Fagron & TiGenix

Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Que faire de Fagron après la nouvelle chute du cours cette semaine ?

Quelle différence entre le début et la fin novembre ! Le cours de Fagron avait beaucoup augmenté au début du mois dernier – alors que le marché anticipait une vente rapide. Mais un nouveau rapport critique de Kempen, après des rumeurs non confirmées selon lesquelles plusieurs candidats acquéreurs avaient renoncé, ont donc ramené l’action aux niveaux d’avant l’annonce de l’ouverture des négociations (17 à 18 EUR). La probabilité d’une acquisition a sans doute fondu peu après, lorsque Fagron a annoncé avoir reçu des questions de la justice américaine dans une affaire de possible fraude dans les préparations pharmaceutiques aux Etats-Unis. L’enquête n’est pas spécifiquement dirigée contre Fagron et d’éventuelles inculpations ne seront pas annoncées avant le 1er semestre 2016. Bien que l’enquête porte sur des pratiques qui datent d’avant la modification des conditions de remboursement des préparations magistrales et ne concerne pas le segment des préparations pour hôpitaux, le véritable pôle de croissance de Fagron, une inculpation serait particulièrement malvenue. Le silence assourdissant sur les négociations en novembre laissait présager des discussions difficiles. Mais le cours s’est véritablement effondré cette semaine après la publication dans la presse d’informations selon lesquelles tous les candidats repreneurs avaient renoncé. Le communiqué de presse publié par Fagron n’a manifestement pas rassuré les actionnaires : les discussions sont toujours en cours, mais sans perspective d’une offre ferme. En outre, des négociations ont été ouvertes avec les banques concernant les convenants bancaires, et une augmentation de capital publique ou privée n’est pas exclue. Sans adaptation de convenants bancaires – pour l’instant, le rapport maximal autorisé entre la dette financière nette et les cash-flows opérationnels récurrents (REBITDA) est fixé à 3,25 (rapport de 3,21 fin juin), avec une possibilité d’exception temporaire de 3,5 -, l’entreprise aurait besoin de 120 à 130 millions EUR de capitaux frais. Comme la capitalisation boursière est retombée à environ 300 millions EUR (32,1 millions d’actions), une telle opération causerait une forte dilution. Nous n’en sommes toutefois pas encore là, même s’il est clair que la direction doit trouver une solution le plus vite possible. Vendre actuellement nous semble inutile. Nous maintenons notre position dans le portefeuille modèle, mais nous relevons cependant (temporairement ?) le profil de risque en raison du regain d’incertitude à court terme (1C). Nous restons convaincus du potentiel de l’entreprise à long terme et donc de l’action, mais la tendance ne pourra s’inverser que lorsque la situation financière sera clarifiée. Si une augmentation de capital publique devait être annoncée, nous avons l’intention d’y souscrire.

Je suis actionnaire de TiGenix. Pourquoi n’ai-je pas pu participer à la grande augmentation de capital de la semaine dernière ? Est-il vrai que l’entreprise est à nouveau sur la bonne voie ?

TiGenix a récolté 8,7 millions EUR la semaine dernière via l’émission de 9,1 millions d’actions nouvelles à 0,95 EUR par action. Les actionnaires particuliers n’ont pas pu y souscrire parce que l’augmentation de capital s’est effectuée dans les limites du capital autorisé qui permet d’émettre un maximum de 10% d’actions nouvelles sur une période de 12 mois suivant une procédure accélérée. En juillet, TiGenix avait déjà émis 7,7 millions d’actions nouvelles – pour un montant total d’environ 5,5 millions EUR – par cette voie pour financer l’acquisition de Coretherapix, une entreprise active dans les thérapies basées sur des cellules souches pour la cardiologie. Le produit le plus avancé de Coretherapix est l’AlloCSC-01, un produit contre les défaillances cardiaques aiguës. Le recrutement de patients pour une étude de phase II a été finalisé et les résultats intermédiaires sont attendus au 2e semestre 2016, pour des résultats complets au 1er semestre 2017. TiGenix a franchi une nouvelle étape dans l’ère post-ChondroCelect avec l’annonce en août dernier de résultats de phase III positifs pour une étude européenne sur le Cx601, un médicament à base de cellules souches dérivées de tissus graisseux contre les fistules périanales chez les patients souffrant de la maladie de Crohn. Il s’agissait des résultats après 24 semaines de traitement. Les résultats après un an de traitement sont attendus au 2e trimestre 2016. La demande d’approbation provisoire auprès de l’EMA (l’Agence européenne des médicaments) sera introduite au 1er trimestre 2016. Une étude de phase III sera lancée aux Etats-Unis au 1er trimestre 2017. Ce calendrier permet d’envisager un lancement commercial au 2e semestre 2017 en Europe et en 2020 aux Etats-Unis. Sur la base de 70.000 patients par an, le potentiel de marché total est estimé à 800 millions USD (fourchette comprise entre 350 millions USD et 1,75 milliard USD). Après des résultats positifs de phase I, TiGenix a reçu une subvention de 5,4 millions EUR pour le lancement d’une étude de phase Ib/II sur le Cx611 contre la septicémie – complication potentiellement mortelle d’une infection – au 1er semestre 2016. Le développement du Cx611 contre les rhumatismes est pour l’instant mis en veilleuse. Après une période extrêmement difficile, les pièces du puzzle semblent se mettre en place chez TiGenix, soutenue par l’actionnaire principal Grifols. L’entreprise dispose de liquidités suffisantes (22,7 millions EUR fin juin; consommation mensuelle de 1,5 million EUR) pour tenir jusqu’à la mi-2017. Nous relevons la note à digne d’achat, mais continuez à tenir compte du risque élevé propre aux biotechnologies (1C).

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