Un continent en cours de construction

A l’horizon 2040, au moins cent villes africaines compteront au moins un million d’habitants et au moins sept villes abriteront une population de plus de dix millions d’âmes.

Nous connaissons tous au moins une histoire de voyageur qui, revenu d’Afrique, s’est plaint des difficultés rencontrées sur place pour atteindre le village suivant, souvent situé une vingtaine de kilomètres plus loin. Pendant plusieurs décennies, les Occidentaux y ont regretté l’absence de vraies routes, le peu de fiabilité du réseau électrique, les rares centres commerciaux, bureaux modernes, logements décents pour les familles, ports et aéroports dignes de ce nom.

Cela ne fait que quelques années que ces mêmes Occidentaux commencent à comprendre que cet énorme retard en termes d’infrastructure constitue précisément une opportunité d’investissement inespérée. Les Chinois l’ont d’ailleurs compris, eux, même s’ils se contentent pour l’instant d’améliorer l’infrastructure dans les régions où les réserves de matières premières sont intéressantes. Malgré cela, fin 2012, une route africaine sur trois (34%) était praticable, contre 52% en moyenne dans les pays émergents. Les coûts de transport africain peuvent dès lors être très élevés, jusqu’à représenter le double de ce qui prévaut dans le reste des régions émergentes. Ce qui met(tait) un frein à la croissance et au développement du continent.

En 2010, seulement 51 villes africaines comptaient plus d’un million d’habitants. La capitale égyptienne du Caire était la seule ville à abriter 10 millions d’habitants en Afrique. Toutefois, cette situation est appelée à changer rapidement. A l’horizon 2040, au moins 100 villes compteront au moins un million d’habitants et au moins sept villes abriteront une population de plus de 10 millions d’âmes. Des villes comme le Caire, Lagos et Kinshasa pourraient même devenir des métropoles d’environ 20 millions d’habitants.

Evidemment, cette nouvelle réalité exigera des investissements gigantesques en infrastructure (logements, routes, électricité, transports publics, etc.). Dans la capitale kényane de Nairobi, par exemple, au moins 150.000 logements familiaux décents supplémentaires sont nécessaires chaque année, alors que récemment, seuls 30.000 (20%) nouveaux logements étaient construits par an. Au Ghana, on note un déficit de logements d’au moins 1,6 million d’unités et ce chiffre pourrait augmenter à 3,6 millions au cours de la prochaine décennie. Ce déficit de logements explique que le logement dans des villes telles que Luanda, Lagos et Kinshasa soit plus cher désormais que dans des villes européennes comme Paris, Vienne, Stockholm ou encore Bruxelles, etc. Qui plus est, le système bancaire est peu développé, de sorte que dans un pays prometteur comme le Ghana, par exemple, les emprunts hypothécaires en cours ne représentent que 1% du produit intérieur brut (32% en Afrique du Sud).

Il est clair que le potentiel de croissance du secteur de la construction africain est encore gigantesque. C’est pourquoi nous demeurons convaincus de l’intérêt à long terme d’une valeur telle que Texaf, même si nous pouvons élargir ce constat à l’ensemble du secteur des travaux d’infrastructure. C’est également pourquoi nous nous intéressons au groupe français Lafarge (lire Flash), qui a publié la semaine dernière ses chiffres pour 2013 et réalise un tiers de son EBITDA en Afrique et au Moyen-Orient. Au cours de la période 2013-2017, le groupe espère du reste accroître de 50% sa capacité de production en Afrique.

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