Les mines d’argent, intéressantes cette année

Si l’argent reste toujours légèrement dans l’ombre de l’or, les sociétés minières actives sur le segment se sont redressées. Nous proposons ici à l’investisseur désireux de se positionner sur ce métal précieux un panorama des possibilités.

L’argent s’est apprécié de 15% en 2019. Il est pourtant, pour la 3e année consécutive, en retrait par rapport à l’or, dont le cours a, lui, bondi de 19%; le ratio or/argent est aujourd’hui de 87, un niveau inférieur au sommet de juillet dernier (93,5), mais toujours très élevé.

Les actions minières se portent en revanche bien mieux. L’indice Solactive Global Silver Miners a bondi de 33% et les titres individuels, comme First Majestic Silver (+104%), récemment ajouté au portefeuille, et Pan American Silver (+62%), plus ancien, ont superbement évolué. Nous en avons parlé récemment: voyons donc, à présent, d’autres grands producteurs d’argent dignes d’intérêt (même si la part de l’argent dans leur chiffre d’affaires [CA] a systématiquement diminué ces dernières années; la chute du cours, entre 2013 et 2016, a en effet incité de nombreux groupes à se diversifier). Le tableau ci-après présente la contribution escomptée de l’argent au CA de chacun de ces producteurs en 2020.

Contribution escomptée de l’argent au CA en 2020

Endeavour Silver

57%

Hochschild Mining

45%

Fortuna Silver

30%

Coeur Mining

27%

Hecla Mining

24%

Endeavour Silver (EXK US)

Endeavour gère plusieurs sites au Mexique. Les minerais des trois mines souterraines d’or et d’argent en exploitation sont relativement riches. L’acquisition la plus récente est celle d’El Compas, mise en service l’an dernier. L’arrêt de la production à El Cubo était inattendu; les chiffres de production d’or et d’argent au 4e trimestre ont donc déçu et les prévisions annuelles n’ont pas été atteintes. La production a chuté de 27%, à 7,1 millions d’onces troy d’équivalent argent, en 2019. Endeavour recense deux projets d’exploration dans l’argent. S’il est actuellement déficitaire, il dispose d’une trésorerie nette de 13 millions de dollars. Il prévoit une amélioration de la situation de ses trois mines opérationnelles en 2020. L’action est un bon investissement, lequel serait toutefois plus risqué que la moyenne en cas de hausse du cours de l’argent.

Hochschild Mining (HOC LN)

Créée en 1911, Hochschild reste une entreprise familiale, dont Eduardo Hochschild détient, par le biais d’un holding, un peu plus de 50% des titres. Le groupe possède trois actifs opérationnels: Inmaculada et Pallancata, au Pérou, et San Jose, en Argentine. Ces mines produiront cette année 35 millions d’onces troy d’équivalent argent, contre 37 millions en 2019. Inmaculada assure deux tiers de la production d’or et un tiers de celle d’argent; le potentiel d’exploration y est par ailleurs très élevé. L’étoffement des réserves à Pallancata a pris du retard l’an dernier. Au Chili, le vaste projet aurifère Volcan (9 millions d’onces troy de réserves) ne sera rentable que lorsque le cours de l’or remontera, car les minerais présentent une faible teneur en or. L’achat du projet de terres rares BioLantanidos (Chili), à la fin de l’an passé, a provoqué des haussements de sourcils. Hochschild n’étant pas (encore) dans la ligne de mire des grands investisseurs, il se négocie, sur les marchés nord-américains, moyennant décote; en termes de production, le titre est même très bon marché. Le groupe dispose de 95 millions de dollars de liquidités, pour un endettement de 162 millions. Il est l’un des rares acteurs du secteur à verser un généreux dividende: c’est une des raisons pour lesquelles nous recommandons d’acheter.

Fortuna Silver (FSM US)

L’argent a assuré 55% du CA de Fortuna en 2019, un chiffre qui sera ramené à 30% lorsque la mine d’or de Lindero (Argentine) sera opérationnelle (90.000 onces troy d’or escomptés pour 2020; 13 ans de durée de vie). Au Mexique et au Pérou, deux sites, caractérisés par la faiblesse de leurs coûts, fournissent 18 millions d’onces troy d’argent. Fortuna dispose de projets d’exploration intéressants, et détient une participation de 24,2% dans Medgold Resources. Sa trésorerie s’élève à 72 millions de dollars, son endettement, à 136 millions. A n’acheter qu’à titre spéculatif.

Coeur Mining (CDE US)

L’action de Coeur Mining (ex-Coeur d’Alene) a bien progressé en automne, pour retomber brutalement après l’émission de deux avis négatifs par des sociétés de Bourse. Coeur, qui gère cinq mines opérationnelles, a toujours affiché une structure de coûts plus lourde que la moyenne, ainsi qu’un endettement élevé. La part de l’argent dans son CA a diminué ces dernières années, pour ne plus représenter désormais que 27%. Palmarejo (Mexique) assure la moitié de la production d’argent et près de 30% de la production d’or. C’est la seule mine à avoir généré des flux de trésorerie positifs, même lorsque le cours de l’argent reculait. Kensington (Alaska) s’adjuge 35% de la production d’or. Wharf (Dakota du Sud; 25% de la production aurifère) vient de clore son meilleur 2e semestre depuis 2016; la mine génère des flux de trésorerie positifs. A Rochester (Nevada; or et argent), le flux de trésorerie est négatif, mais il s’améliore. Silvertip (Canada; argent, plomb et zinc), achetée fin 2017, ne tient pas encore ses promesses. Coeur compte sur une production consolidée de 334.000-371.000 onces troy d’argent et de 12,2-14,7 millions d’onces d’or pour 2019. Le groupe a enregistré, entre janvier et septembre 2019, une perte nette de 51 millions de dollars, mais ses flux de trésorerie disponibles ont été positifs au 3e trimestre. La hausse du cours de l’argent est annonciatrice d’une amélioration en base annuelle pour les trimestres qui viennent. S’il repassait sous les 6 dollars, le titre redeviendrait intéressant.

Hecla Mining (HL US)

Jusqu’en automne, Hecla comptait parmi les actions les moins performantes du secteur. L’achat d’actifs aurifères (Nevada) avait porté son endettement à près de 600 millions de dollars; quant à la faiblesse du prix de l’argent et aux problèmes de Lucky Strike (Idaho), ils avaient réduit la trésorerie à moins de 10 millions de dollars au terme du 1er semestre. Le redressement du cours de l’argent, au 2e semestre, a engendré une augmentation des flux de trésorerie. Le conflit social chez Lucky Friday devrait enfin se résoudre. La production de Lucky Strike, dont la durée de vie résiduelle est de 17 ans, pourrait retrouver rapidement sa vitesse de croisière. Greens Creek (Alaska) est le fer de lance du groupe. Ses coûts de production sont très faibles (7,5 dollars l’once); sa production d’or et d’argent a augmenté de 10 et 24% respectivement en 2019. Simultanément, les mines d’Hecla produisaient 12,6 millions d’onces d’argent (+22% en un an) et une quantité record de 273.000 onces d’or (+4%). Le groupe acte une perte de 91,6 millions de dollars entre janvier et septembre mais l’accélération de la production à Lucky Friday et la hausse du cours de l’argent devraient lui permettre d’enregistrer un cash-flow disponible de 90 millions de dollars cette année. La probabilité d’une dilution consécutive à l’émission d’actions nouvelles est très élevée. L’essentiel de la dette venant à échéance en 2021, elle va devoir être renouvelée cette année; la direction profitera sans doute de l’amélioration de la situation pour lever des fonds. Mieux vaut donc, après la remontée de ces derniers mois, attendre d’en savoir davantage.

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