“Employés Boomerang”: plus de la moitié des travailleurs belges enclins à retourner chez leur ancien employeur  

Une récente enquête menée par le spécialiste du recrutement international Robert Walters révèle que 55 % des travailleurs belges sont prêts à retourner chez leur ancien employeur, ce qui pourrait être une solution cruciale à la pénurie mondiale de talents. 

Au cœur de la pandémie et les mois qui ont suivi le retour à la “vie normale”, de nombreux employés ont décidé de changer d’orientation de carrière. Certains sur un coup de tête, d’autres de façon beaucoup plus réfléchie. 

Ce qu’on a appelé “la Grande Démission” ou “Great Resignation” en référence à la « Grande Dépression » des années 30, a particulièrement secoué le marché du travail américain. Ainsi, en 2021, pas moins de 47 millions d’Américains ont démissionné de leur poste, soit plus d’un quart de l’emploi salarié du pays. Ce phénomène s’est poursuivi en 2022, avec encore environ 4 millions de démissions par mois.

En France, fin 2021 et début 2022, le nombre de démissions a aussi atteint un niveau historiquement haut, avec près de 520 000 démissions par trimestre, dont 470 000 démissions de CDI, selon le site de La Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (DARES). Au 2e trimestre 2023, les démissions ralentissaient. On comptait 490 400 démissions de CDI en France métropolitaine (secteur privé hors agriculture, intérim et particuliers employeurs), soit −0,1 % sur un trimestre. 

En Belgique, ce phénomène n’a pas vraiment eu lieu. En creusant un peu, on en a toutefois compté de nombreuses petites démissions, touchant soit des secteurs particuliers comme l’horeca les soins de santé et événementiel, le transport où les horaires sont difficiles, soit certaines tranches d’âge, comme nous vous l’expliquions dans notre article.  

Un meilleur salaire  

38 % des employés qui ont changé de travail après les confinements l’ont fait pour un meilleur salaire, selon une étude récente du spécialiste du recrutement Robert Walters. Un salarié sur cinq est parti pour une meilleure culture d’entreprise ou pour obtenir plus de satisfaction dans son travail. Deux tiers ont déclaré que le coût de la vie et la fatigue causée par le travail hybride (24 %) avaient changé leur opinion sur leur situation professionnelle actuelle.

Le marché du travail retrouve actuellement une certaine stabilité. Les travailleurs se montrent plus prudents. Le pourcentage des personnes qui démissionnent a diminué de plus de 30% en Belgique au cours des huit premiers mois de 2023, selon les données chiffrées de Partena Professional.

La “grande démission” a même fait place au “grand regret pour certains employés partis voir si l’herbe était plus verte ailleurs. Ceux que l’on surnomme les employés « boomerang » qui ont démissionné pour mieux revenir ensuite dans leur entreprise initiale, seraient de plus en plus nombreux.  

“Grand regret”

Selon l’étude de Robert Walters, plus de la moitié des professionnels interrogés (55 %) déclarent même qu’ils seraient prêts à retourner chez leur employeur d’avant la période Covid. 49 % ont admis que les raisons pour lesquelles ils avaient quitté leur employeur à l’époque ne sont plus valables sur le marché actuel.  

“Dans la période qui a suivi la pandémie, un nombre record de travailleurs ont tourné le dos à leur emploi dans ce qui a été annoncé comme “la grande démission”. Cependant, notre étude indique les premiers signes du ‘grand regret’ – avec 55% des professionnels qui voudraient retourner chez leur employeur pré-Covid à peine 18 mois après avoir démissionné. 

En 2021, des augmentations salariales record ont été proposées aux professionnels, assorties de promesses d’horaires flexibles et d’une culture du travail hybride. En 2023, ces augmentations de salaire sont bien maigres par rapport à la hausse du coût de la vie et à l’inflation. Les débutants qui s’étaient vu offrir des salaires élevés à l’époque étaient également beaucoup moins susceptibles de recevoir une augmentation de salaire en plus de l’inflation au début de cette année.” 

La majorité des personnes interrogées restent en contact avec leur ancien manager d’une manière ou d’une autre. 17 % d’entre eux le font pour garder la porte ouverte à de futurs postes vacants. 11 % ont déclaré qu’ils n’avaient pas encore contacté leur ancien employeur au sujet d’un éventuel retour, mais qu’ils prévoyaient de le faire cette année. L’enquête révèle également les motivations des “employés boomerang”. 38 % d’entre eux déclarent qu’un meilleur salaire les inciterait à revenir, tandis que d’autres recherchent une meilleure culture d’entreprise ou un emploi plus satisfaisant. 

Les chefs d’entreprise partisans du retour d’ex-collaborateurs  

Le retour des employés semble également être un phénomène positif pour les employeurs. Ainsi, 79 % des chefs d’entreprise interrogés se déclarent ouverts au retour d’un employé de valeur. 15 % restent prudents, tandis que 6 % n’y sont pas favorables. 

Özlem Simsek, managing director de Robert Walters, déclare : “La tension du marché de l’emploi joue évidemment un rôle important à cet égard. De nombreux postes vacants sont difficiles à remplir, c’est pourquoi il est certainement judicieux de réintégrer d’anciens employés qui ont quitté l’entreprise en bons termes à l’époque. En effet, ils connaissent le mode de travail et la culture de l’entreprise et ont besoin de moins de temps de formation et de familiarisation, ce qui ne fait qu’accélérer et faciliter le processus d’intégration. En outre, ils sont également plus susceptibles de s’impliquer et de s’engager plus étroitement dans l’organisation, simplement parce qu’ils sont revenus de leur plein gré”. 

Pour tirer le meilleur parti des employés boomerang, les organisations doivent établir des directives et des procédures claires en matière de réembauche d’anciens employés, constatent les spécialistes de Robert Walers. “De telles mesures sont absolument indispensables, en particulier lorsque le salarié revient à un poste plus élevé que celui qu’il occupait lorsqu’il a quitté l’entreprise. En tant que manager, vous devez donc veiller à ce que chaque employé ait des opportunités de carrière appropriées au sein de l’organisation. Dans le cas contraire, vous risquez d’envoyer le message que la voie vers une promotion ou une meilleure rémunération est celle du boomerang. Et ce n’est pas le but recherché, prévient Özlem. 

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