Danny Reweghs

Crypto-krach n’est pas oraison funèbre

Danny Reweghs Journaliste

En annonçant que Tesla avait acheté pour 1,5 milliard de dollars de bitcoins et que ses voitures pourraient être payées en bitcoin, Elon Musk avait fait grimper le cours à plus de 60.000 dollars. Mais il s’est très rapidement ravisé.

En finance, une loi empirique veut que ce qui monte finit toujours par redescendre… dans une mesure souvent proportionnelle à l’ampleur du rebond. Ainsi l’envolée du bitcoin et des autres crypto-monnaies entre l’automne 2020 et le printemps 2021 devait-elle nécessairement être suivie d’un plongeon: mi-mai, des pertes de 30% en une séance ont effectivement été davantage la règle que l’exception. Le marché des crypto-monnaies, qui avait très vite atteint 2.000 milliards de dollars, a perdu tout aussi rapidement 600 milliards de dollars.

A l’origine de ce krach: Elon Musk. En annonçant que Tesla avait acheté pour 1,5 milliard de dollars de bitcoins et que ses voitures pourraient être payées en bitcoin, l’homme avait fait grimper le cours à plus de 60.000 dollars. Mais il s’est très rapidement ravisé, à cause du problème de la consommation énergétique de la technologie blockchain sur laquelle repose le bitcoin. La Chine a de son côté interdit aux institutions financières du pays d’employer le bitcoin. Ces deux événements ont mis en évidence certaines des faiblesses des crypto-monnaies, espèces énergivores, sans valeur intrinsèque, dont la formation du cours dépend du sentiment et d’un cadre juridique incertain et auxquelles les gouvernements s’opposent de surcroît pour l’instant, faute d’avoir prise sur elles.

Le débat n’est pas clos

Faut-il déprécier les investissements en crypto-monnaies? Le bitcoin est-il condamné à ne plus valoir, d’ici décembre, que quelques milliers de dollars, comme en 2018? Si on ne peut exclure totalement ce scénario, il nous semble tout aussi raisonnable de penser que le cours de la plupart des crypto-monnaies va être multiplié par deux cette année et atteindre de nouveaux records. Car quoi qu’on en dise, les grands acteurs institutionnels leur accordent un intérêt croissant. La monnaie virtuelle est devenue un investissement que n’hésitent plus à envisager ceux qu’inquiète l’explosion de la dette due aux interventions massives des pouvoirs publics lors de la crise sanitaire. Le bitcoin est un palliatif désormais envisageable en raison de sa rareté (près de 90% des 21 millions d’unités prévues par le protocole Bitcoin ont d’ores et déjà été extraits), de la petite taille de son marché (quelques milliers de milliards de dollars seulement) et de sa croissance prévisible et limitée (division par deux, à intervalles réguliers, de la croissance de l’offre). Vu la manière dont son cours a évolué après les précédents halvings, le cycle, si les 63.000 dollars atteints mi-avril se révélaient effectivement être le sommet, devrait s’achever bien plus vite encore que les dernières fois.

Qualifier les crypto-monnaies d’or numérique reste cela dit prématuré. L’historique est trop court, le cadre juridique est flou, les fluctuations sont violentes… Trop risquées encore, ces devises ne peuvent représenter plus d’un ou de deux pour cent des portefeuilles.

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