Réconciliation avec le secteur bancaire européen
Nous disposons à nouveau de suffisamment d’arguments pour tabler sur un redressement du secteur bancaire au cours des six à douze prochains mois.
Ces dernières années, nous n’avons guère prêté attention au secteur financier, en particulier à un secteur bancaire européen qui ne nous inspirait déjà aucune confiance avant l’éclatement de la crise bancaire de 2008-2009. Après une première phase de redressement, les valeurs bancaires européennes ont d’ailleurs accumulé les contre-performances ces dernières années. Le redressement de ces derniers mois n’a pas permis au secteur bancaire de rattraper la totalité du terrain perdu sur le reste du marché au début de l’année. Sur les douze derniers mois, le Stoxx600 Banks Index accuse un débours de 6% par rapport au Stoxx600. Sur deux ans, l’écart atteint 16%, sur cinq ans, quelque 37%.
Valorisations très faibles
Comme dans de nombreux autres domaines, les Européens se sont attaqués bien trop mollement à l’assainissement des bilans bancaires après la crise. Plutôt à la japonaise qu’à l’américaine. Résultat: l’Union européenne compte toujours bien trop de “banques-zombies” aux réserves beaucoup trop faibles. Le secteur bancaire italien, en particulier, est encore très malade et lourdement sous-capitalisé.
Les banques sont également handicapées par les taux négatifs utilisés par la Banque centrale européenne (BCE) pour lutter contre la récession et la déflation, lesquels limitent leur capacité à dégager des bénéfices. Leur modèle économique, déjà très fragilisé par la crise bancaire, subit ainsi une pression supplémentaire. Car les nombreuses réglementations promulguées depuis la crise financière pèsent sur la rentabilité des banques. En juin, le Brexit a fait déferler une nouvelle vague de panique sur le secteur financier. Mais celui-ci pourrait bien avoir atteint son plancher pour quelque temps.
Car si les bénéfices moyens des banques européennes ont reculé de 20% depuis que le président de la BCE Mario Draghi s’est lancé dans sa politique d’assouplissement qualitatif (QE) en janvier 2015, leurs actions ont baissé de 30%. Le sentiment très négatif à l’égard du secteur a engendré des valorisations attrayantes. Ainsi les 44valeurs du Stoxx600 Banks se traitent-elles en moyenne à seulement 0,75fois leur valeur comptable (contre une moyenne de 1,7fois pour les actions du Stoxx600) et 13fois leurs bénéfices attendus en 2016 (18fois pour le Stoxx600), pour un rendement de dividende de 4,7% brut (contre 3,5% en moyenne pour l’indice Stoxx600)!
Coup double
Bien entendu, une faible valorisation ne suffit pas pour provoquer un retournement (significatif) de tendance. Mais dans ce domaine aussi, Donald Trump pourrait donner un coup de fouet salutaire. En effet, si la faiblesse des taux et l’inflation pèsent toujours sur les résultats des banques, l’intention affichée par le président républicain de dépenser davantage, de réduire les impôts et donc d’accroître l’endettement a provoqué une envolée des taux d’intérêt (faibles) dans l’ensemble de l’hémisphère occidental ces derniers jours. Laquelle favorise la rentabilité des banques.
La situation des banques européennes serait encore meilleure si la BCE maintenait sa politique de taux bas pendant un temps, vu la croissance toujours très faible dans la zone euro et les risques politiques (référendum en Italie, élections présidentielles en France et parlementaires en Allemagne). Pareil maintien offrirait aux banques commerciales la possibilité d’accroître leurs marges sur les taux. En outre, l’impact sur les bénéfices pourrait être énorme: 200points de base de marge de taux correspondent à une croissance du bénéfice de 50%.
Pas de déduction hâtive
De ce qui précède, vous pourriez déduire qu’un investissement dans les actions bancaires (européennes) va presque de soi. Mais les choses ne sont pas si simples, l’élection de Trump ne résout pas tous les problèmes. Outre celui de la lourde sous-capitalisation des banques italiennes – qui pourrait devenir très prégnant si le référendum en Italie se terminait “mal” -, il y a naturellement le cas Deutsche Bank. Nous avons déjà présenté la plus grande banque allemande dans notre 41eédition (“Dans l’oeil du cyclone”). Une rentabilité très faible associée à un bilan fragile et un gigantesque portefeuille de produits dérivés en fait sans doute l’investissement le plus risqué du secteur bancaire européen. Le catalyseur (de l’action) à court terme serait la conclusion d’un accord avec le ministère américain de la Justice sur le montant de l’amende. Mais si celle-ci se révélait supérieure aux attentes, l’institution pourrait replonger dans une atmosphère de crise (temporaire).
Redressement
Pour autant, toutes ces basses besognes semblent déjà intégrées dans les valorisations actuelles. Le secteur financier affiche en effet une sous-performance assez extrême sur les derniers mois et années. De plus, les résultats des banques _ surtout en Belgique et aux Pays-Bas _ démontrent qu’il est possible de dégager des bénéfices significatifs dans cet environnement délicat. Sur ce point, les chiffres publiés notamment par la KBC ont été rassurants. Il y aura des hauts et des bas, mais nous disposons à nouveau de suffisamment d’arguments pour tabler sur un redressement du secteur bancaire au cours des six à douze prochains mois. Vous pouvez opter pour des actions bancaires individuelles, auquel cas nous vous recommandons la prudence en vous limitant par exemple aux banques “proches” comme KBC, ABN AMRO, BNP Paribas et ING.
S’agissant du portefeuille modèle, nous avions déjà choisi, il y a un temps, de miser sur ce redressement à l’aide d’un investissement dans l’iShares Stoxx600 Banks (cotation à Francfort; plus-haut et plus-bas de ces douze derniers mois: 21,8 et 12,1euros; codeISIN: DE000A0F5UJ7).
Stratégie
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