La décennie des matières premières
Nous le disions la semaine dernière : l’ère des mégatechs est en train de s’achever, et un autre thème va prendre le relais. De nombreux facteurs plaident en faveur des matières premières.
Ceux qui ont acheté des actions Microsoft en 2020 profitent d’un rendement total (appréciation du cours et dividendes) exceptionnel de 74 %, soit 20,2 % en moyenne par an. Encore plus fortunés, ceux qui avaient alors opté pour Cameco, le premier producteur d’uranium en Occident : sur les 36 derniers mois, le rendement total atteint 256 % (51,5 % en moyenne par an), soit 182 % de plus que Microsoft.
Sans surprise, sur un horizon de 10 ans, le tableau est différent. Le rendement d’un investissement dans Cameco s’inscrit certes dans le vert, à 159 % (soit une moyenne de 10 % par an), mais il est inférieur au rendement sur trois ans, ce qui implique un rendement négatif sur la période 2014-2020. A l’inverse, l’achat, il y a 10 ans, d’un titre du géant du logiciel vous aurait aujourd’hui permis d’obtenir un rendement époustouflant de 1.173 %, soit une moyenne annuelle de 28,9 %. Il est indéniable que la décennie a été particulièrement fructueuse pour les mégatechs, mais, petit à petit, une autre classe d’actifs, les matières premières, semble reprendre le flambeau.
Hausse de la demande, raréfaction de l’offre
Evidemment, le choix de Cameco n’était pas anodin : sous l’effet, notamment, de la guerre en Ukraine, la tension est à son comble entre offre et demande d’uranium. Et lorsque l’offre ne peut plus répondre à la demande, les prix augmentent. C’est ce qui se produit aujourd’hui pour le prix au comptant de l’uranium (U3O8), alors même qu’un nombre croissant de pays affirment vouloir augmenter la part du nucléaire dans leur mix énergétique d’ici à 2050. L’Association nucléaire mondiale estimait récemment que la demande augmentait chaque année de 3,6 % en moyenne. Les fournisseurs, à l’inverse, sont de plus en plus souvent contraints d’acheter de l’uranium au comptant pour répondre à leurs obligations contractuelles. Alors que le prix spot oscillait encore entre 20 et 30 dollars la livre entre 2018 et 2020, il s’établissait autour de 50 dollars mi-2023, et 105 aujourd’hui. Il faudra encore attendre des années pour que les nouveaux projets permettent de reconstituer l’offre.
Bien sûr, pour la plupart des autres matières premières, la situation n’est pas aussi tendue – ou devrions-nous dire, pas encore ? Les efforts entrepris pour rendre l’économie plus verte vont considérablement accroître la demande de certaines matières premières (le cuivre, par exemple). Sur la décennie écoulée, la faiblesse des cours a réduit comme peau de chagrin les investissements en capital. En outre, le carcan réglementaire peut rallonger le délai entre la décision d’investissement et l’ouverture d’une mine à une dizaine d’années. Si l’on tient compte de tous ces facteurs, le marché ne peut que devenir haussier. Mais attention, un investissement dans les matières premières a ses particularités (lire notre analyse ci-dessous).
Investir dans une classe d’actifs qui assure une excellente diversification : les matières premières
La semaine prochaine, nous nous pencherons sur les métaux précieux.
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