Tremblement de terre économique
La stagnation économique du monde occidental et l’essor des marchés émergents ne sont finalement rien de plus qu’un retour à la situation du Moyen Âge.
En 1500, la Chine et l’Inde représentaient encore 50% du PIB mondial (produit intérieur brut, soit la production totale de biens et services d’un pays). A partir de la révolution industrielle et grâce ensuite au soutien des ” babyboomers ” en Occident d’une part, et de l’immobilité économique de la Chine et de l’Inde d’autre part, cette contribution au PIB mondial s’est divisée en 10 en 1980, à 5% à peine.
Il y a quelques décennies, 10 à 15% de la population mondiale (Etats-Unis, Europe occidentale et Japon) représentaient 80% du PIB mondial. Un énorme déséquilibre qui s’est rétabli à un rythme de plus en plus important au cours des dernières décennies. Sur la base des données du FMI, l’an dernier, la Chine produisait à nouveau 11% du PIB mondial, l’Inde se contentant de 2%. La contribution des trois grands blocs s’est à nouveau tassée, à 53% (23% Europe occidentale, 22% pour les Etats-Unis et 8% pour le Japon).
Retour au Moyen Âge
Sans l’ombre d’un doute, cette contribution continuera de baisser d’ici à 2050. Certains organismes prévoient même un recul de la part de l’Europe occidentale à 5% du PIB d’ici là. Selon une étude de Citigroup en effet, 9 pays européens, dont le nôtre, connaîtront la croissance annuelle de leur PIB la plus faible au monde au cours de la période comprise entre 2010 et 2050. Un pays se distingue négativement : le Japon (à peine 1% de croissance moyenne). Cela dit, l’Allemagne (1,6%), les Pays-Bas (1,7%), la Belgique (1,9%) et la France (2%) ne sont pas beaucoup mieux lotis. A l’opposé, le top 10 des pays appelés à connaître la plus sensible croissance d’ici à 2050 se compose exclusivement de pays asiatiques et africains, le Nigéria (8,5%), l’Inde (8%), l’Irak (7,7%), le Vietnam et le Bangladesh (7,5%) en tête. En 2000, ce top 10 contenait encore 5 pays européens… En 2050, le Royaume-Uni devrait être le seul à y figurer… à la dernière place. Le top 5 serait formé de la Chine, de l’Inde, des Etats-Unis, de l’Indonésie et du Nigéria.
Cette évolution n’est pas à proprement parler le reflet de celle qui prévalait au Moyen Âge, mais nous nous en rapprochons. Et nous aurions tort de ne pas adapter notre portefeuille d’investissements à ce nouveau tremblement de terre économique. Ce qui ne signifie pas qu’il faille remplir notre portefeuille d’actions asiatiques, africaines et sud-américaines. Pour notre part, nous recherchons depuis quelques mois et semaines des entreprises occidentales (d’envergure) conscientes de ces nouveaux enjeux et réalisant une part de plus en plus grande de leur chiffre d’affaires et de leur bénéfice dans les pays émergents. Avec le groupe suisse Nestlé (lire notre rubrique Flash en page 8), nous ajoutons un nouveau nom à la liste (43% de son chiffre d’affaires a été réalisé l’an dernier dans ces régions émergentes).
Stratégie
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