Pension en Belgique: quel montant prévoir pour profiter d’une retraite confortable ?
La pension légale doit-elle assurer une vie confortable ou préserver les citoyens de la pauvreté ? C’est la question posée à plus de 1000 Belges, avec des réponses contrastées.
Les résultats du sondage réalisé par l’assureur vie NN Insurance* auprès d’un millier de citoyens belges montrent une divergence d’opinions sur ce que doit couvrir la pension légale. En moyenne, 49 % des Belges pensent que cette dernière doit permettre de vivre confortablement, en accord avec leur train de vie d’avant-retraite. Pour les 50 % restants, la pension légale est plutôt un moyen de couvrir le coût des choses essentielles de la vie ou de les protéger de la pauvreté.
On observe des différences entre les différents régimes de travail. Les fonctionnaires considèrent la pension légale davantage comme un moyen de vivre confortablement, en accord avec le niveau de vie d’avant la retraite. Ce qui semble logique, car ces derniers n’ont pas droit à une pension complémentaire et sont donc plus dépendants de la pension légale. Les jeunes voient, au contraire, la pension légale comme un moyen d’éviter le tomber dans la précarité.
Combien pour une pension confortable ?
De combien d’argent faut-il exactement disposer pour pouvoir vivre confortablement l’âge de la retraite venu ? Début 2020, un salarié percevait une pension brute moyenne de 1.311,79 euros en tant qu’homme et de 1.024,81 euros en tant que femme, selon des données chiffrées rapportées par la VRT. Ces montants ne semblent pas suffisants pour que les Belges puissent vivre une vie confortable après la retraite, en accord avec le niveau de vie lorsqu’ils étaient actifs.
Selon les personnes interrogées lors du sondage, une pension légale mensuelle de 1.800 euros nets est nécessaire pour pouvoir mener une vie confortable. Pour éviter de sombrer dans la pauvreté, les Belges disent avoir besoin de 1.000 euros par mois. Tandis que pour couvrir les besoins essentiels, ce montant s’élève à 1.200 euros. Si on parle de mener une vie dite “luxueuse”, les Belges indiquent que le montant doit plutôt grimper à 3.000 euros.
La moyenne entre le montant dont les Belges ont besoin pour pouvoir mener une vie confortable et celui pour couvrir les besoins essentiels est de 1.500 euros, soit le montant que le gouvernement vise comme pension minimale après une carrière complète (45 ans).
Le rôle de la pension complémentaire gagne en importance
L’assureur vie NN part du principe que les Belges, et principalement les salariés ou les indépendants, ne doivent pas dépendre entièrement de la pension légale (1er pilier) pour mener une vie confortable après la retraite. Ils doivent aussi être mieux informés sur les différentes options d’épargne, émanant des autres piliers de pension.
Les 4 piliers de pension
Le premier pilier est la pension légale versée par l’Etat. Le second pilier est constitué d’une assurance groupe ou d’un fonds de pension prévus par l’employeur. Pour les indépendants, il existe d’autres options, comme la Pension libre complémentaire pour indépendants (PLCI). Le troisième pilier regroupe l’épargne-pension et/ou l’épargne à long terme qui bénéficient d’un avantage fiscal. Le quatrième pilier représente les efforts d’épargne personnels via un compte épargne, un portefeuille de titres (actions et obligations), certaines assurances vie… Il ne donne pas droit à un avantage fiscal. L’immobilier est parfois considéré comme un cinquième pilier.
“Le dossier des pensions est une matière complexe à appréhender pour les Belges. Il leur est parfois difficile de différencier les piliers et régimes de fiscalité. Il est pourtant important que les citoyens construisent le plus tôt possible leur pension, nous explique Jan Van Autreve, CEO de NN Belgium. Plus de la moitié des Belges ne planifient rien, c’est dangereux, car le premier pilier est relativement bas. Pourtant, de nombreux Belges ont la possibilité d’épargner et doivent réfléchir aux rendements offerts par les autres piliers.”
Jan Van Autreve croit en l’ensemble des différents piliers pour protéger tous les Belges. Combinés les uns aux autres, ils doivent se renforcer l’un l’autre. “Une bonne combinaison entre la pension légale et la pension complémentaire est importante. Ce n’est que de cette manière que les pensions pourront rester abordables pour les générations futures. La pension légale doit avant tout être suffisante pour couvrir les frais de base. La pension complémentaire doit assurer une vie confortable. De cette façon, la responsabilité est répartie sur différents acteurs et il y a moins de pression sur le gouvernement et les générations futures. C’est au gouvernement à proposer dès maintenant un plan durable et réaliste “, avance Jan Van Autreve.
Plus de la moitié des Belges ne planifient rien, c’est dangereux, car le premier pilier est relativement bas.
Jan Van Autreve, CEO de NN Insurance
“Cela relève aussi de la responsabilité individuelle, continue le dirigeant. Tout le monde est convaincu qu’on a besoin de la solidarité. Il faut éviter que les Belges ne croient plus dans le système de pension, car si les Belges pensent qu’ils doivent travailler pour les pensions des autres, ce n’est pas sain. D’un autre côté, si un citoyen réussit bien dans la vie, il doit aussi être solidaire avec les personnes qui ont plus de difficultés“, estime-t-il.
Les chiffres du “Baromètre de la Sérénité financière” (août 2021), recueillis auprès de 4.000 Belges, montrent que seuls 19 % d’entre eux croient que le gouvernement sera en mesure de continuer à payer les pensions. Pour la génération la plus jeune (18-34 ans), ce chiffre tombe même à 14 %. En outre, 55% manquent de connaissances sur la planification financière des retraites.
Une éducation à l’épargne-pension dès… 6 ans
Cette prise de conscience de l’importance d’épargner tout au long de sa vie doit se faire dès le plus jeune âge, estime le CEO de NN. “Il est important d’informer tôt, à l’école, et cela dès 6 ans. Les professeurs peuvent expliquer que les parents travaillent, en tant que fonctionnaire ou qu’indépendant, que les grands-parents ne travaillent plus, qu’il y a une période active et une autre inactive dans la vie. Les enfants peuvent comprendre qu’il est important d’épargner pendant la période active pour être plus à l’aise financièrement pendant la période inactive. On peut leur raconter via des fables, comme celle de la cigale et la fourmi, par exemple.”
Les enfants peuvent comprendre qu’il est important d’épargner pendant la période active de sa vie pour être plus à l’aise financièrement pendant la période inactive.
Jan Van Autreve, CEO de NN Insurance
L’épargne pension doit débuter dès qu’on en est capable financièrement. “Il faut commencer à épargner le plus tôt possible. Ce n’est pas toujours possible avec un prêt hypothécaire quand on est jeune, mais dès qu’on peut, il faut le faire, en commençant par des petits montants. Il y a aussi un vrai avantage fiscal à investir dans une pension complémentaire.”
Par ailleurs, Jan Van Autreve est aussi d’avis que les travailleurs ne s’informent pas suffisamment sur les droits de pension dont ils vont bénéficier lors de la signature de leur contrat de travail. “C’est bien d’avoir une belle voiture, un bon salaire, mais le travailleur ne s’intéresse pas assez aux pensions complémentaires. C’est une partie importante du package salarial qui n’est pas toujours prise en compte. L’employeur doit être transparent et compétitif à ce sujet.”
Des outils pour consulter l’état de sa pension
MyPension.be est la plate-forme du gouvernement qui permet aux citoyens de consulter le montant de la pension qu’ils peuvent espérer toucher quand l’heure de leur retraite aura sonné.
Le CEO belge de l’assureur vie NN estime que l’outil est intéressant pour consulter dans quelle mesure le citoyen est déjà protégé par son premier et deuxième pilier de pension. Ce montant permet de faire le calcul pour voir ce qu’il peut trouver comme solution pour augmenter ce montant.
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Jan Van Autreve émet quelques bémols. “Je pense qu’on peut encore améliorer l’attractivité de la plateforme. Il faudrait réfléchir à la manière dont l’information est présentée aux citoyens, de manière plus attractive et proactive, qu’ils aient envie de venir consulter l’état de leur pension plus régulièrement, qu’ils s’approprient l’outil. L’information est là, la plateforme fonctionne, mais elle est peut-être un peu complexe.”
Sur MyPension.be, on retrouve les données chiffrées de la pension légale (1er pilier) et du second pilier. On n’y retrouve pas les 3e et 4e piliers.
“Le débat sur l’intégration de ces piliers est délicat, car ils relèvent de la sphère privée. Certains Belges ne veulent pas de cette sorte de “cadastre” de leurs biens financiers alors que d’autres n’auront pas de problèmes à ce qu’on rajoute ces informations.” NN ne prend pas position sur l’intégration des autres piliers dans Mypension.be. La société explique avoir créé une app’ (NN Connect) complémentaire à la plate-forme, pour que ses clients puissent aussi consulter ce qu’ils ont déjà épargné dans le 3e et 4e pilier via son offre d’investissements.
Pour le CEO de NN Belgium, le site MyPension devrait faire l’objet de campagnes de pub pour informer les Belges que toutes les informations concernant leur future pension sont disponibles en ligne. “La connaissance financière des Belges est relativement basse. Les personnes qui ont besoin de connaître les informations consultables sur MyPension n’ont pas toujours accès à cet outil. Il faut davantage les informer de son existence.
*L’enquête de l’assureur vie NN, menée par l’agence de recherche indépendante Indiville, a été réalisée en ligne auprès de 1.025 Belges entre le 30 août 2021 et le 8 octobre 2021. La population étudiée à chaque moment de mesure est composée de personnes âgées de 18 à 79 ans et est représentative de la population belge. La marge d’erreur maximale est de 3,1 % par mesure.
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