Danny Reweghs
Donald Trump repart en guerre
Inquiet au sujet de ses chances de réélection, l’occupant de la Maison-Blanche a besoin que la Chine lui serve à nouveau d’ennemi pendant sa campagne.
Cette fois, la Chine se serait bien passée d’être au centre de toutes les attentions. A l’origine d’une épidémie mortelle pour la deuxième fois en 15 ans, cette superpuissance économique, par ailleurs constamment en quête de davantage de pouvoir politique, financier et militaire aux niveaux tant régional que mondial, voit son image se dégrader considérablement.
Au coeur du problème, deux failles de la société chinoise: un manque d’hygiène et l’absence d’ouverture au reste du monde. Espérons que de nettes avancées vont être réalisées dans l’un et l’autre de ces domaines désormais. Lors de l’apparition du virus responsable de la transmission du SRAS, en 2002-2003, les tentatives de dissimulation avaient duré extrêmement longtemps; si une même approche a été adoptée cette fois encore, elle a été abandonnée plus rapidement et, surtout, plus radicalement. Il ne fait toutefois aucun doute, pour le reste du monde, que les Chinois ont perdu un temps précieux et dissimulé des informations essentielles, dont le nombre de décès; ce qui a conduit les autres pays à fortement sous-estimer la gravité de la menace et à laisser celle-ci se muer en une pandémie, qui a débouché sur un confinement quasi planétaire. Confinement à l’origine de la crise économique la plus profonde depuis la Seconde Guerre mondiale.
Guerre froide
Ce constat incite Donald Trump à fourbir de nouveau ses armes et à raviver la guerre froide économique qui l’oppose à la Chine. Le coronavirus est apparu juste après la difficile conclusion d’un premier accord commercial entre les deux superpuissances, au terme de plus d’une année de tensions. Il a empêché la négociation d’un accord plus large et même, remis en cause la convention initiale. L’occupant de la Maison-Blanche voyant ses chances d’être réélu s’amenuiser sous l’effet de la gravité du bilan sanitaire américain et de la profonde crise économique qui est venue s’y greffer – alors qu’il a, rappelons-le, fait de la prospérité du pays son cheval de bataille électoral -, il a besoin que la Chine lui serve d’ennemi pendant sa campagne.
La prime affichée par les actions chinoises ne nous semble pas justifiée.
La Chine perd la face
Xi Jinping, le tout-puissant président de la république populaire, a perdu la face sur les plans national et international. L’envoi de masques non conformes n’a guère aidé à redorer le blason commercial du pays. Dans la lutte pour l’hégémonie mondiale que se livrent les Etats-Unis et la Chine, celle-ci n’a enregistré aucun progrès, même si elle a, plus rapidement que le reste du monde, su atteindre une “nouvelle normalité”. Ajoutons à cela que l’effondrement de l’économie planétaire remet en cause sa position de principal exportateur. Enfin, il est probable que les entreprises et les gouvernements occidentaux vont reconsidérer leur dépendance à l’égard des produits chinois et se tourner vers d’autres pays exportateurs (à bas salaires). La prime actuellement affichée par les actions chinoises ne nous semble par conséquent pas justifiée.
Stratégie
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