À qui appartient la Belgique ? Les médias, l’exception qui confirme la règle

Une partie des journaux néerlandais est passée sous contrôle belge. © Belgaimage

En Belgique, les groupes de presse incarnent le contre-exemple parfait d’une économie locale qui serait passée sous contrôle étranger. La grande majorité des journaux et magazines du pays sont en effet toujours aux mains de quelques familles belges – De Nolf (Roularta), Hurbain (Rossel), Le Hodey (IPM), Leysen et Baert (Mediahuis), Van Thillo (De Persgroep) – et la plupart de ces éditeurs se sont même illustrés ces dernières années en multipliant les acquisitions en Europe.

Dernier exemple en date : Mediahuis (éditeur des quotidiens De Standaard, Het Nieuwsblad, Het Belang van Limburg et Gazet van Antwerpen) s’est offert au printemps dernier le plus grand groupe de presse irlandais Independent News & Media (INM, qui possède deux tiers des quotidiens du pays) pour la bagatelle de 145 millions d’euros. La société belge n’en était pas à son premier rachat d’envergure puisqu’elle possède déjà une vingtaine de titres aux Pays-Bas, dont le prestigieux NRC Handelsblad depuis 2014 et surtout De Telegraaf, le journal le plus important du royaume, acquis en 2017.

Les Belges rachètent des titres étrangers

Contrairement à la presse belge dont l’ancrage est toujours bien local, la quasi totalité des journaux néerlandais est désormais passée sous pavillon étranger, et même sous le drapeau noir-jaune-rouge puisque les autres titres phares des Pays-Bas (De Volkskrant, Algemeen Dagblad et Trouw) appartiennent à De Persgroep. Depuis son arrivée à la tête de l’entreprise belge, éditrice du Laatste Nieuws et du Morgen, le CEO Christian Van Thillo a redynamisé le groupe de presse, acquis 100% des parts de Medialaan (la société mère de la chaîne télévisée VTM) et multiplié les acquisitions à l’étranger. Aujourd’hui, De Persgroep possède non seulement d’autres quotidiens régionaux aux Pays-Bas, mais aussi l’éditeur Berlingske Officin au Danemark qui publie notamment le plus ancien journal du pays Berlingske Tidende et le tabloïd BT.

Côté francophone, c’est le groupe Rossel, éditeur du journal Le Soir et des titres du groupe Sudpresse (La Capitale, La Meuse, La Province, etc.), qui s’illustre lui aussi par sa politique d’expansion. Depuis plusieurs années déjà, la société belge s’est invitée dans le nord de la France où elle a multiplié les rachats de quotidiens régionaux (La Voix du Nord, Le Courrier picard, L’Union, L’Ardennais, L’Est-Eclair, Libération Champagne, etc.) et où elle s’est offert aussi quelques radios et télévisions locales. En 2014, Rossel a également repris les magazines français Psychologies et Première au groupe Lagardère Active et a racheté, un an plus tard, 50% des parts de 20 Minutes, un quotidien gratuit distribué dans toute la France. Aujourd’hui, l’éditeur belge affirme réaliser 60% de son chiffre d’affaires outre-Quiévrain (environ 500 millions d’euros en 2018) et il vient même de racheter à TF1 l’agence de presse audiovisuelle Ouest Info qui compte 24 reporters d’images basés dans la pointe ouest de l’Hexagone.

Certaines conquêtes françaises n’ont toutefois pas toujours été aussi heureuses. On se souviendra notamment que Roularta (Le Vif, Knack, Trends-Tendances, etc.) a revendu en 2015 ses magazines français à l’homme d’affaires Patrick Drahi – président d’Altice – presque 10 ans après avoir acquis le groupe Express-Expansion. Autre exemple récent : la société liégeoise Nethys (L’Avenir) vient de céder les parts qu’elle détenait dans les groupes de presse français La Provence et Nice-Matin à Xavier Niel, fondateur de l’opérateur mobile Free et copropriétaire du quotidien Le Monde. Roularta, pour sa part, possède toujours plusieurs magazines en Allemagne et aux Pays-Bas.

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