Inflation et indexation des salaires : pourquoi les employeurs s’inquiètent
L’inflation est à son plus haut niveau depuis 2008, à 5,6%. Elle pousse les salaires vers le haut. Si cela soulage les finances des employés, cela rend plutôt nerveux les employeurs. Explications.
Les prix élevés du gaz et du pétrole poussent l’inflation à la hausse, à 5,6 %, du jamais-vu depuis une bonne dizaine d’années. L’inflation accélère depuis plusieurs mois. Après 4,16 % en octobre, elle a atteint 5,64 % en novembre, soit son niveau le plus élevé depuis juillet 2008.
Mauvaise nouvelle pour l’argent sur les comptes d’épargne qui perd encore de sa valeur. Bonne nouvelle, par contre, pour les personnes qui doivent rembourser leur prêt, ce dernier sera un peu réduit.
L’indexation des salaires qui découle de l’inflation empêchent les employés de perdre du pouvoir d’achat quand les prix de l’énergie ou à la consommation flambent. Les employeurs, de leur côté, s’inquiètent de cette poussée inflationniste et de l’impact sur les salaires.
La Fédération des entreprises de Belgique tire la sonnette d’alarme : “ Avec un taux d’inflation de 5,6 %, nous en sommes déjà à deux sauts d’index, affirme Edward Roosens, économiste en chef de la FEB. Les entreprises belges devront augmenter les salaires de 4,5 à 5 % en quelques mois seulement“, déclare. “Alors que pour l’ensemble de la période 2021-2022, on a tablé sur une augmentation de 2,8 %.”
Deux sauts d’index
Pour la CP 200, la commission paritaire auxiliaire pour employés (ex-CP 218), qui concerne plus de 450 000 employés et plus de 50 000 employeurs de secteurs très divers en Belgique, l’indexation des salaires se fait une fois par an, au 1er janvier, sur base de l’inflation de l’année précédente. Le salaire de tous ces employés sera revu à la hausse de 3,58% selon des calculs du prestataire de services RH SD Worx.
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La FEB craint que les entreprises belges ne perdent de leur compétitivité par rapport aux autres sociétés à cause de ce système d’indexation, unique en Europe. La fédération demande au gouvernement de travailler le plus rapidement possible sur “les mesures possibles pour briser cette spirale infernale”.
Mais le ministre fédéral de l’Emploi Pierre-Yves Dermagne (PS) ne veut pas en entendre parler. “Pour moi, il n’est pas question de toucher à l’indexation automatique et certainement pas à un moment où tant de familles ont du mal à payer leurs factures de gaz et d’électricité“, dit-il.
Il précise toutefois que ses services suivent de près l’inflation. Beaucoup de choses dépendent des prix de l’énergie. S’ils ne commencent pas à se calmer un peu l’année prochaine, le problème ne fera que s’aggraver. Et dans ce domaine, les dernières nouvelles ne sont pas réjouissantes.La facture de gaz et d’électricité pour un ménage moyen a de nouveau augmenté en novembre, selon des chiffres de la Creg publié ce mardi matin.
L’inflation annuelle à 4,9% dans la zone euro
L’office de statistiques de l’Union européenne évalue le taux d’inflation annuel de la zone euro à 4,9% en novembre, selon une estimation rapide publiée mardi. Il l’estimait à 4,1% en octobre, ce qui constituait déjà un record depuis la mi-2008, au moment de la crise financière.
Comme depuis plusieurs mois, ce sont les prix élevés de l’énergie qui poussent l’inflation vers le haut. L’énergie a connu le taux annuel le plus élevé en novembre (27,4%, contre 23,7% en octobre). Suivent les services (2,7%, contre 2,1% en octobre), les biens industriels hors énergie (2,4%, contre 2,0% en octobre) et l’alimentation, alcool & tabac (2,2%, contre 1,9% en octobre). Eurostat estime le taux d’inflation annuel en Belgique à 7,1% en novembre. Lundi, Statbel, l’office belge de statistiques, avait indiqué que l’inflation avait augmenté dans le Plat pays à 5,64% en novembre (contre 4,16% en octobre), soit son niveau le plus élevé depuis juillet 2008. Les deux institutions utilisent cependant une méthode de calcul différente.
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