Trends Tendances

Le dernier gouvernement belge?

“Nous avons non seulement besoin d’un plan de relance mais aussi d’un plan de confiance dans notre pays.” Le Premier ministre Alexander De Croo a cerné sa mission fondamentale, existentielle même : faire en sorte que le gouvernement qu’il préside ne soit pas le dernier du pays, que les partis nationalistes ne deviennent pas majoritaires en Flandre au prochain scrutin, comme semblent l’indiquer les sondages les plus récents.

Une telle ambition doit évidemment s’appuyer sur une amélioration de la situation économique. Le gouvernement insiste donc sur la politique de relance, sur le relèvement du taux d’emploi, sur le renforcement des fondations de cette “health and biotech valley” qui est sans doute le principal atout de la Belgique (et de ses trois Régions ! ) dans ce redéploiement. Sans perspectives rassurantes quant à l’évolution des conditions de vie, la bombe populiste ne pourra être désamorcée. Mais les chiffres seuls ne réussiront pas, tant est vive la défiance envers les dirigeants, en Belgique comme dans la plupart des pays occidentaux.

La confiance, ce sont les comportements des responsables politiques qui l’inspireront. Ou pas.

D’où le “plan de confiance” évoqué par Alexander De Croo. Cette confiance, ce sont les comportements des responsables politiques qui l’inspireront. Ou pas. L’accord de la coalition Vivaldi est truffé de zones d’ombre et de renvois à des études préalables, comme nous le détaillons en pages 10 à 19. Ce sont autant de sources potentielles pour ces querelles politiciennes qui empoisonnent régulièrement la vie gouvernementale. Si les sept partis cèdent à la tentation de la foire d’empoigne systématique, le Vlaams Belang ramassera la mise en 2024, voire plus tôt en cas de chute de la Vivaldi et d’élections anticipées.

Les présidents de parti ont manifestement conscience de l’importance de l’enjeu quand ils affirment, à la première page de leur accord, que le gouvernement “s’engage à fédérer et stimuler toutes les forces positives, dans un esprit de solidarité et de cohésion” et que leur choix est “celui de la coopération plutôt que de la désunion et de la tension”. Cela passera notamment, selon le Premier ministre, par l’appel à ” de nouvelles formes de participation et d’initiatives citoyennes “. Cela permettra, peut-être, de sortir du strict conflit partisan pour discuter de la taxation des plus gros patrimoines, de la fin des rémunérations alternatives de type chèques-repas ou de la convergence des régimes de pension. “C’est peut-être naïf mais ce que nous allons tenter de faire, c’est de montrer aux gens que les choses peuvent effectivement être faites autrement, confiait la vice-Première ministre Petra De Sutter (Groen) à la VRT. Si cela ne réussit pas, la Flandre pourrait avoir une majorité nationaliste aux élections de 2024. C’est donc une grande responsabilité pour le gouvernement Vivaldi. C’est la dernière chance pour le pays d’être géré par une équipe de personnes qui croient encore que la Belgique existera en 2030.”

La politique autrement ? On ne peut pas dire que le MR ait montré des signaux encourageants en ce sens ces derniers jours. Le président Georges-Louis Bouchez a frôlé la motion de défiance après avoir été accusé de népotisme et de sexisme dans l’élaboration de son premier casting ministériel (aux options très éloignées d’un CD&V qui a carrément choisi de ne reconduire aucun des ministres de la Suédoise). Ce pataquès a freiné l’élan, déjà pas trop vaillant, du gouvernement De Croo. Il ne lui faudrait pas un deuxième croc-en-jambe dans les prochaines semaines.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content