Les entreprises sont-elles prêtes pour l’IA ?

La hype autour de l’IA serait plus importante que la pénétration effective de la nouvelle technologie dans les entreprises. C’est ce que montre une nouvelle étude. Il y a aujourd’hui encore beaucoup de barrières au déploiement de l’IA. Mais les entreprises devraient bientôt passer la vitesse supérieure : 2024 serait l’année charnière.

L’intelligence artificielle est l’une des sources des grandes transformations en cours dans le monde. Elle promet notamment de rendre de nombreuses tâches plus faciles et ainsi réduire les coûts et augmenter les marges et les bénéfices des entreprises. En bourse, cela se traduit, par exemple, par une hausse importante des cours, depuis près d’un an et demi.

Mais quelle est la pénétration de la nouvelle technologie dans les entreprises ? S’agit-il déjà d’une véritable transformation ou l’IA est-elle plutôt encore une promesse future, les entreprises étant dans une posture de wait and see ? C’est la question à laquelle la MIT Techonlogy Review Insights et Telstra, une compagnie télécomm australienne, ont essayé de répondre. 300 leaders mondiaux d’entreprises ont été interrogés.

Utilisation encore (très) limitée et beaucoup de barrières…

L’étude montre ainsi que 9% seulement des entreprises utilisent l’IA de manière significative et à échelle de toute l’entreprise. Les autres ne sont actuellement pas encore prêtes. Celles qui ont rapidement commencé à l’utiliser ne la déploient que pour certains domaines au sein de la boîte, pour des tâches répétitives et sans haute valeur, indiquent-elles.

C’est qu’il existe encore de nombreuses barrières à une adoption plus large, et celle-ci ne peut pas se faire en un claquement de doigts. “Il y a une fausse idée de la facilité avec laquelle il est possible d’exécuter une IA générative mature et prête pour l’entreprise”, explique Stela Solar, première directrice du National Artificial Intelligence Centre d’Australie, dans le rapport, cité par CNBC.

“Son adoption peut exiger des entreprises qu’elles améliorent la qualité et la capacité des données, les mesures de protection de la vie privée, les compétences en matière d’IA et qu’elles mettent en œuvre une gouvernance de l’IA sûre et responsable à l’échelle de l’organisation. Il existe des éléments environnants tels que la conception de l’application, la connexion aux données et aux processus commerciaux, les politiques d’entreprise, et bien d’autres encore qui sont encore nécessaires”, continue-t-elle. 77% des répondants indiquent ainsi la régulation, la conformité aux normes juridiques et la protection des données comme une barrière importante à l’adoption rapide de l’IA.

La grande majorité des entreprises mettent aussi en avant des inquiétudes au niveau de l’informatique : elles doutent que leur infrastructure supporte la nouvelle technologie. Cela concerne celles qui doivent encore déployer l’IA (moins de 30% des entreprises estiment que leur support est suffisant) mais aussi celles qui le font déjà (et elles sont encore moins confiantes). Un autre problème du côté de l’IT est le budget : plus de la moitié des entreprises estiment que l’enveloppe allouée à l’informatique limite l’adoption de l’IA. Voilà comment la situation se présente aujourd’hui.

… mais beaucoup d’optimisme

Si les entreprises font le constat qu’il y a beaucoup de barrières, cela montre une chose : elles sont intéressées par l’IA et cherchent à l’adopter. Le sondage dégage d’ailleurs un grand optimisme. Les problèmes constatés aujourd’hui devraient, à terme, être résolus. Car les entreprises n’ont peut-être pas encore déployé l’IA à tous les niveaux, mais elles s’y sont déjà essayées. 75% des répondants ont fait des expériences avec l’IA générative en 2023.

Et pour 2024, les ambitions sont grandes. La majorité des répondants disent qu’ils veulent plus que doubler le nombre d’applications et de tâches pour lesquelles l’IA est utilisée cette année. 85% d’entre eux indiquent par exemple qu’ils veulent utiliser l’IA pour des tâches répétitives et sans haute valeur. Trois quarts d’entre eux comptent aussi l’utiliser dans les domaines du service client et des analyses stratégiques. D’autres encore pointent vers les ventes, l’innovation et la création de produits ou la logistique des chaines d’approvisionnement.

A plus long terme, les entreprises sont également optimistes. 60% d’entre elles s’attendent à ce que leur secteur se transforme profondément dans les cinq ans à venir – et près de huit entreprises sur dix y voient l’IA comme un avantage sur la concurrence. Elles n’ont en tout cas pas peur de l’IA : 8% seulement la voient comme une menace. La révolution ne fait donc que commencer.