Le ciel par-dessus le toit

© PG

Ce soir, Loup (” comme l’animal “) dort en prison. L’adolescent s’est fait prendre au volant de la voiture de sa mère alors qu’il a à peine 17 ans. Il voulait rejoindre Paloma, sa soeur, qui a quitté le foyer. Phénix, le prénom que s’est donné Eliette pour renaître des cendres, se demande ce qui a poussé son fiston à la bêtise. Elle qui, fillette, était adulée par ses parents, quelle mère est-elle devenue ? Nathacha Appanah ( Tropique de la violence) tente de retisser les liens de ce triangle familial distendu en se plongeant dans les souvenirs de chacun. Tous se remémorent une enfance ou pensent à leur volonté de s’échapper du marasme. Ils aspirent à vivre l’instant et sa relative lenteur, mais la réalité les ramène à cette nouvelle embûche de la vie. Son écriture douce, précise, mais sans excès, met au jour les noirceurs de l’existence et une aspiration à la lumière que vient briser l’incarcération de Loup. Il y a de la force dans tous ces personnages autant que des faiblesses – ils n’ont ” de beauté que leur imperfection “. Le livre au titre inspiré de Verlaine touche aussi à une poésie rare. Politique, elle dénonce l’air de rien l’enfermement des mineurs dans un pays qui ” n’avait pas trouvé mieux que l’empêchement, l’éloignement, la privation, la restriction, l’enfermement et un tas de choses qui n’existent qu’entre des murs pour essayer de faire de ces enfants-là des adultes honnêtes, c’est-à-dire des gens qui filent droit “. Un livre court, un livre juste, un livre intense.

Nathacha Appanah, ” Le ciel par-dessus le toit “, éditions Gallimard, 128 pages, 14 euros.

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