Après Delhaize, voici Aldi… : La grande distribution menacée ?
Le paysage commercial belge est pour le moins bousculé. La récente annonce de Delhaize de vouloir franchiser ses points de vente “intégrés” rappelle celle d’Intermarché formulée il y a quelques semaines à peine. L’un et l’autre tablent sur un réseau composé exclusivement de magasins gérés par des indépendants.
Delhaize et Intermarché ne sont pas des cas isolés. Le groupe énergétique français TotalEnergies a annoncé que l’exploitation de ses 619 stations-service en Belgique et au Luxembourg se ferait dorénavant via une coentreprise avec le groupe canadien de distribution d’alimentation et de carburants Couche-Tard.
Une annonce qui rappelle le cas Delhaize et fait craindre la perte d’emploi pour les salariés. Bien qu’il s’agit d’ici d’un seul repreneur (et pas de plusieurs indépendants), le réseau sera externalisé en une fois.
Aldi, l’annonce de trop ?
A cela s’ajoute, l’annonce de la direction d’Aldi de résilier une convention collective de travail (CCT). Celle-ci garantit la mise à disposition de personnel supplémentaire. Une communication similaire à celle de Delhaize qui avait également résilié sa CCT, avant d’annoncer son souhait de franchiser ses 128 magasins.
“Chez Aldi, toutes les tâches sont littéralement chronométrées. C’est sur cette base que l’on détermine le nombre d’employés qui y sont affectés”, décrit le syndicat chrétien. Ce dernier craint à présent que la nouvelle estimation ne conduise à l’assignation d’une main d’œuvre moins importante et au “retour de la charge de travail infernale” de 2021.
“Une consultation syndicale nationale a eu lieu chez Aldi lundi. À intervalles réguliers, nous discutons avec les syndicats d’un certain nombre de sujets d’actualité”, confirme Dieter Snoeck, directeur communication chez Aldi. “Nous avons abordé la méthode de calcul du nombre d’heures (de travail) par magasin” insiste-t-il. “ll ne s’agit pas d’un exercice visant à économiser sur les frais de personnel.”
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D’autres enseignes vont-elles suivre ?
Les autres distributeurs vont-ils dès lors adopter une stratégie identique ? Dans un environnement concurrentiel comme la Belgique, les distributeurs cherchent tous à “optimiser leur coût”, la question est de savoir comment.
Aucune communication n’a été faite en ce sens mais ça ne serait pas surprenant de voir d’autres annonces de franchise, analyse Pierre-Alexandre Billiet, CEO de Gondola. “Colruyt est moins sujet à la franchisation car l’entreprise possède encore ses quartiers généraux en Belgique, mais les autres distributeurs n’ont plus leur centre de décision chez nous, ce qui offre à leurs directions une plus grande latitude”.
Les magasins intégrés pourraient disparaitre
L’enseigne à bas prix ne s’est d’ailleurs pas privé d’intervenir et demande, dans une lettre adressée au ministre fédéral du Travail Pierre-Yves Dermagne, que le système des commissions paritaires soit simplifié et rendu “plus équitable”, rapporte De Tijd.
Dans le secteur du commerce de détail, il existe aujourd’hui cinq commissions paritaires différentes. “Les entreprises peuvent s’organiser de manière à relever de la commission paritaire 201, la commission paritaire destinée aux véritables petits indépendants. Elles peuvent se diviser en entités plus petites, alors qu’il s’agit essentiellement de plusieurs magasins exploités par un seul entrepreneur.”
Colruyt attire l’attention sur la concurrence déloyale et les abus et prévient que le modèle de magasins intégrés pourraient disparaitre.
Le modèle de franchise ou “d’optimisation des coûts” pourrait donc bien s’étendre, ce qui pousse le front commun syndical à une journée d’actions sectorielles le 17 avril prochain. “Il est clair que le problème du recours à la franchise est une tendance plus large que le seul Delhaize. Nous voulons adresser un signal clair”, a déclaré la coordinatrice générale de l’ACV Puls, Kristel Van Damme.
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