Danny Reweghs

Se protéger contre Vladimir Poutine… et Jerome Powell

Danny Reweghs Journaliste

Les tensions géopolitiques ont soutenu les cours de l’or et de l’argent, mais aucune véritable ruée n’a eu lieu. Les métaux précieux évolueront prochainement au gré des décisions du président de la Fed et du président de la Russie. N’oubliez pas, pour autant, qu’ils sont toujours dans un marché haussier séculaire.

Vladimir Poutine a finalement franchi le Rubicon: avec l’escalade du conflit entre l’Occident et la Russie sur la question de l’Ukraine, le président russe plonge le monde dans une instabilité et une incertitude durables. Nous connaissons une nouvelle Guerre froide, et avec elle se confirme le lien historique étroit entre montée des tensions géopolitiques et hausse des cours de l’or et de l’argent. Car les investisseurs n’aiment pas les incertitudes: lorsqu’une guerre éclate, ils se défont de leurs actifs risqués et trouvent refuge, notamment, dans les obligations d’Etat et les métaux précieux. Ici, la panique a toutefois été de courte durée. Wall Street s’est rapidement redressée et il n’y a pas eu de ruée vers l’or. Cela dit, à présent que Vladimir Poutine remet l’option nucléaire sur la table, nous nous félicitons d’avoir accru notre exposition aux métaux précieux. Ceux-ci ont récemment été à la peine; il fallait bien un conflit armé pour les tirer vers le haut, alors que les taux devraient augmenter des deux côtés de l’Atlantique.

L’escalade sur le front ukrainien met en difficulté Jerome Powell et Christine Lagarde dans la gestion de leur politique monétaire. Longtemps, la banque centrale américaine (Fed) et sa pendante européenne ont sous-estimé le problème de l’inflation; elles n’ont pas encore relevé les taux. Les grands argentiers ont donc une marge réduite pour répondre à la crise ukrainienne. Si le risque de ralentissement conjoncturel est réel, la nouvelle explosion des prix de l’énergie et des produits alimentaires pourrait également doper l’inflation, ou tout du moins la maintenir à un niveau très élevé. Le marché espère que la Fed ne relèvera pas les taux de manière trop agressive. Et tant que la politique de l’institution en la matière demeurera incertaine, les marchés continueront d’être très volatils. La réunion de la Fed du 16 mars sera déterminante à cet égard.

Hausse durable

Nous le répétons: le passage à vide, ces 18 derniers mois, des métaux précieux n’a jamais entaché notre confiance dans leur évolution très positive à long terme. Depuis 2016, le marché des métaux précieux vit une hausse séculaire – ce qui n’empêche pas, bien sûr, des corrections intermédiaires. La conduite de politiques budgétaires et monétaires extrêmement laxistes a entraîné l’accroissement de la dette des principales économies de la planète. La crise ukrainienne fera encore dérailler davantage les finances publiques: chaque Etat augmente le budget qu’il consacre à sa défense. Cette tendance structurelle se soldera par des bouleversements sur les marchés financiers. Tôt ou tard, une nouvelle phase ascendante s’amorcera – peut-être plus tôt qu’on ne le croit, compte tenu de la guerre en Ukraine, et de l’assouplissement des politiques monétaires qu’elle est susceptible de provoquer.

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