Le sport, moteur de l’entrepreneuriat féminin

Daphné Dulait lors d'un trail en montagne.

L’entrepreneuriat féminin et le sport partagent de nombreuses valeurs communes. Marie Buron (Womanly), Daphné Dulait (Moov360) et Caroline Cleppert (UCM), trois figures emblématiques de l’entrepreneuriat belge, sont également sportives amateurs ou de haut niveau. Elles témoignent de l’influence bénéfique de leur activité sportive sur leur vie professionnelle.

Persévérance, motivation, rigueur, résilience, discipline, dépassement de soi, esprit collaboratif, respect, etc. sont autant de valeurs intrinsèques au monde sportif. De nobles vertus également incarnées par les femmes entrepreneuses évoluant à un haut niveau sportif ou en milieu non professionnel. Comme l’explique Frank Janssen, professeur en management à l’UCLouvain et directeur académique de la formation interdisciplinaire en entrepreneuriat INEO, “les compétences et les attitudes développées par les sportives sont des outils précieux pour naviguer dans le monde complexe et exigeant de l’entrepreneuriat. Ces valeurs, combinées à une stratégie bien définie, peuvent transformer des projets en véritables success stories.”

Respect et discipline

La thématique résonne profondément chez Marie Buron, 45 ans, fondatrice et CEO de Womanly, une communauté d’entrepreneuses évoluant au sein d’espaces de coworking (Bruxelles et Namur). Cette ancienne volleyeuse de Première nationale, traileuse et consultante pour le programme «Boost by Borlée» de Jacques Borlée, mentionne en premier lieu le respect lorsqu’on lui parle des similitudes entre le sport et l’entrepreneuriat féminin.

Marie Buron en trail. (Quentin Carpentier Photographie)


“Le respect de soi est une valeur fondamentale que j’ai acquise grâce au sport. Elle englobe la faculté à ne pas accepter toutes les sollicitations par peur de décevoir ou de manquer une opportunité. Je remarque que dire non est encore compliqué pour les femmes.” Marie Buron transpose les compétences développées dans sa pratique sportive à son activité professionnelle. “La discipline, la persévérance, la patience, la planification d’une vision sur le long terme sont autant de qualités que j’utilise quotidiennement pour bâtir une carrière durable et épanouissante, expose-t-elle. Dans l’entrepreneuriat, tout comme dans le sport, il faut se montrer proactif, être constamment sur la balle en utilisant les bons outils pour avancer.”

Endurance mentale

Architecte de formation – pendant 10 ans en tant qu’indépendante, ensuite pour Cushman and Wakefield –, Daphné Dulait, 46 ans, est la fondatrice de la marque de sport belge éthique et durable Moov360. Elle a ancré le sport au cœur de sa vie privée et professionnelle. “Sans en être obsédée, il conditionne ma vie”, nous confie-t-elle. Celle qui se décrit comme une sportive “amateur” a pourtant été finisheuse du Lavaredo Ultra Trail, un parcours très exigeant dans les Dolomites, en Italie. Elle s’entraîne actuellement pour l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB), une course mythique qui se déroulera fin août sur une distance de 170 km avec un dénivelé positif de plus de 10.000 mètres.

“Les compétences et les attitudes développées par les sportives sont des outils précieux pour naviguer dans le monde complexe et exigeant de l’entrepreneuriat”

Frank Janssen, UCLouvain

Daphné Dulait évoque les “montagnes russes de l’entrepreneuriat” et les analogies avec la gestion de ses entraînements. “Quand on se fixe des objectifs, il faut pouvoir les intégrer dans son agenda et s’y tenir. Sans constance, on n’y arrivera pas. La préparation d’un ultra-trail est très rigoureuse. En affaires, c’est la même chose. On doit gérer son stress, son temps, ses finances, être bien accompagnée dans ses efforts mais aussi surmonter les obstacles qui sont sur notre route.” Pour elle, 50 % de la réussite résident dans le mental.

Une séance d’apprentissage

L’échec est une notion importante qui fait partie intégrante de l’aventure entrepreneuriale tout comme de l’apprentissage sportif, constate-t-elle. “A chaque course, j’essaie d’adopter un mindset positif pour avancer, même si je suis blessée ou que je ne respecte pas le chrono que je m’étais fixé. Il faut aussi pouvoir s’arrêter à temps pour éviter des blessures. C’est la même chose dans l’entrepreneuriat. L’échec n’est pas grave, il faut juste l’accepter. Et si on craint le regard des autres, l’essentiel est d’être aligné avec soi-même”, est d’avis la traileuse qui confie avoir dû abandonner une course après 100 km l’année dernière, à cause d’une blessure et d’une météo désastreuse en toile de fond.

“Test and learn“

Daphné Dulait

Daphné Dulait nous partage un exemple de fausse route professionnelle. “Au lancement de ma première collection de vêtements, je voulais absolument être présente dans des pop-up stores, avec trop peu de résultats car je n’avais aucun intérêt à être au milieu des bijoux et des bougies. J’ai réussi à trouver mon public cible grâce à la technique, compliquée mais efficace, du ‘test and learn’ que j’applique aussi en course à pied. J’arrive à mes objectifs en testant plusieurs techniques – entraînement croisé, fractionné, dénivelé positif, course lente, etc. – et en prenant du recul sur ma pratique.”

Résilience

Pour Marie Buron, la résilience est aussi l’une des grandes forces de l’état d’esprit d’une sportive, une aptitude qui permet de se relever après une chute. “Il est important de ne pas se laisser aspirer par l’échec, mais de le voir comme une opportunité d’évolution. En parler ouvertement, sans honte, est de plus en plus reconnu comme une part normale du processus. Cela aide à le démystifier et encourage plus de femmes à se lancer.”

Moins de soutien financier

La fondatrice de Womanly pointe le parallélisme frappant entre le sport et l’entrepreneuriat féminin en termes de manque de moyens financiers. “Dans les deux domaines, les femmes bénéficient de moins de fonds et de soutien. Les équipes féminines de haut niveau en Belgique sont souvent sous-financées comparées à leurs homologues masculins. C’est pareil dans l’entrepreneuriat où les femmes ont plus de difficultés à attirer des investisseurs à cause des stéréotypes de genre persistants.” Niveau salaire dans le milieu du sport professionnel, les chiffres sont parlants. L’écart salarial entre les sportifs et les sportives rémunérés en Belgique s’élève à plus de 80%, ressort-il du dernier rapport annuel de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. Autrement dit, les hommes sont cinq fois mieux payés.

Surmonter les croyances auto-limitantes

Frank Janssen, UCLouvain

Frank Janssen de l’UCLouvain confirme : “Les femmes sont souvent perçues comme moins crédibles par les investisseurs, c’est un défi majeur”. A cause de ces stéréotypes de genre encore profondément enracinés, elles doivent souvent travailler plus dur pour prouver leur crédibilité et asseoir leur notoriété. “Les mentalités évoluent, mais l’entrepreneuriat est toujours perçu comme une activité dominée par des caractéristiques telles que l’autonomie, la prise de risque, l’innovation et la proactivité, souvent associées aux stéréotypes de genre masculin. Il n’y a aucun jugement de valeur là-dedans, c’est ce qui ressort des études que nous avons menées”, précise le professeur.

Les données du SPF Economie l’attestent : le monde entrepreunarial belge ne compte qu’un tiers de femmes (35,5%). Sur cinq ans, l’augmentation du nombre de femmes indépendantes à l’échelle nationale témoigne toutefois d’une croissance soutenue, avec une hausse de 14,55%, contre 12% chez les hommes, selon le baromètre de l’entrepreneuriat féminin du Réseau Diane, le réseau d’affaires féminin d’UCM.

Renforcer la confiance

Les préjugés de genre freinent donc encore grandement les femmes dans leurs ambitions entrepreneuriales. Soixante pour cent d’entre elles n’osent pas se lancer en raison d’un manque de confiance. D’autres défis persistent, tels que la peur de facturer correctement leurs prestations, une attitude qui résulte du “syndrome de l’imposteur”. “Les femmes s’empêchent elles-mêmes de se lancer à cause de ces croyances auto-limitantes. Alors qu’elles possèdent d’excellentes compétences à mettre en avant, souligne Frank Janssen, comme la bienveillance, le multitasking, ou la planification sur le long terme, utile tant pour un marathon que pour un projet professionnel de longue haleine.”

Et c’est ici que le sport révèle à nouveau tout son pouvoir. Il leur permet d’être plus fortes face aux attentes sociétales qui ne sont pas les mêmes pour les hommes que pour les femmes. “Le sport a un grand rôle à jouer dans la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes. Il leur insuffle la motivation et la détermination à défier les normes et à endosser des rôles de leader dans le monde des affaires”, commente le professeur louvaniste. “L’action engendre la confiance en soi, créant un cercle vertueux d’empowerment féminin”, renchérit Julie Denis, psychologue spécialisée dans le coaching des entrepreneurs et fondatrice de Nazali.

Marie Buron, fondatrice de Womanly, espace d'”empowerment féminin”.

Leadership empathique

Dans cette aventure semée d’embûches – que la grande majorité des entrepreneuses (67,65%) disent ne pas regretter selon le baromètre du Réseau Diane – les atouts féminins méritent d’être mis en lumière. L’un d’entre eux est le leadership empathique. “Les études montrent que ce style de management qui privilégie la collaboration et une approche horizontale est efficace et bénéfique pour les organisations. Il favorise une culture d’inclusion et de respect qui favorise la réussite à long terme”, explique Frank Janssen. La communication est une autre valeur-clé de ce type de leadership, et plus particulièrement la communication émotionnelle. “Les femmes ont tendance à exceller dans ce domaine, elles sont généralement plus communicantes et collaboratives que les hommes”, avance l’expert en management.

Dans le milieu sportif aussi, la communication et le bon esprit d’équipe sont fortement valorisés, tout comme l’engagement et la solidarité. “Collaborer efficacement avec les autres, être fair-play, déléguer et s’entourer des bonnes personnes sont des compétences clés pour réussir”, résume Frank Janssen.

Le secteur des soins plutôt que la finance

C’est la raison pour laquelle on retrouve plus souvent les femmes dans les secteurs des soins – le “care” – et de l’entrepreneuriat social que dans la finance. Dans les fonds de capital-risque, il y a par exemple à peine 15 % d’associées. “Les gestionnaires qui gèrent les fonds sont encore très peu diversifiés. Les préjugés sont souvent inconscients”, souligne Yonca Braeckman, fondatrice d’Impact Shakers, une société d’investissement active dans l’entrepreneuriat inclusif. Pourtant, quand une femme décide de lancer son business, elle le fait de manière plus réfléchie. Chaque euro qu’elle y investit est compté. Une prudence qui, finalement, mène moins souvent à la faillite, selon les statistiques.

En tant que sportive ou entrepreneuse, on a la sensation de maîtriser son destin. Mais il faut aussi être capable de lâcher prise sur ce qu’on contrôle moins.

Marie Buron (Womanly)

De l’importance du réseau

Le manque de capital social est une autre barrière à l’entrepreneuriat féminin, dans un milieu qui peut parfois se révéler impitoyable. Ce déficit est souvent lié à l’équilibre précaire en termes d’occupation professionnelle et familiale. “Encore aujourd’hui, la répartition inégale des tâches domestiques limite le temps que les femmes peuvent consacrer au développement de leur réseau professionnel, contrairement à leurs collègues masculins. Ce qui engendre un manque de soutien tant humain que financier pour développer leur projet. La pratique d’un sport d’équipe va avoir l’avantage de développer ce capital social et de nouer des relations très utiles dans le monde entrepreneurial”, explique Frank Janssen.

Souplesse et flexibilité

Marie Buron, qui gère de front sa vie d’entrepreneuse avec quatre enfants, dont deux jumelles de 15 ans, met en avant l’importance de la flexibilité et la capacité à s’adapter aux imprévus. “La souplesse est un atout typiquement féminin très précieux, car elle permet de s’adapter rapidement et de maintenir un équilibre entre vie professionnelle et personnelle.” Selon une étude de Woman Equity, les femmes sont en effet plus aptes à gérer leur temps et plusieurs tâches simultanées que les hommes. Ce qui provoque chez certaines “mompreneuses” un sentiment de culpabilité parfois difficile à vivre. “L’inconfort de la dualité fait partie de l’entrepreneuriat féminin, commente la psychologue Julie Denis. La femme entrepreneuse ressentira toujours cette culpabilité de ne pas être présente au foyer quand elle travaille et inversement de ne pas s’occuper de son entreprise quand elle s’occupe de ses enfants.”

Caroline Cleppert, lors de sa séance de longueurs.

Trouver son “lièvre”

Dans ce contexte, le mentorat est essentiel. C’est l’intime conviction de Caroline Cleppert (39 ans). Plus jeune, la secrétaire générale de l’Union des Classes moyennes (UCM) pratiquait la natation en compétition. Aujourd’hui, elle continue à nager pour le plaisir. “C’est important d’avoir un modèle et de le suivre pour se dépasser et s’inspirer. Dans ma carrière, je suis toujours plus performante lorsque je garde ce que j’appelle mon ‘lièvre entrepreunarial’ dans le radar. Il me pousse à me dépasser. Exactement comme lors de mes séances de natation. J’essaie de repérer un nageur plus rapide, avec une meilleure technique ou plus d’endurance. Quand je me cale dans son rythme, je sens que je progresse, sans toutefois me mettre dans le rouge au risque de me décourager.”

C’est important d’avoir un modèle et de le suivre pour se dépasser et s’inspirer.

Caroline Cleppert (UCM)

“On nage aussi contre soi”

Caroline Cleppert tient à mettre en garde contre la solitude que la sportive tout comme l’entrepreneuse isolée peuvent ressentir. “On nage pour soi, mais aussi parfois contre soi”, commente-t-elle. Un mentor est là pour conseiller et apporter son soutien, explique celle qui défend les intérêts des entrepreneures. “Je n’ai jamais été aussi performante depuis que je suis coachée, même à mon modeste niveau sportif. Mon coach me fait réaliser certaines choses que je ne réalise pas du tout quand je nage seule, parce que je n’ai pas pris assez de hauteur sur ma pratique. La même chose est à l’œuvre quand on a la tête dans le guidon au travail.”

Caroline Cleppert (UCM)

Persévérance n’est pas obstination

L’optimisme est une autre qualité mentionnée par Caroline Cleppert. “Mais il faut faire attention, car un excès d’optimisme peut aussi éloigner de la réalité. Un juste équilibre entre optimisme et réalisme doit être trouvé”, estime-t-elle. Marie Buron est sur la même longueur d’onde. Elle pointe la fine frontière qui sépare la persévérance et l’obstination, plus néfaste à l’épanouissement. “En tant que sportive ou entrepreneuse, on a la sensation de maîtriser son destin. Par moment, il faut aussi être capable de lâcher prise sur ce qu’on contrôle moins”, conseille-t-elle. Car, le burn-out peut vite guetter, alerte de son côté Daphné Dulait. Celle dont le label lui colle littéralement à la peau lors de ses sorties en trail évoque des parallèles entre le surmenage des sportifs et des entrepreneuses. “Par moment, il faut arriver à faire la part des choses, à se fixer des limites, à diminuer son niveau d’exigence. Cette prise de recul est nécessaire pour continuer à prendre du plaisir. Ce n’est pas toujours facile, mais j’essaye d’être bienveillante et indulgente envers moi-même dans mes entraînements tout comme dans le développement de ma marque en pleine croissance qui demande énormément d’efforts et de sacrifices. Sinon, je ne tiendrais pas la longueur”, confie-t-elle.

J’essaye d’être indulgente envers moi-même dans mes entraînements tout comme dans le développement de ma marque en pleine croissance.

Daphné Dulait (MOOV360)

Une “chambre à soi”

Enfin, les entrepreneuses sondées mettent toutes en avant l’importance de jouir d’une “chambre à soi”, pour pouvoir se concentrer pleinement sur le développement de leur projet. Pour Caroline Cleppert, cela passe par sa séance de natation hebdomadaire du samedi matin qu‘elle ne raterait pour rien au monde. “Je fais le point sur la semaine écoulée et je prépare le terrain pour celle à venir. Quand je sors du bassin, c’est comme si une nouvelle vague d’idées se déversait dans mon esprit. Ce volume d’eau est le seul endroit calme où mes pensées peuvent enfin s’exprimer sans être interrompues”, explique-t-elle.

Marie Buron trouve ce temps précieux lors de ses séances de running : “La course à pied est un véritable moment rien qu’à moi. Cela me donne l’occasion de structurer mes idées et de trouver des solutions créatives à mes problèmes.” Une “bulle à soi” que les femmes ont encore du mal à s’octroyer, observe-t-elle. “Les choses évoluent, les résidentes de mes espaces de coworking se permettent de plus en plus de s’accorder du temps rien que pour elles”, conclut-elle, emplie d’optimisme.

“Sortir de la seule logique binaire des objectifs”

Médaillée de bronze aux JO de 2012, Charline Van Snick est l’une des plus grandes figures du judo belge féminin. Retirée officiellement des tatamis internationaux, elle partage désormais volontiers son parcours dans les entreprises et fait des ponts entre le sport de haut niveau qu’elle a pratiqué et le business. La judokate aime, par exemple, pointer sa vision spécifique des objectifs, toujours importants dans l’univers du sport comme de l’entreprise. Elle était d’ailleurs montée sur la scène de nos Gazelles au printemps passé pour un échange de points de vue avec des entrepreneurs. “Les objectifs comme des médailles sont importants, mais j’ai plutôt voulu poursuivre une motivation plus profonde de réalisation de moi, de passion et de motivation, témoigne-t-elle. J’ai aussi surtout essayé de mettre en place des objectifs de processus : est-ce que j’ai fait tout ce qu’il fallait pour y arriver ? est-ce que j’étais au meilleur de ma forme ? etc. Je voulais sortir de la logique binaire d’un objectif sur un seul événement et essayer d’avoir une vision plus long terme, comme un classement mondial. Je me suis par exemple fixé de rester dans le top 10 mondial, et c’est un objectif que j’ai atteint et dont je suis fière. »

Charline Van Snick aime par ailleurs épingler la manière de voir le rôle des adversaires que l’on peut assimiler aux concurrents d’une entreprise. “J’ai toujours considéré qu’elles venaient me challenger sur quelque chose de plus personnel et que je devais mettre en place une tactique pour arriver à m’améliorer. Mes concurrentes me posaient des problèmes bien spécifiques que je devais résoudre sans faire un focus sur la personne elle-même. Il s’agissait d’un plongeon dans le problème qu’elles me causaient et dans la solution à mettre en place pour les battre.” C.CH.

Voici son interview vidéo réalisée lors de nos Gazelles de la Province du Luxembourg où, grâce à notre partenaire Sportsvision, elle avait été invitée à parler.

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