Le Brésil après Rousseff

L’économie brésilienne traverse la crise la plus profonde des cinquante dernières années, en plus d’une profonde récession.

Dans deux mois, les Jeux Olympiques d’été commenceront à Rio de Janeiro. C’est le principal événement sportif au monde. Pour une ville/un pays, c’est une opportunité unique de se montrer à la planète. Pourtant, les Brésiliens n’ont pas de raison de danser la samba pour le moment. Le pays est sens dessus dessous, l’atmosphère est lourde. Et ce n’est pas seulement dû à l’actualité négative entourant le virus zika.

L’économie brésilienne traverse la crise la plus profonde des cinquante dernières années, en plus d’une profonde récession. On prévoit que l’économie connaîtra un recul de 2,5 à 3% cette année. En outre, l’économie brésilienne fait face à une inflation élevée d’environ 10% du fait de la sensible baisse du réal brésilien (BRL; de 1,5BRL par USD en 2011 à 4BRL en début d’année), un déficit budgétaire important d’environ 10% pour 2015 et une dette publique qui représente désormais 70% du PIB. Ce n’est que depuis peu que les indicateurs semblent suggérer que le pire est révolu, en l’occurrence au travers d’un repli du déficit des comptes courants.

Par ailleurs, le pays traverse une profonde crise politique. La politique catastrophique de la présidente de gauche du parti travailliste Dilma Rousseff lui a finalement coûté la tête et une suspension de six mois. La très impopulaire Rousseff ne prononcera donc pas le speech d’inauguration des Jeux Olympiques. Cet honneur reviendra au vice-président Michel Temer, qui n’est pas a priori irréprochable lui non plus. Un rôle douteux dans le scandale de corruption autour du géant pétrolier national Petrobras et des magouilles budgétaires lui ont valu une procédure “d’impeachment” (destitution). Mais la cause réelle nous semble plutôt que Rousseff a fait d’une situation économique difficile (chute des prix des matières premières) une situation dramatique. Elle n’est pas la seule accusée de corruption. Des mouvements de protestations massifs ne sont dès lors pas à exclure pendant les Jeux.

Formation de plancher

L’indice boursier Ibovespa se trouve en fin de compte déjà dans un marché baissier depuis début 2011 (d’à peu près 70.000 en 2010 à 37.000points en début d’année). C’est très compréhensible, compte tenu de la situation dramatique du pays. Cela dit, on ne peut perdre de vue le fait qu’à long terme, le Brésil est l’un des marchés de consommation les plus prometteurs au monde pour les prochaines décennies, avec actuellement 105millions de Brésiliens appartenant à la classe moyenne.

Avec un redressement à 55.000points pour un indice boursier, du BRL à 3,5 BRL par USD, nous sommes convaincus que le pire est révolu sur les marchés financiers brésiliens. Mais le redressement sera progressif et en dents de scie. Avec la meilleure banque du pays et du continent Itau Unibanco Holding (lire en rubrique Actions hors Europe), nous espérons une réintégration en portefeuille plus tard dans l’année. À la condition expresse que la situation au Brésil se stabilise.

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