Les chaufferettes interdites en terrasse à Bruxelles dès 2026 : un nouveau coup dur pour l’horeca

L’interdiction des chaufferettes sur les terrasses de café à Bruxelles, initialement prévue en juin 2025, a été reportée à juin 2026. Cette mesure, approuvée par la commission Environnement du Parlement bruxellois, suscite des critiques de la part du Syndicat Neutre pour Indépendants (SNI). Selon l’organisation, l’interdiction risque de porter un nouveau coup économique à un secteur déjà fragilisé par les crises récentes.

Le Syndicat Neutre pour Indépendants (SNI) dénonce une mesure qui, selon lui, manque de considération pour les réalités économiques des indépendants et des PME. « Les chiffres des faillites et des cessations d’activités le prouvent : les secteurs de l’horeca et du commerce continuent à se porter difficilement. Les chaufferettes sur les terrasses permettent à certains établissements de générer une portion supplémentaire de chiffre d’affaires », affirme le SNI. Pour l’organisation, une interdiction généralisée est injustifiée, chaque entrepreneur étant capable de faire des choix économiques réfléchis en fonction de sa situation.

Une approche “moins autoritaire”

L’organisation plaide également pour une approche moins autoritaire et plus collaborative. « Le bon sens doit primer. Il faut faire confiance aux indépendants et non les infantiliser avec des menaces de sanctions », plaide le SNI. Par ailleurs, le syndicat souligne que l’éclairage nocturne des commerces (aussi interdit dès 2026) contribue à la sécurité des rues, un aspect crucial pour une ville comme Bruxelles.

Le précédent français : un impact mitigé

Pour avoir une idée de l’impact économique de cette interdiction, le cas de la France est intéressant. L’interdiction de chauffer ou de climatiser les terrasses est en vigueur depuis le 31 mars 2022, conformément à la loi du 22 août 2021 sur le climat. Cette mesure vise à réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre. Les réactions des professionnels du secteur ont été mitigées au début. Certains restaurateurs ont exprimé des inquiétudes quant à l’impact sur leur activité, notamment en hiver, où les terrasses chauffées attiraient une clientèle souhaitant profiter de l’extérieur.

Couvertures et boissons chaudes

Pour compenser, de nombreux établissements ont adopté des alternatives, telles que la distribution de couvertures, l’aménagement de terrasses couvertes et fermées, ou encore la proposition de boissons chaudes. Bien que ces initiatives aient permis de maintenir une certaine attractivité, les effets sur le chiffre d’affaires varient selon les établissements. Les contrevenants à cette interdiction s’exposent à une amende de 5e classe, pouvant aller jusqu’à 1 500 euros, avec des montants plus élevés en cas de récidive.

Un retour à l’équilibre

D’après un rapport de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH), les premières semaines suivant l’interdiction ont vu une baisse de la fréquentation des terrasses, surtout dans les grandes villes. Cependant, cette baisse a été progressivement compensée par une adaptation des professionnels et une augmentation de la fréquentation des espaces intérieures.

Après bientôt quatre ans d’interdiction, David Zenouda, vice-président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie en Île-de-France, fait le point, cité par nos confrères du VIF. «L’impact sur le chiffre d’affaires a été important les premiers mois. Paris vit beaucoup par ses terrasses, et on a constaté un manque à gagner surtout pour les brasseries. Sur les terrasses, la fréquentation a baissé d’environ 20 à 35% au début. Mais aujourd’hui, c’est revenu à l’équilibre.»

Une mesure symbolique, mais à l’impact limité ?

Au-delà des revendications du secteur pour maintenir son attractivité, les chaufferettes en terrasse représentent aussi un symbole du gaspillage énergétique à l’heure du réchauffement climatique. La puissance d’un chauffe-terrasse électrique varie généralement entre 1 000 et 2 500 watts.

Un chauffe-terrasse de 2 000 watts consomme 2 kWh d’électricité par heure d’utilisation. À titre de comparaison, cela correspond à environ 0,30 à 0,50 € par heure, selon le tarif de l’électricité. Les chauffe-terrasses à gaz fonctionnent souvent avec des bouteilles de propane ou de butane et peuvent consommer entre 0,3 et 0,5 kg de gaz par heure, soit environ 3 à 5 € de gaz par heure, selon les prix du gaz en vigueur. L’impact de leur interdiction sur la réduction globale de la consommation d’énergie est donc marginal, loin d’être une mesure radicale pour Bruxelles.

Vers une adaptation obligatoire ?

L’interdiction des chaufferettes n’est donc pas sans conséquences économiques pour l’horeca bruxellois, mais elle peut être atténuée par des stratégies d’adaptation. Pour Bruxelles, le défi sera d’accompagner les entrepreneurs dans cette transition. Le SNI appelle à des mesures de soutien concrètes et à une flexibilité accrue pour éviter d’aggraver la précarité économique du secteur horeca.

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