Audrey Hanard: “Bpost s’en sortira plus forte”

Bpost s'en sortira plus forte, a déclaré la présidente du conseil d'administration Audrey Hanard à l'ouverture de l'assemblée général de l'entreprise postale, engluée dans des scandales dernièrement. © Danny Gys (Isopix)

Bpost s’en sortira plus forte, a déclaré mercredi la présidente du conseil d’administration Audrey Hanard à l’ouverture de l’assemblée général de l’entreprise postale, engluée dans des scandales dernièrement. “Nous tirons maintenant toutes les leçons pour l’avenir” et “nous avons déjà montré précédemment que bpost était résiliente”. Selon Mme Hanard, “la confiance et la transparence” sont des valeurs essentielles à l’entreprise.

Elle concède que bpost vit des moments difficiles. L’entreprise aurait conclu des accords illégaux en vue d’obtenir la concession pour la distribution de journaux. En outre, un audit interne a notamment démontré qu’elle aurait surfacturé plusieurs contrats à l’Etat belge.

   Audrey Hanard dit comprendre “la frustration des actionnaires” mais n’est pas en mesure pour l’instant de présenter de nouveaux éléments pour rétablir la confiance. Des audits sont toujours en cours et la recherche d’un nouveau CEO n’a pas encore abouti, ceci est pourtant l’une “des priorités du conseil d’administration”. La présidente n’exclut pas que les enquêtes en cours créent de nouveaux remous, mais tient à dédouaner d’avance la direction actuelle qui n’y est pour rien.

   Le CEO par intérim, Philippe Dartienne, a détaillé mercredi les mesures prises par l’entreprise pour éviter à l’avenir de tels débordements, notamment la mise en place d’un point de contact interne pour signaler des faits irréguliers. “Je fais confiance au personnel et au management” car les fraudes ont été commises par une petite minorité et n’ont rien à voir avec l’ensemble des travailleurs de l’entreprise, selon lui.

   A la demande de la ministre des Entreprises publiques Petra De Sutter (Groen), le vote sur l’éventuelle décharge des administrateurs de bpost a été reportée, tout comme celui sur la nouvelle politique de primes pour la direction de l’entreprise.

   Un peu plus de 60% du capital de bpost est représenté à l’AG qui peut donc se tenir valablement.

Les actionnaires se montrent résignés

Malgré l’accumulation de scandale autour de bpost, l’entreprise n’a pas été confrontée à de fâcheuses questions de ses actionnaires lors de l’assemblée générale de mercredi matin. Seul un petit actionnaire a pris la parole, mais sans mettre en cause la présidente du CA, Audrey Hanard, ou la direction actuelle. Tous les points à l’ordre du jour ont été votés, celui sur la décharge des administrateurs et sur la nouvelle politique de rémunération n’ont pas été abordés, comme demandé par la ministre De Sutter.

L’Etat belge contrôle 51,04% du capital de bpost et avait donc, en sa qualité d’actionnaire majoritaire, demandé que ces deux points ne soient pas soumis au vote tant que les enquêtes sur les fraudes éventuelles ne soient terminées. La présidente du CA a accepté et a annoncé que le premier rapport d’audit interne avait été transmis au parquet.

Tous les autres points à l’agenda ont été approuvés à une large majorité par les actionnaires, y compris la nomination de deux nouvelles administratrices: Ann Caluwaerts de Telenet et Ann Vereecke, professeure à l’école de management Vlerick.

En fin de journée cependant, le cabinet d’avocats SQ – WATT Legal a annoncé lancer un examen préliminaire sur “d’éventuelles violations de la loi dans le dossier bpost à la demande d’investisseurs”.

Le cabinet se profile comme “défenseur des actionnaires minoritaires”. L’enquête se concentre sur la question de savoir si les investisseurs ont subi des dommages et qui en est responsable, tant les aspects civils que pénaux seront examinés.

“La question clé est de savoir si les actionnaires privés ont été dupés, avec un chiffre d’affaires artificiellement gonflé. Cela vaut également pour l’introduction en Bourse de 2013 : la mariée a-t-elle été maquillée pour privatiser à des conditions plus avantageuses ? En principe, il n’y a pas de problème à ce qu’une entreprise remporte des contrats exceptionnellement avantageux. Sauf si la contrepartie est l’État : il pourrait alors s’agir d’une aide d’État, remboursable rétroactivement, comme dans le cas de Duferco. Les dégâts boursiers pourraient donc être énormes”, argumente Laurent Arnauts pour le cabinet.

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