Andreas Cremer (CEO de Febiac): “Le particulier reste incertain à l’achat d’une voiture électrique”
Samedi 14 janvier, le salon de l’Automobile rouvrira ses portes au Heysel, après deux éditions annulées, la faute à la crise sanitaire. Ces deux dernières années ont d’ailleurs été les pires depuis 1995 pour les ventes de voitures neuves en Belgique. Néanmoins, Andreas Cremer, le CEO de la Febiac et organisateur du salon de l’automobile, reste optimiste. “Nous ne nous attendons pas à une chute spectaculaire des ventes”, a-t-il déclaré.
Le salon de l’Automobile fête sa 100e édition, mais sans grande festivité… À peine 366 303 nouvelles voitures ont été immatriculées en 2022. On est loin des 572 211 de 2011, la meilleure année de tous les temps. Quant à 2022, elle a été la pire année depuis 1995. Pourquoi les ventes de voitures affichent-elles de si mauvais résultats?
ANDREAS CREMER. “Ce recul est presque exclusivement dû aux retards de livraisons de véhicules neufs. Ce retard est encore dû à l’arrêt de la production dans les usines automobiles durant et après la pandémie. En outre, il y a toujours une pénurie pour les semi-conducteurs, qui sont des pièces cruciales des voitures. La guerre en Ukraine est un facteur supplémentaire. Cela a entraîné de nouvelles perturbations des chaînes d’approvisionnement. Tous ces éléments ont considérablement ralenti la production automobile et donc l’immatriculation de nouveaux véhicules. Mais j’appelle cela des perturbations temporaires. Une fois qu’elles seront terminées, la situation se stabilisera. Nous ne nous attendons donc pas à des baisses spectaculaires. Le besoin de mobilité individuelle est permanent, et la croissance de la population stimulera également les ventes.”
Donc c’est juste une question de production qui ne peut pas suivre la demande ?
CREMER. “Il y a déjà des signes que les ventes reprennent. En mai dernier, nous avons encore enregistré une baisse de 16 % par rapport à la même période en 2021. À la fin du mois de novembre, cette baisse avait été limitée à 4 %. Cela s’explique aussi par le fait que le marché belge est principalement composé de véhicules commerciaux et de société, qui ont représenté plus de 60 % de toutes les voitures neuves l’année dernière. Pendant la crise sanitaire, de nombreuses entreprises ont reporté leurs commandes de voitures. Aujourd’hui, nous constatons un rattrapage.”
Les ventes de voitures électriques sont un segment du marché, qui a déjà connu une croissance fulgurante l’année dernière. Le nombre de nouvelles voitures électriques a augmenté de 34 % pour atteindre 124 372 voitures. Mais il s’agissait presque exclusivement de véhicules de société.
CREMER. “En 2022, une voiture sur trois, nouvellement immatriculée, était “électrifiée”. C’est un record en Belgique. Environ 87 % des véhicules tout électriques immatriculés en 2022 ont été achetés par des entreprises ou des travailleurs indépendants. L’investissement dans la technologie électrique (le véhicule comme l’infrastructure) est plus facile à supporter pour les entreprises. Pour de nombreuses entreprises, c’est aussi une question d’image. À partir de 2026, seules les voitures électriques seront intéressantes fiscalement comme voitures de société. De nombreuses entreprises montrent l’exemple et ont déjà complètement basculé leur flotte.”
Mais seulement 13 % de tous les véhicules électriques sont achetés par des particuliers ?
CREMER. “La réticence est principalement liée à une certaine incertitude. Cette crainte est injustifiée, car l’autonomie moyenne des voitures électriques est actuellement de 399 kilomètres, et les Belges parcourent en moyenne 60 kilomètres par jour. Le manque d’infrastructures de recharge continue également de gêner les particuliers. En outre, les voitures électriques restent plus chères que les voitures à moteur thermique. En Belgique, les particuliers ne reçoivent pas de prime pour l’achat de voitures électriques. Heureusement, le choix est vaste : il existe environ 200 modèles électriques sur le marché belge. Cela aussi est un record.”
Les jeunes seraient de moins en moins intéressés par les voitures. Cela se remarque-t-il dans les chiffres de vente ?
CREMER. “Les chiffres ne le montrent pas, pas massivement en tout cas. Bien sûr, il y a des jeunes qui n’achètent plus de voiture ou qui ne passent plus le permis de conduire. Mais ce n’est pas la majorité. Cela dépend aussi de l’endroit où ils vivent. Dans les zones urbaines, c’est plus facile de se passer d’une voiture personnelle. Mais à la campagne, la situation est différente. Je connais beaucoup de jeunes qui ont encore besoin d’une voiture pour voyager. Les jeunes obtiennent leur permis plus tard aussi, lorsqu’il est temps de travailler, d’avoir une famille et des enfants. Il ne s’agit donc pas d’un abandon, mais d’un report de la possession d’une voiture. “
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