, expliquait-il lors d’une table ronde de la Trends Winter University à une vingtaine d’entrepreneurs de haut vol. Et si aujourd’hui, après avoir lancé plusieurs entreprises à succès, l’ambition peut sembler plus “facile” à afficher, ce trait de caractère anime l’entrepreneur depuis sa première entreprise, Macrospace, lancée en 2003 et entrée en Bourse à New York en 2007 après avoir fusionné et changé de nom en Glu Mobile.

A l’origine ? Une vision, une envie. “Lors­que j’étais à l’université, au Royaume-Uni au début des années 2000, commençaient à émerger les sonneries personnalisées pour téléphones mobiles, les ringtones. Au même moment, Sun Microsystems lançait Java et, avec des amis, nous avons imaginé adapter cela à des jeux sur mobile. Après des premiers tests, on a eu l’idée de créer une sorte d’App Store avant l’heure.” Et les camarades d’y croire dur comme fer et se mettre en tête d’aller frapper à la porte des opérateurs téléphoniques et leur présenter leur vision. “On leur vendait l’idée que le jeu constituait le futur du mobile et que la voix, elle, deviendrait gratuite, se souvient amusé Sébastien de Halleux depuis sa maison de San Francisco. On nous riait souvent au nez, nous les petits jeunes sortis de nulle part.” Pareil chez Sun Microsystems où le quatuor d’amis est invité à faire une démonstration de leur projet. “Le langage Java est sérieux et destiné au business. Pas question d’en faire des jeux”, nous a-t-on rétorqué.

Persévérance et culot

Pas de quoi décourager Sébastien et ses amis qui multiplient ensuite les dépla­cements à la rencontre des opérateurs un peu partout dans le monde. Avec ambition mais aussi avec une belle dose de culot. “Même si nous n’avions séduit aucun venture capitalist et n’avions donc pas d’argent, nous prenions des rendez-­vous pour proposer notre idée. On ne disait pas qui on était et on inventait des séjours locaux pour fixer des dates de réunion qui nous arrangeaient avant de prendre l’avion.” Et l’entrepreneur ne se limitait pas à l’Europe: les Etats-Unis et l’Asie figuraient aussi sur son terrain de jeu. L’équipe est allée frapper aux portes d’opérateurs dans pas moins de 80 pays ! D’ailleurs, après Swisscom, le premier à croire dans la proposition de boutique sur GSM a été un opérateur malaisien…

Le constat que peu de jeux étaient disponibles sur mobile pousse cependant Sébastien et ses associés à “pivoter” et à développer eux-mêmes des jeux. A l’ambition et au culot du jeune entrepreneur s’ajoute alors la débrouille… “Au début, pour pouvoir tester nos premiers jeux sur différents formats de GSM américains et sur les réseaux des opérateurs, nous allions aux Etats-Unis dans des boutiques Verizon et ATT à Atlanta, la ville la moins chère à rallier en avion depuis l’Europe, se souvient Sébastien de Halleux. Là, on téléchargeait nos jeux…”

“Il faut être capable de refuser des contrats à plusieurs millions de dollars si l’objectif ultime est de viser bien plus grand.”

Une fusion et une IPO à succès

Rapidement, MacroSpace devient un pionnier qui compte en Europe, même si le marché est balbutiant. Par contre, le marché américain reste difficile à pénétrer depuis ce côté de l’Atlantique. La seule option est donc de s’associer à une entreprise “locale”. Ce sera fait quelque temps avant une IPO à la Bourse de New York, en 2007, permettant à la nouvelle entité, Glu Mobile, de lever 84 millions de dollars. Mais si l’opération est une réussite financière pour l’entrepreneur belge et ses associés dans MacroSpace, elle n’était pas totalement life-changing et, surtout, il restait dans la bouche de Sébastien de Halleux un goût de trop peu malgré le titre de numéro 2 du marché du jeu mobile. “On était un peu frustrés à la sortie de Glu Mobile, reconnaît-t-il. Nous avions connu du succès mais pas autant qu’on aurait pu l’espérer. On ne captait toujours qu’une petite fraction du marché des utilisateurs de téléphones portables.” Et de lister freins et erreurs commises: arrivée tardive aux Etats-Unis, lourdeurs technologiques, recrutements pas toujours réussis, etc.

Aussi, lorsqu’en 2007, après un bref passage chez Nokia où il est amené à développer une régie publicitaire, Sébastien et ses mêmes associés (Kristian Segerstrale, Sami Lababidi et Shukri Shammas) décident de se relancer. Ils ont la ferme intention de voir plus grand. Ils analysent pas mal d’idées et de pistes pour lancer un nouveau business. Une période qui plaît à l’entre­preneur belge pour qui observer et imaginer n’a rien d’anodin. “Imaginer est véritablement mon mot préféré, insiste-t-il. Parce que tout naît de l’imagination. Je ne crois pas que l’on crée une entreprise. En fait, on ne crée rien : on démarre de ce qui a déjà été créé et, avec de l’imagination et les outils à disposition, on trouve les opportunités. Il faut ouvrir ses yeux et être vraiment attentif aux évolutions.”

Comprendre la nouvelle vague

Et à cette période, le monde de la tech bouge énormément. Le groupe d’entrepreneurs voit arriver les réseaux sociaux (MySpace, Netlog, Facebook ou Mixi au Japon)… et le premier téléphone d’Apple. Des outils qui leur permettront de toucher très largement le public qu’ils n’ont pas totalement atteint avec leur précédente aventure. En investissant ensemble 3 millions d’euros, ils lancent alors Playfish, une entreprise visionnaire de jeux mobiles au travers des réseaux sociaux. Leur pari ? Miser sur le côté viral en permettant aux utilisateurs d’affronter leurs amis via lesdits réseaux. Malins, ils lancent Who has the biggest brain ? poussant les internautes à se challenger les uns et les autres. Le succès grandissant de Facebook les aide aussi. Si en décembre 2008, leur jeu touche 100 amis, ils sont 100.000 dès janvier… Puis un million en février. La thèse fonctionne. Playfish cartonne et recrute pas moins de 300 personnes en 24 mois au travers des trois studios que les fondateurs ont créés dès le premier jour.

Playfish: la firme était devenue “LE” phénomène du jeu mobile.

“Nous voulions nous assurer de recruter les bons talents et avons donc monté, dès le premier jour, des structures assez indépendantes en Europe, aux Etats-Unis et en Chine.” Les choses s’embal­lent et le fonds Accel veut investir 1 million d’euros. Mais les fondateurs de Playfish refusent une première fois. Quelques mois plus tard, en octobre 2008, ils acceptent l’investissement d’Accel et d’Index, deux des fonds les plus en vue. Au total? 17 millions de dollars alors que la start-up n’a que quelques mois. Le succès des jeux est largement au rendez-vous puisque, rapidement, Playfish parvient à séduire jusqu’à 300 millions de joueurs cumulatifs (60 millions actifs mensuels). La firme devient “LE” phénomène du jeu mobile et commence à recevoir des offres de rachat, même pas deux ans après sa création. Il faut dire qu’en plus de rencontrer un succès d’audience, la start-up génère aussi de l’argent en vendant des objets virtuels sous forme de micro-­transactions au sein des jeux.

“Je ne crois pas que l’on crée une entreprise. On démarre de ce qui a déjà été créé et, avec de l’imagination et les outils à disposition, on trouve les opportunités.”

Même si les investisseurs leur enjoi­gnent de ne pas vendre la société, les fondateurs de Playfish cèdent leur bébé à Electronic Arts, l’un des géants du secteur, pour la modi­que somme de 400 millions de dollars, dont 375 millions en cash. L’année d’après, Disney rachète Playdom, un concurrent pour 763 millions et Zynga qui avait lancé FarmVille lève 1 milliard en Bourse. “Les investisseurs ont eu raison, admet Sébastien de Halleux. Nous aurions pu attendre et vendre bien plus cher. Sans doute deux fois plus. Mais nous n’avons pas eu de regrets car Electronic Arts, où je suis resté après la vente, était la meilleure option pour toutes les équipes de Playfish qui ont pu obtenir de belles fonctions là-bas.”

Un business novateur de la data océanique

Le jeune multimillionnaire n’a alors que 32 ans et ne compte pas prendre sa retraite. Comme beaucoup d’entrepreneurs qui réalisent une belle vente, il se lance dans l’investissement. Il le fait au travers d’un nouveau fonds, Graph Ventures. Une manière d’investir, de soutenir des projets entrepreneuriaux qui le motivent et de rester en contact avec la tech. Passionné par la voile, ce vainqueur de la Pacific Cup de 2012 organise pas mal de sessions de pitchs avec des entrepreneurs sur son bateau. “Je me suis rendu compte que sur l’eau, j’étais vraiment fondamentalement heureux et j’imaginais développer un business autour de l’océan”, se souvient Sébastien que l’on met alors en contact avec Richard Jenkins.

Ce recordman de vitesse avec un engin à vent sur la terre ferme s’affaire, avec l’aide financière de la fondation de Wendy et Eric Schmidt (ancien patron de Google), à développer un drone marin. Son objectif ? Battre un nouveau record avec le premier bateau sans pilote. Le défi intéresse Sébastien de Halleux qui veut toutefois aller plus loin avec ce drone d’un nouveau genre. Comme il aime le faire, l’entrepreneur belge analyse la situation avec un nouveau regard, voyant dans la combinaison de différents outils de nouvelles sour­ces d’opportunités. Le record de vitesse d’un drone ne le passionne pas assez: il décèle des opportunités business. Mais pas tant avec l’engin qu’avec… les données qu’il pourrait récolter.

Sébastien de Halleux imagine, en effet, lancer un business de data. Ce type d’engin, bardé de capteurs, peut en effet collecter d’innombra­bles informations et fournir des services dans le domaine maritime, en ce compris la surveillance, la cartographie des océans, l’observation du climat, etc. “Cela n’a aucun sens, m’avait d’abord lancé Richard Jenkins, étonné que je veuille vendre de la data et pas des robots, avant d’être finalement convaincu par mon approche”, se souvient, un brin amusé, l’entrepreneur belge qui s’est engagé dans Saildrone contre une part au capital de la société. Les possibilités ont, de fait, rapidement séduit le champion-entrepreneur: les drones marins allaient pouvoir donner des indicateurs sur la météo, la population océanique, l’évolution du niveau d’acidité des eaux et donc mieux comprendre les océans et… le changement climatique.

Saildrone compte aujourd’hui “des centaines” de drones répartis dans les océans et a été la première à filmer un ouragan de catégorie 4 depuis son cœur.

Aujourd’hui, après avoir levé plus de 200 millions de dollars, Saildrone est devenue une entreprise de plusieurs centaines de personnes qui est parvenue à nouer des contrats avec plusieurs dizai­nes de gouvernements dont celui des Etats-Unis, avec la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), la Nasa, la marine et une flopée d’instituts de recherche à travers le monde. La firme compte aujourd’hui “des centaines” de drones répartis dans les océans et a été la première à filmer un ouragan de catégorie 4 depuis son cœur, mesurant des vagues de plus de 14 m et des vents de 170 km/h. “Saildrone est une boîte incroyable qui n’arrête pas de croître et qui, aujourd’hui, génère un chiffre d’affaires important, travaille avec la plupart des grands acteurs de l’environnement et de la recherche, enchaîne Sébastien de Halleux. C’est une entreprise qui ne peut plus échouer et qui a 10 ans d’avance sur la qualité des données récoltées dans des espaces complexes.”

“Saildrone, c’est une entreprise qui ne peut plus échouer et qui a 10 ans d’avance sur la qualité des données récoltées dans des espaces complexes.”

Moins passionné par l’exécution

Depuis peu, toutefois, l’entrepreneur s’est retiré de l’opérationnel de Saildrone, tout en restant l’un de ses actionnaires importants. Réflexion classique d’un serial entrepreneur. “Je suis conscient de mes propres limites, explique-t-il, et je sais qu’il y a des gens plus qualifiés que moi pour prendre le relais quand on arrive dans des structures qui dépassent 150 personnes et où le risque n’est plus sur la construction de l’entreprise mais sur l’exécution. Mes compétences, je les vois bien plus au début quand il faut ima­giner le projet, le lancer, déter­miner les personnes clés, l’ADN et la culture de la start-up…” L’homme admet qu’en tant que passionné de technologies sus­ceptibles de faire bouger les lignes, il avait aussi moins de challenges dans la phase actuelle de Saildrone. Au début de l’aventure, il avait notamment pu implémenter le machine learning dans la start-up pour classifier les images récoltées par les drones en mer. Mais aujourd’hui, la firme est sur les rails et il s’agit plus d’exécution et d’évolution que de lancement à partir de rien.

Très fier de ce projet, Sébastien de Halleux en reste proche. Mais il a beaucoup d’autres idées. Et des tas de sollicitations, notamment d’investissements. Toujours impliqué dans le fonds Graph Ventures qu’il a cofondé et qui a investi dans pas loin de 300 projets, le multi-entrepreneur belge est un temps appelé pour apporter son expertise chez Capricorn, l’un des plus gros fonds avec 9 milliards de dollars sous gestion, présent chez Tesla ou SpaceX, entre autres. Sébastien de Halleux est confronté à énormément de projets, d’envies entrepreneuriales et cela lui plaît. Il a des coups de cœur, notamment Regent Craft, une entreprise américaine qui veut révolutionner les transports en avion entre villes portuaires en s’inspirant des pélicans, ou Clearspace, une entreprise suisse qui s’attaque aux problèmes des débris de satellites dans l’espace orbital…

“Mes compétences, je les vois bien plus au début quand il faut imaginer le projet, le lancer, déterminer les personnes clé, l’ADN et la culture de la start-up…”

Lionel Messi comme investisseur

Mais on ne se refait pas et le serial founder a des envies de relancer un business. De remettre les mains dans le cambouis. Même après avoir initié trois belles boîtes à succès, l’entrepreneuriat reste pour lui une priorité. Il a cela dans le sang, dans la tête. Les idées lui viennent et il ressent le besoin de les explorer, d’y voir les opportunités, de chercher des connexions à faire pour changer son environnement. “Après Saildrone, je tenais à relancer un projet avec une forte valeur sociétale, à l’image des drones marins.” Mais cela, c’était avant une proposition étonnante. Un jour, de jeunes entrepreneurs américains viennent trouver Sébastien en lui proposant de rejoindre Matchday, un projet en pleine gestation qui a d’ores et déjà le soutien d’un certain… Lionel Messi, le célèbre joueur de foot argentin. Matchday, c’est… du jeu vidéo. Du foot, bien sûr. Mais un jeu d’un nouveau genre basé sur les nouveautés technos liées au web 3, dont la blockchain, et à l’intelligence artificielle. Un jeu qui “doit permettre de connecter 5 milliards de fans de foot à travers le monde, sur la même plateforme, s’enthousiasme l’entrepreneur belge. Je ne pensais pas revenir au jeu, et je ne suis pas un assidu de foot à la base, mais l’usage des nouvelles technologies dans cet univers et le côté rassembleur m’ont totalement convaincu”.

C’est au travers de la possibilité de créer des équipes, d’avoir des car­tes digitales et de jouer ensemble sur la plateforme que Matchday veut séduire les fans de foot du monde entier. Elle est d’ores et déjà parvenue à séduire pas mal de monde. Du côté des investisseurs, 30 millions de dollars ont été levés, notamment auprès de Play Time, le fonds de Messi. Du côté des instances officielles de foot aussi, il y a eu du répondant : la Fifa et la FIFPRO ont donné leur accord pour utiliser l’image des grands noms du foot. Quant aux gamers, un premier test (très early) a été réalisé en 2022 dans le cadre de la Coupe du Monde au Qatar, et un autre en 2023 pour la Coupe du Monde féminine en Nouvelle-Zélande. Ensemble, ces tests ont déjà généré 2 millions d’inscriptions.

Matchday: les premiers tests réalisés en 2022 lors de la Coupe du Monde au Qatar, et puis en 2023 pour la Coupe du Monde féminine en Nouvelle-­Zélande ont déjà généré 2 millions d’inscriptions.

“Depuis un an et demi, on bosse dessus d’arrache-pied, commente Sébastien de Halleux. On crée un jeu que personne n’a jamais vu et on le teste sur une communauté restreinte mais on sent déjà l’intérêt. Chaque joueur peut devenir le héros de son club et de son équipe. Les utilisateurs peuvent se mesurer les uns aux autres au travers de challenges, le tout raconté dans toutes les langues grâce à l’IA. C’est très novateur.” La structure de Matchday, organisée en Europe à Barcelone, emploie déjà une cinquantaine de personnes réparties dans 22 pays.

1% de chance de succès

A l’entendre, l’entrepreneur est enthousiaste comme pour sa première boîte. Entouré de ses co­founders, son ambition est grande. Très grande. C’est une ligne de conduite chez celui qui n’a pas l’habitude d’abandonner face aux difficultés et aux refus. Persévérant, il l’est depuis toujours. Il se souvient d’ailleurs de cet article qu’il avait lu, à 12 ou 13 ans dans la presse belge. “Le titre, c’était Une salle de classe très spéciale et cela parlait d’une école de Vancouver très différente de ce que je vivais ici en Belgique. Très ouverte, tournée vers la nature et les interactions sociales. C’était le United World Colleges.” Attiré par cette “réalité bien différente de la mienne”, le jeune garçon a envoyé une lettre pour obtenir des informations et reçu une brochure en retour. Il a aussitôt postulé dans ce réseau d’écoles… mais n’a pas été accepté. Trop jeune. Pas de quoi le décourager: déterminé, il a repostulé l’année d’après et a été envoyé dans une école au Nouveau-Mexique, à 16 ans tout juste. Sans connaissance de l’anglais. “C’était le début d’une grande aventure qui a démarré avec la lecture d’un journal… et de l’imagination. Je me suis imaginé dans une autre réalité qui m’attirait et j’ai rendu cela possible en postulant.”

Aux commandes de Matchday, c’est avec bien plus d’expérience, de fonds et de contacts que le “jeune garçon”, ambitieux et persévérant, continue à “imaginer”. Et à rendre les choses possibles. “Cela ne signifie pas que je ne doute pas, tempère Sébastien de Halleux. Le doute est omniprésent. D’ailleurs, quand je démarre une boîte, je me dis toujours prêt à m’engager dans un projet qui n’a que 1% de chance de succès. Mais ce doute, je l’accepte, comme j’accepte mes erreurs. Je suis fort dans l’itération. Tout ce que je ne connais pas, je dois l’essayer et à chaque itération, je dois devenir meilleur. C’est la seule mesure de mon progrès: est-ce que les itérations que je suis en train de faire sont meilleures que les précédentes…”

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