NVIDIA, la nouvelle Tesla

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Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Une nouvelle fois, un titre a été porté aux nues, en Bourse : le fabricant de puces NVIDIA. Entre octobre 2022 et mars 2024, son cours a été multiplié par neuf et la capitalisation boursière s’est envolée. Mais NVIDIA fera tôt ou tard l’objet d’une correction, à l’instar de Tesla, dont l’action vaut actuellement moins de la moitié de son cours d’il y a deux ans et demi, pendant que Wall Street enchaîne les records.

En 2021, le Pacte vert pour l’Europe a propulsé la lutte contre le changement climatique au rang des thèmes d’investissement incontournables. En Bourse, Tesla Motors a symbolisé l’indispensable électrification du parc automobile. Son CEO et actionnaire de référence, Elon Musk, est devenu omniprésent. Les investisseurs se sont arraché le titre, dont le cours a été multiplié par 10 entre mars 2020, au début de la pandémie de Covid-19, et novembre 2021.

Fin 2021, la capitalisation boursière de Tesla atteignait 1.200 milliards de dollars, soit plus que tous les autres constructeurs automobiles réunis, tandis que le leader du très modeste segment électrique ne représentait que 3 à 4 % du marché automobile. A son sommet, l’action s’échangeait à 410 dollars, soit 100 fois les bénéfices escomptés à l’époque, alors même qu’une concurrence sérieuse commençait à émerger. Cette concurrence a pris sa place, forçant notamment Tesla à abaisser plusieurs fois ses prix sur le marché chinois. L’action vaut actuellement moins de la moitié de son cours d’il y a deux ans et demi, pendant que Wall Street enchaîne les records. De nombreuses autres valeurs liées aux énergies alternatives (Fastned, Orsted, Vestas Wind Systems) ont aussi perdu la moitié, sinon plus, de leur valeur boursière depuis 2021.

Le danger de la (sur)valorisation

L’on pourrait penser que la leçon a été tirée, mais ce n’est pas le cas. Car le lancement de ChatGPT a suscité un emballement aveugle pour l’intelligence artificielle (IA). Une nouvelle fois, un titre a été porté aux nues : le fabricant de puces NVIDIA. Et en Bourse, l’histoire se répète : entre octobre 2022 et mars 2024, son cours a été multiplié par neuf et la capitalisation boursière s’est envolée, atteignant 2.500 milliards de dollars alors que l’entreprise affichera un chiffre d’affaires de quelque 100 milliards de dollars pour l’exercice actuel. Ce cours, qui dépasse largement le prix de la perfection, implique le maintien de l’hégémonie de NVIDIA. Or, là aussi, la concurrence est aux aguets. La part de marché de NVIDIA va logiquement se réduire, tout comme ses marges bénéficiaires, et le taux de croissance sera probablement plus lisse que ce que n’anticipe aujourd’hui le marché.

Nous craignons donc que les investisseurs qui se laissent emporter par l’ascension fulgurante de NVIDIA ne le regrettent amèrement dans un avenir pas si lointain. Et c’est bien là le danger de la (sur)valorisation. C’est un fait : la transition écologique est enclenchée, tout comme l’intelligence artificielle (IA) va transformer les entreprises. Mais à l’instar de Tesla, la survalorisation de NVIDIA fera tôt ou tard l’objet d’une correction. Affirmer aujourd’hui que le cours de NVIDIA sera divisé par deux ces prochaines années peut sembler complètement farfelu, mais l’histoire a montré que lorsque la bulle de survalorisation éclate, la chute est rapide et brutale.

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