Danny Reweghs
Deux mondes opposés
Les places boursières européennes accusent, cette année encore, un important retard par rapport à Wall Street. Nous nous attendons cependant à un rattrapage des actions européennes vers 2019, pour autant que Donald Trump, Matteo Salvini et Luigi Di Maio ne compliquent pas trop la donne.
Si les grandes tendances mondiales convergent manifestement plus qu’autrefois sur les marchés boursiers, leur suivi diverge en revanche fortement selon la région. L’euphorie n’est pas de mise en Europe: comme souvent depuis 2008, la tendance haussière est mise à mal par diverses crises (euro, Brexit…), qui poussent les investisseurs à vendre.
Le crû 2018 se révèle décevant. Après avoir culminé à 5.500 points en mars 2000, l’indice Euro Stoxx 50 s’établissait à 3.000 points en 2011 et n’a gagné que 10% depuis – soit un recul de 40% en 18 ans. Aucun record n’a été établi ces trois dernières années… Par contraste, à New York, les indices boursiers battent de nouveaux records toutes les trois semaines environ.
Le rôle des mégastars
Cette année aussi, les places boursières européennes accusent un important retard par rapport à Wall Street: l’écart dépasse les 10%. Le Standard & Poor’s 500 a quasiment doublé depuis son plus-haut de 1.500 points atteint en 2000, puis en 2007, alors que l’Euro Stoxx 50 a perdu près de 40% et que le Stoxx 600 plafonne sensiblement au même niveau. Sur le plan macroéconomique, il est vrai que les autorités américaines ont réagi de manière bien plus musclée à la crise financière d’il y a dix ans: assainissement du secteur bancaire, assouplissement marqué de la politique monétaire…
Au niveau sectoriel, l’énorme écart de performance (depuis mars 2000, l’indice S&P 500 a offert un rendement total de 195%, contre 18,5% pour l’indice Euro Stoxx 50) ne s’explique selon nous, et en partie seulement, que par le nouveau rebond spectaculaire et bien plus largement étayé du secteur technologique. Depuis le début de la décennie, la capitalisation boursière d’Apple s’est hissée de 165 milliards de dollars à 1.020 milliards de dollars aujourd’hui, celle d’Amazon de 60 à 950 milliards, celle d’Alphabet (Google) de 200 à 820 milliards, celle de Facebook (coté depuis 2012) de 60 à 470 milliards et celle de Netflix de 3 à 150 milliards de dollars – des performances inégalées en Europe ces dernières années. Sur le Vieux Continent, la composition des indices reste en effet classique, et un grand nombre des entreprises représentées fait les frais de la disruption numérique, dans laquelle les géants technologiques américains jouent un rôle majeur. Nous pronostiquons un rattrapage des actions européennes vers 2019, si Donald Trump, Matteo Salvini et Luigi Di Maio ne compliquent pas trop la donne. Il convient pour autant de ne pas ignorer la maturité de la hausse boursière américaine, portée par un nombre de moins en moins important des ” mégastars ” citées.
Stratégie
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