La moitié des PME ne reçoivent pas assez de candidats pour leurs postes vacants
Depuis une vingtaine d’années, on ne cesse de le lire dans toute la presse ou d’en entendre parler autour de soi : recruter le bon candidat n’est pas chose aisée.
On appelle cela la guerre des talents, mais c’est surtout une guerre sans vainqueur : des personnes ne trouvent pas de travail malgré la demande et bon nombre d’offres d’emplois restent vacantes faute d’acquéreur.
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Simple statistique éclairante: depuis 2015, le Forem dresse la liste des métiers en pénurie. A sa création, elle n’était riche que de 70 entrées. Elles sont 141 en 2022.
Une précédente enquête, menée par la société de ressources humaines SD Worx, avait révélé que 65% des employeurs belges éprouvent des difficultés à recruter. Une nouvelle enquête vient confirmer ce constat et y ajouter une précision : les difficultés rencontrées par les PME (comptant jusqu’à 250 employés) pour dénicher la perle rare viennent principalement du fait qu’elles ne reçoivent pas de flux suffisant de candidats qualifiés. Ces informations ont été collectées en juin 2022 auprès de 612 chefs d’entreprise et responsables du personnel de PME sur leurs projets d’emploi pour le troisième trimestre.
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C’est en Wallonie que la situation est la plus difficile pour les PME. Seule une PME wallonne sur quatre (25,7%) estime recevoir un afflux suffisant de candidats qualifiés (contre 51,2% pour l’apport insuffisant). Ce pourcentage tombe à 19,8% de PME satisfaites pour la Flandre (et 52,4% des PME flamandes affirment ne pas avoir un apport suffisant).
L’industrie et la construction sont les deux secteurs faisant face au moins grand nombre de candidats.
Pour pallier ce manque de profils compétents, 44% PME sont prêtes à former elles-mêmes des personnes moins expérimentées afin d’en faire les candidats qui conviendraient pour les postes à pourvoir et un tiers d’entre elles se disent prêtes à avoir recours à un coup de main extérieur qui prendrait alors la forme de freelances ou d’intérimaires. Un autre tiers envisage même de refuser du travail, faute d’avoir suffisamment de personnel pour pouvoir honorer ces commandes en temps et heure.
Vassilios Skarlidis, manager Régional PME chez SD Worx, résume les résultats de l’étude : “Nous observons que la plupart des PME revoient leurs exigences à la baisse. Une majorité d’entre elles souhaite notamment assurer une formation complémentaire pour les nouveaux talents, en addition du recours aux travailleurs intérimaires. En Wallonie, recourir à des sous-traitants est également une solution considérée. Néanmoins, un quart d’entre eux refusent également de travailler en Wallonie, ce qui est moins le cas à Bruxelles (seulement 16,8%).”
Et à Bruxelles ?
A Bruxelles, l’étude souligne que la situation des PME est meilleure ; une PME sur trois (32,7%) bénéficie d’un apport suffisant de candidats lorsqu’elle doit recruter.
Il faut dire que de nombreuses différences entre les deux régions ont été mises en lumière par cette étude.
“L’étude démontre ainsi que l’accent est mis sur différents aspects selon les régions et les secteurs, souligne Vassilios Skarlidis. À Bruxelles, une PME sur trois envisagera d’augmenter la productivité ; tandis que seule une PME sur quatre y pensera en Wallonie. Le recours à des personnes de l’étranger (21,1%) ou à des personnes extérieures à la province (17,2%) est plus évident à Bruxelles. En Wallonie cependant, moins de 10% envisagent ces solutions (respectivement 8,6% et 8,4%). La mobilité interne et la formation des personnes (5,8%) n’est pas non plus le premier recours des PME wallonnes.”
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Et d’apporter différentes pistes en guise de conclusion : “Les PME ne sont pas en reste et ont déjà déployé diverses solutions simultanément. Il y a donc encore des opportunités dans les pistes non utilisées. En outre, certains de vos collaborateurs actuels doivent très certainement être intéressés par une reconversion. Nous observons d’ailleurs qu’investir dans différentes possibilités d’évolution au sein de l’entreprise est intensif mais payant à 100% : à long terme, cela permet de fidéliser le personnel.”
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