Employé boomerang : après “la grande démission”, le grand regret 

employé boomerang
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Ceux qui ont quitté leur emploi ont constaté à leurs dépens que l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs. Et ce qui semblait un must en période de covid, l’est moins quand la situation économique se complique. Beaucoup aimeraient donc retourner à leur ancien travail. Mais est-ce possible ?

Encore des cas atypiques il y a quelque temps, les employés « boomerang » seraient de plus en plus nombreux. Il s’agit d’employés qui ont démissionné pour mieux revenir ensuite dans leur entreprise initiale. Ces personnes ont souvent démissionné pendant ou juste après les confinements, et ce pour saisir une opportunité, donner du sens à leur travail ou changer de métier.

Un bel élan qui a été qualifié de « grande démission ». Sauf que 18 mois plus tard, l’heure n’est plus à la fête pour tout le monde. Selon une étude menée par le spécialiste du recrutement Robert Walters, plus de la moitié des employés (55%) qui ont quitté leur emploi seraient ainsi prêts à retourner chez leur ancien employeur. Pour 49% d’entre eux, c’est parce que les raisons qui les ont poussés à quitter leur travail au moment de la pandémie (progression de carrière, salaire et flexibilité du travail) ne sont plus pertinentes aujourd’hui. Ils sont ainsi deux tiers à déclarer que c’était à cause du coût de la vie et la fatigue causée par le travail hybride (télétravail et sur place) qu’ils avaient changé d’avis sur leur situation professionnelle actuelle. Or, l’ancien employeur et les anciens collègues offrent un terrain connu et donc rassurant en cette période économique chahutée.

Les raisons du départ

38 % des employés qui ont changé de travail après le confinement l’ont fait pour un meilleur salaire.

Un salarié sur cinq est parti pour une meilleure culture d’entreprise ou pour obtenir plus de satisfaction dans son travail.

L’effet boomerang serait aussi perceptible sur LinkedIn puisque 2,38 % des inscrits sur le réseau social qui ont changé de poste en 2022 rentrent dans cette catégorie, contre 1,75 % en 2019. Ce seraient surtout les secteurs de la finance et des services aux collectivités qui seraient les plus concernés. Une autre étude de l’éditeur de logiciels RH UKG précise lui que 32 % des salariés boomerang sont des cadres.

Toujours selon l’étude de Robert Walters, cela ne se limite pas qu’à un regret passager puisqu’ils seraient 17% à avoir déjà contacté leur ancien employeur et 11% l’envisagent très sérieusement.

Un employé qui claque la porte est-il encore le bienvenu ?

L’étude révèle également qu’un employé qui souhaite revenir est souvent le bienvenu. Parmi les cadres, ils seraient ainsi 79 % à envisager fortement de réembaucher un bon ancien employé. Seuls 6 % n’y sont pas favorables et 15 % se montreraient hésitants.

Comme le précise Özlem Simsek, Managing Director chez Robert Walters, “la tension du marché de l’emploi joue évidemment un rôle important à cet égard. De nombreux postes vacants sont difficiles à remplir, c’est pourquoi il est certainement judicieux de réintégrer d’anciens employés qui ont quitté l’entreprise en bons termes. En effet, ils connaissent le mode de travail et la culture de l’entreprise et ont besoin de moins de temps de formation et de familiarisation, ce qui ne fait qu’accélérer et faciliter le processus d’intégration. En outre, ils sont également plus susceptibles de s’impliquer et de s’engager plus étroitement dans l’organisation, simplement parce qu’ils sont revenus de leur plein gré”.  

Réengager un ancien employé représente donc un gain de temps puisqu’il connait l’entreprise et est directement opérationnel. Un constat pragmatique qui rejoint le fait qu’aucune entreprise n’aime voir partir un bon employé. Mais encore faut-il que le départ se soit fait en bon terme. Et là aussi les mentalités sont en train de changer. Avant tout départ était souvent vécu comme une trahison. Aujourd’hui cela semble moins être le cas. Il y a moins d’affects puisque les entreprises ont intégré le fait que le salarié n’est plus là à vie. Et qu’un employé qui part fâché peut donner une mauvaise image à l’entreprise. Une mauvaise image qui peut à son tour plomber le recrutement.

L’importance de l’outboarding

C’est aussi dans ce cadre que l’outboarding a gagné en importance. Pour espérer un éventuel retour, il faut que la procédure de départ soit vécue comme quelque chose de positif. L’employé qui quitte doit aussi savoir que la poste reste ouverte, soit pour revenir à un même poste soit à une autre fonction ou sous un autre manager, par exemple.

Si un retour peut donc être parfaitement envisagé, il est par contre important que la réembauche se fasse de façon encadrée, en particulier lorsque l’employé revient à un poste plus élevé. Il n’est en effet pas rare que retour rime avec promotion. Une situation potentiellement délicate puisque cela  peut donner l’impression aux employés « fidèles » que cela plombe leur propre chance de promotions. Il faut donc que ce retour fasse l’objet d’une bonne communication  sous peine de donner le message qu’il faut quitter l’entreprise pour espérer une augmentation.

Ce serait d’autant plus dommage que, selon l’enquête de UKG, près de la moitié des salariés boomerang envisageraient de démissionner à nouveau.

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