Comment le travailleur peut-il aider son entreprise à économiser de l’énergie ?

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Dans le contexte de crise énergétique, le travailleur a aussi son rôle à jouer pour limiter la consommation d’énergie dans son entreprise. Cependant, il devra être bien accompagné et encouragé dans ses efforts, selon les experts que nous avons interrogés.

Comment un travailleur peut-il aider sa société à limiter ses dépenses énergétiques au quotidien ?C’est une bonne question et elle revient assez régulièrement”, nous répond Mathieu Bathélémy, “Facilitateur Énergie” pour la Wallonie. “On peut la voir sous deux approches. La première, le travailleur le fait par lui-même au travers d’un ensemble d’initiatives et d’écogestes qui participent à réduire les consommations énergétiques de son entreprise. Mais, ‘de lui-même’, cela signifie qu’il pourrait se sentir seul concerné et pas forcément soutenu, suivi et reconnu par ses collègues et employeurs. Dès lors, il risque de s’essouffler et se décourager.

Une approche plus efficace existe selon Mathieu Bathélémy.S’il convient de dire que les gros investissements matériels sont l’affaire des dirigeants et responsables techniques, les petits gestes et investissements en seraient-ils tout autre ? Je ne pense pas, il ne faut toutefois pas opposer les uns aux autres. La crise énergétique actuelle impose que tous, nous nous sentions concernés, chefs d’entreprise, dirigeants, employés, ouvriers, institutions publiques ou privées, responsables politiques…”

Création d’une “énergie-team”

Pour motiver les travailleurs à oeuvrer ensemble aux réductions d’énergie, une “énergie-team” peut être mise sur pied, illustre l’expert. Elle est composée de personnes de divers secteurs qui se réunissent périodiquement pour discuter des initiatives à prendre, des petits ou grands investissements à réaliser. “Les premières réunions doivent servir à s’entendre sur la situation, les objectifs et la méthodologie. Ensuite le groupe de travail doit être ouvert et communiquer régulièrement sur ses travaux vers la direction et l’ensemble des travailleurs“, commente Mathieu Bathélémy.

10 à 20% d’économies d’énergie

Pour Sébastien Menu, CEO de Broptimize, une société wallonne qui aide les entreprises dans leur transition énergétique, la question est plus complexe et appelle à la responsabilisation de chaque employé. “Clairement, il ressort de la plupart des audits réalisés qu’en entreprise, à équipements équivalents, il est souvent assez simple d’aller chercher entre 10% et 20% d’économies d’énergie simplement par un changement des habitudes. Le véritable problème se situe dans la mesure, c’est-à-dire dans la capacité à prendre conscience des résultats de ses actions. Il faut, en effet, que des outils de monitoring de la consommation soient à disposition des employés afin qu’ils puissent mesurer l’impact de leurs actions/inactions sur la consommation du bâtiment.”

Sept écogestes pour économiser l’énergie au bureau

Une photocopieuse consomme dans les 150 Wh par heure, cet appareil passe plus de temps à attendre qu'on l'utilise qu'à photocopier.
Une photocopieuse consomme dans les 150 Wh par heure, cet appareil passe plus de temps à attendre qu’on l’utilise qu’à photocopier. © GETTY

1. Stop au mode veille des appareils !

Les ordinateurs, moniteurs, écrans, imprimantes et autres appareils électroniques qui restent en mode veille au bureau continuent de consommer de l’énergie inutilement et parfois bien plus qu’on ne pense. Ces appareils en veille sont en réalité responsables de 5 à 10 % de la consommation d’énergie. On ne le dira jamais assez, mais il est bon de les éteindre complètement après une journée de travail. Si chaque employé est responsabilisé à éteindre un appareil en particulier sur son lieu de travail, l’effort collectif n’en sera que facilité pour limiter les dépenses d’énergie.

2. Privilégier les ordinateurs portables

Les ordinateurs portables peuvent consommer en moyenne 50 à 80% moins que les ordinateurs fixes. Ils seront donc privilégiés. Pour certains métiers, il est même envisageable de remplacer son portable (de 30 à 100 kWh/an) par une tablette (de 5 à 15 kWh/an).

3. Adopter une navigation plus green

Notre consommation d’énergie s’envole parfois de façon insoupçonnée: la multiplication d’onglets ouverts sur notre navigateur, l’accumulation de fichiers dans le cloud ou rien que la multitude de recherches internet sont des actions très demandeuses d’énergie, mais qui passent souvent inaperçues. Selon l’étude Web Energy Archive pour l’ADEME, relayée par le site français Ubiq, le navigateur Chrome serait d’ailleurs l’un des plus énergivores avec 27 Wh pour 1.000 pages vues, devant Internet Explorer et Firefox.

4. Vider régulièrement sa boîte mail

En moyenne, 240 millions d’emails sont envoyés par minute dans le monde. Et d’après Cleanfox, un mail consommerait 10g de CO2 par an, soit une ampoule basse consommation pendant 1 heure. Cette pollution numérique vient du fait que les données numériques enregistrées sont stockées dans des data canters qui nécessitent beaucoup d’énergie pour fonctionner. Il est donc plus qu’utile de nettoyer régulièrement sa boîte mail.

5. Stop aux impressions inutiles !

La fabrication d’une feuille de papier consomme 50 fois plus d’énergie que de l’imprimer (25 Wh contre 0,5 Wh). Pour économiser l’énergie, il faut donc imprimer le moins possible, préférer le papier recyclé (60% d’économie), le recto verso (40% d’économie) et placer plusieurs pages par feuille, conseille Ecoconso.be. Le site de bons conseils écologiques ajoute qu’une photocopieuse passe plus de temps à attendre qu’on l’utilise qu’à photocopier. Et une photocopieuse qui attend, cela consomme dans les 150 Wh par heure. Si l’on considère qu’elle n’est utilisée que 30% du temps, on se rend compte qu’elle va consommer plus de 1000 kWh par an, à ne rien faire. “Éteignons-la plutôt quand elle n’est pas utilisée, groupons les photocopies et plaçons un multiprise pour couper la consommation résiduelle qui peut encore représenter plusieurs dizaines de watts“, conseille le site.

6. Laisser passer la lumière naturelle

La lumière naturelle, c’est prouvé, augmente la productivité des employés et leur confort, en plus de permettre de lutter contre la dépression saisonnière. L’idée est de s’installer au maximum quand c’est possible près des fenêtres pour éviter un éclairage artificiel plus coûteux pendant les mois les plus sombres de l’année.

7. Enfiler son gros pull

La température requise par le système de chauffage dans les bureaux ne dépassera pas 19°C dans les locaux utilisés, préconise la FEB dans sa charte pour des économies d’énergie en entreprises. La nuit ou lorsque les bureaux ne sont pas occupés, la température sera maintenue à 17°C au maximum. S’il fait trop frisquet, des sous-vêtements thermiques ont beaucoup plus d’effet qu’un gros pull.

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