Olivier Mouton

Energie: arrêter de tergiverser!

Olivier Mouton Chef news

S’il y a bien un sujet sur lequel la Vivaldi fédérale doit dépasser ses blocages, c’est celui de l’énergie et de l’inflation. Sa crédibilité en dépend.

Jusqu’où grimperont les prix de l’énergie? C’est la question que tous les Belges se posent en cette rentrée alors que les plafonds ne cessent d’être repoussés. Au rythme où cela évolue, les experts évoquent une facture annuelle de gaz et d’électricité s’élevant à quelque 7.000 ou 8.000 euros pour un ménage moyen. Les entreprises, grosses consommatrices, se demandent comment elles pourront poursuivre leur activité dans de telles conditions. Cette réalité, sur fond d’inflation qui s’autonourrit, donne des angoisses et risque de générer une récession en Europe.

Les “lanceurs d’alerte” Bruno Colmant et Damien Ernst, respectivement économiste et spécialiste de l’énergie, tirent la sonnette d’alarme dans l’entretien conjoint qu’ils nous accordent : il faut se préparer à un “choc économique terrible” cet hiver. Et les politiques, singulièrement en Belgique, n’anticipent pas assez ce cataclysme annoncé, affirment-ils. Si des mesures de soutien aux ménages ont bien été décidées – chèques, baisse de la TVA, tarif social -, elles sont largement insuffisantes par rapport à l’ampleur de la hausse. Quant aux entreprises, ce sont les grandes oubliées de la crise. Certes, elles ont profité ces derniers mois de la relance post-covid et certaines d’entre elles répercutent les hausses dans les prix tant qu’elles les peuvent. Mais elles risquent de se fracasser contre ce mur annoncé.

S’il y a bien un sujet sur lequel la Vivaldi fédérale doit dépasser ses blocages, c’est celui de l’énergie et de l’inflation. Sa crédibilité en dépend.

“Les cinq à dix prochains hivers seront difficiles”, a reconnu cette semaine le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld). Très bien, mais que fait-il pour empêcher que cela ne fasse trop mal? S’il y a bien un sujet sur lequel la Vivaldi fédérale doit dépasser ses blocages, c’est celui de l’énergie et de l’inflation. Sa crédibilité en dépend. Au vu de cet été où tous les volets ministériels étaient clos alors que l’urgence est de mise, il y a de quoi être dubitatif sur sa capacité à agir…

Les responsables politiques belges doivent arrêter de tergiverser et prendre les mesures qui s’imposent. “Il faut immédiatement augmenter le minimum non imposable et indexer les barèmes fiscaux”, insiste Bruno Colmant. Qui préconise aussi des mesures au service des entreprises pour “défiscaliser l’inflation”, en leur permettant de déduire de la base imposable une fraction des investissements qui la subissent de plein fouet. “Il faut aussi absolument favoriser de nouveaux modèles d’approvisionnement au niveau énergétique dans les entreprises et les aider à être plus efficaces énergétiquement”, ajoute Damien Ernst. Qui vante par ailleurs les mesures chocs prises en Espagne et au Portugal pour changer le modèle de régulation du marché de l’électricité.

Il s’agit de travailler en deux temps: amortir le choc immédiat de cette crise énergétique sans précédent, tout en préparant un avenir moins dépendant du gaz russe et du chaos géopolitique, et vertueux sur le plan climatique. L’enjeu énergétique concerne tous les niveaux de pouvoir, de l’Europe aux Régions. Il doit permettre à la créativité et à l’innovation de s’exprimer, au-delà d’une sobriété indispensable.

Le projet des communautés d’énergie renouvelable est, à ce titre, un merveilleux exemple: il s’agit de permettre aux entreprises comme aux citoyens de s’unir pour mutualiser les bénéfices des éoliennes, des panneaux photovoltaïques, des batteries, etc. Le gain n’est pas négligeable: une facture réduite d’au moins 15%. Le potentiel est immense, même si l’on peut regretter que les grandes entreprises soient écartées du dispositif. Grâce à ces communautés, nous pouvons devenir des acteurs de la transition énergétique. En marge de la politique.

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