Pourquoi la main-d’oeuvre en Belgique est de moins en moins jeune

Le secteur non marchand est particulièrement atteint par cette baisse du nombre de jeunes travailleurs. © Gettyimages

La part des moins de 25 ans dans les effectifs des entreprises belges est en diminution, selon une étude d’Acerta Consult.

Moins de 3% des travailleurs actifs en Belgique ont moins de 25 ans, indique une étude menée par le bureau de consultance en ressources humaines Acerta. Le chiffre serait de 2,9% aujourd’hui, contre 3,1% en 2015. Une baisse légère mais a priori étonnante au vu des quelque 220.000 emplois créés au cours de la législature écoulée et du net recul du chômage des jeunes dans les trois Régions.

Ce constat n’est pas réjouissant pour le tissu économique belge car, quels que soient les secteurs, ” la complémentarité entre les gens qui possèdent les talents et l’expérience et les jeunes qui arrivent est nécessaire “, estime Benoît Caufriez, directeur d’Acerta Consult. Cette mixité permet notamment aux plus anciens de transmettre leur savoir-faire, ce qui entretient leur motivation et leur implication professionnelle en fin de carrière. ” Le défi est d’intégrer cette mentalité-là dans la politique des ressources humaines “, précise le directeur au journal L’Echo.

Le constat est particulièrement problématique dans le secteur non marchand, où la proportion de travailleurs de moins de 25 ans a nettement baissé ces dernières années (elle est, au contraire, en hausse dans les services et le commerce). ” Il s’agit d’une évolution inquiétante car ce secteur a besoin de rajeunir, analyse Benoît Caufriez. Il est important d’étudier quelles en sont les causes exactes et d’adapter la politique RH que peut mener le non marchand pour se rendre plus attractif aux yeux des jeunes arrivant sur le marché du travail. ”

Triple explication

Les explications à ce (léger) vieillissement de la main-d’oeuvre sont multiples. Il y a d’abord l’impact de l’allongement de la durée moyenne des études, à la fois parce que de nombreux cursus universitaires ont été portés de quatre à cinq ans et parce que le système des crédits permet d’étaler un peu plus les études. Ensuite, les premiers pas dans le monde du travail sont souvent très chaotiques, avec une obligation de naviguer entre différents statuts (indépendants, intérim, temps partiels, etc.). De ce fait, une partie des jeunes travailleurs ne se retrouve pas dans les statistiques des effectifs officiels des entreprises.

Enfin, il y a tout bonnement l’impact du vieillissement de la population. Entre 2014 et 2018, la population belge a crû de 200.000 unités mais le nombre des 20-25 ans a, lui, diminué de 25.000 unités. Il y a donc proportionnellement moins de jeunes qui entrent sur le marché du travail (ce qui est aussi l’une des explications à la forte baisse du chômage chez les moins de 30 ans). Et comme, à l’autre bout de la carrière, des dispositions sont prises pour retarder le départ effectif à la retraite, la part des travailleurs âgés augmente logiquement.

Les statistiques du SPF Emploi confirment la hausse du taux d’emploi dans toutes les tranches d’âge de la population. Cette hausse est toutefois moins forte chez les 20-29 ans. En Wallonie et à Bruxelles, ce n’est même pas une hausse mais un parfait statu quo du taux d’emploi pour cette classe d’âge.

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