La croissance de Newpharma est menacée par une pénurie de main d’oeuvre
L’année 2021 a permis à Newpharma d’encore consolider sa très forte croissance depuis le début de la crise sanitaire. Le développement des activités de la pharmacie en ligne, leader du secteur en Belgique, est cependant menacé par une difficulté persistante à recruter, s’est inquiété son CEO Gilles Jourquin lors d’un entretien avec l’agence Belga.
L’entreprise basée à Wandre a encore connu une croissance soutenue en 2021, après une année 2020 lors de laquelle ses chiffres ont explosé en raison de l’arrivée du coronavirus. “Les commandes sont désormais plus importantes, de 65 euros en moyenne et plus diversifiées. On remarque que les consommateurs se sentent désormais beaucoup plus à l’aise avec le fait d’acheter en ligne, et ce pour tous les types de produits”, explique M. Jourquin.
Les antidouleurs et les vitamines, stars du début de la pandémie, ont d’abord fait place aux boosters d’immunité, puis aux gels hydroalcooliques, autotests et masques. L’année écoulée, ce sont les compléments alimentaires liés au stress et à la qualité du sommeil qui ont connu les plus fortes augmentations. La demande est fortement liée aux annonces des Codeco. Ainsi, après un pic avant les fêtes, le catalogue des solutions Covid a enregistré une nette baisse depuis la mi-janvier (-25%).
Manque de main-d’oeuvre
Newpharma est sur une perspective de “consolidation” en 2022, selon son CEO. L’automatisation mise en place à l’été 2020 et amenée à se développer prochainement permet d’envisager l’exercice à venir “sereinement, avec une forme de maturité adolescente”, d’après les mots de Gilles Jourquin. Cependant, la poursuite du développement de l’entreprise est menacée par un manque de main-d’oeuvre. “Nous engageons énormément d’intérimaires dont les contrats passent régulièrement en CDI. C’est ce qui nous a permis de passer de 200 travailleurs en période pré-Covid, à 300 aujourd’hui. D’ailleurs, 62% de nos collaborateurs nous ont rejoints durant la pandémie”, détaille le CEO.
Les forces vives sont devenues de plus en plus compliquées à dénicher depuis la fin de la deuxième vague, lorsque des travailleurs en chômage temporaire ont pu reprendre leur emploi, constate M. Jourquin. Concrètement, Newpharma cherche à recruter 50 personnes “pour du travail de jour et à temps plein”. “Nous en avons besoin pour continuer grandir et assurer notre promesse client, alors que les volumes augmentent. Il s’agit de postes d’opérateurs logistiques, de gestionnaires de stocks et de commandes, que nous formons en trois semaines.”
L’entreprise s’interroge sur ses difficultés à dénicher des travailleurs, dans une région où le non-emploi chez les jeunes dépasse les 25%.
Demande urgente d’opérateurs logistiques
Le constat est corroboré par le pôle de compétitivité Logistics in Wallonia. “Selon une étude de 2018, les hautes écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles diplôment entre 60 et 80 personnes par an en logistique, alors que la demande, même sans expérience, s’élève à plus de 350 par an”, explique l’administrateur délégué Bernard Piette.
Newpharma, dont la moitié des clients se trouve désormais à l’étranger, constate qu’aujourd’hui, “tout le monde achète en ligne, y compris dans les soins de santé”. “Notre clientèle était auparavant très jeune, mais depuis le Covid, nous avons connu une forte hausse du côté des médicaments en vente libre pour une clientèle de plus de 50 ans”, se félicite le CEO.
A Wandre également, la dernière sortie du président du PS a été accueillie avec incompréhension. “On ne peut pas opposer le commerce à l’e-commerce, qui est aussi un véritable vecteur de valeur ajoutée. On se trouve ici au carrefour de deux pôles de développement prioritaires en Wallonie: la digitalisation et la logistique. On ne comprend pas bien pourquoi l’e-commerce est pointé du doigt alors qu’il a bénéficié d’un demi-milliard d’investissement sur cinq ans. Pour nous il est important de se développer de manière durable et respectueuse pour les travailleurs”, assure M. Jourquin.
“On parle de l’e-commerce et du travail de nuit, mais nous cherchons des travailleurs de jour, en CDI et dans des conditions attractives, et on n’en trouve pas”, conclut-il tout en lançant une invitation. “Que M. Magnette vienne ici voir comment est traité notre personnel.”