La guerre de Poutine bouscule Ecolo et sauve la Vivaldi

Notre dépendance à l'égard du gaz russe est désormais intenable. © belga image
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les écologistes sont désormais ouverts à une prolongation du nucléaire après 2025. Le débat sur l’indépendance énergétique est plus que jamais stratégique.

L’invasion russe de l’Ukraine décidée par le président russe Vladimir Poutine a fait voler en éclat les tabous écologistes. La prolongation de deux centrales nucléaires après 2025 est désormais envisageable: si Ecolo et Groen ne plaident pas ouvertement en ce sens, ils reconnaissent désormais qu’une “réévaluation” de la décision peut avoir lieu au sein de la Vivaldi fédérale. Normalement, le gouvernement d’Alexander De Croo devait décider le 18 mars au plus tard de la concrétisation de cette loi obtenue par les verts en 2003 – une autre époque.

Ce revirement écologiste représente une victoire politique pour les libéraux francophones: depuis des mois, le MR de Georges-Louis Bouchez plaide en faveur d’une prolongation du nucléaire, après avoir lui aussi défendu une sortie totale du temps où Charles Michel dirigeait le parti. Il permettra aussi d’apaiser les relations au sein de la majorité sur ce débat très sensible.

Le réalignement des planètes au sein de la coalition fédérale n’est toutefois pas le résultat des tweets incessants du président libéral, mais bien la conséquence de ce changement complet de contexte géopolitique: notre dépendance à l’égard du gaz russe (qui représente 40% de l’approvisionnement européen) est désormais intenable. La prolongation des centrales en Europe est une nécessité “critique au niveau national et international”, a notamment plaidé le milliardaire américain Elon Musk, abondamment relayé par de nombreux élus en Belgique.

Trop peu, trop tard

Encore faut-il savoir si cette prolongation du nucléaire sera possible… et à quel prix. Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie, a répété lundi 7 mars aux Echos qu’elle ne souhaitait pas la prolongation des centrales nucléaires en Belgique, après que son groupe eut déjà dit à plusieurs reprises qu’il était trop tard pour le faire. Une posture de négociation, afin d’obtenir la prise en charge du traitement des déchets par l’Etat, une “montagne financière” estimée à 40 milliards d’euros? Quant à l’autre acteur énergétique français actif en Belgique, EDF, il a fait du nucléaire sa priorité et Grégoire Dallemagne, CEO de Luminus (dont EDF est l’actionnaire majoritaire) a déclaré à Trends-Tendances, en janvier, qu’il restait attentif à la situation belge.

Un tremblement de terre à venir?

Le plaidoyer écologiste pour un sursaut énergétique vise aussi, et surtout, à augmenter fortement les investissements dans les énergies renouvelables et à prendre des mesures pour baisser la facture. “Il y a une vraie guerre en Ukraine, nous n’avons pas besoin de guéguerres internes, insiste la ministre fédérale, Tinne Van der Straeten (Groen). Nous avons besoin de coopération, pas de combat. Pour réduire les factures d’énergie et accélérer le développement des énergies renouvelables.”

“Le réveil est dramatique car trop tardif”, peste François De Smet, président de DéFI, dans l’opposition. La loi sur le nucléaire, dit-il, était “une erreur dont l’ampleur se révèle au fur et à mesure des années, alors que la crise climatique s’aggrave et que le renouvelable se développe insuffisamment“.

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