Coup de frein de la Chine
Les autorités monétaires chinoises auraient-elles estimé trop risqué d’attendre six mois de plus pour agir ? À l’automne se tiendra le 19e Congrès national du Parti communiste. Cela ne leur ressemble pas, d’intervenir une année où a lieu ce grand événement. Un durcissement de la politique chinoise qui par ailleurs a des conséquences à l’international.
Ce n’est pas une surprise en soi. C’est en revanche le moment qui surprend. Lorsque les autorités chinoises estiment qu’il faut limiter l’octroi de crédits, réguler la finance de l’ombre et refroidir l’immobilier, elles interviennent sans tarder. La stabilité économique est leur priorité absolue. Sauf que… cette fois, Pékin resserre la vis précisément l’année où le pays organise l’important Congrès quinquennal du Parti communiste. Ce 19e congrès se tiendra en novembre. Aurait-on estimé trop risqué d’attendre six mois de plus pour agir ? L’intervention à proprement parler du régulateur chinois est classique : elle consiste en un renforcement immédiat du cadre réglementaire du secteur financier, qui se traduit sur-le-champ par un nouveau comportement des banques chinoises. Elles ont de fait émis en avril 30 à 40% d’instruments populaires en moins que le mois précédent. Parmi ces instruments, citons les financements interbancaires, les produits de gestion patrimoniale, etc.
Le repli des cours des métaux est une conséquence du resserrement de la politique monétaire chinoise
Les responsables chinois ne veulent en aucun cas que les dérives de la sphère financière compromettent la stabilité économique du pays. Pour autant, leurs mesures ne sont pas sans effets sur les marchés financiers. Au niveau international par exemple, le repli des prix des métaux tels que le cuivre et le minerai de fer est le plus notable. Épinglons aussi la hausse des taux des obligations d’État chinois à 3,25% (contre encore 2,25% à l’automne 2016), la correction des Bourses chinoises et la poursuite de la tendance baissière de la devise (yuan ou renminbi) face au dollar (quelque 6,90 yuans pour un dollar actuellement). Les autorités doivent donc apaiser les marchés en injectant des liquidités supplémentaires dans le système afin d’assurer la poursuite dans les meilleures conditions du processus d’allègement de la dette du pays.
Le vrac sec reprend du galon
L’indice Baltic Dry, un indicateur crucial de l’évolution du secteur du vrac sec, plus particulièrement du transport maritime de charbon, minerais de fer, céréales, etc., est lui aussi sensible aux interventions des autorités chinoises. Si longtemps l’indice a servi de baromètre à la robustesse de l’économie chinoise, ce fut nettement moins le cas ces dernières années, en raison de la distorsion entre l’offre et la demande.
Au cours des mois de février et mars, l’indice a presque doublé, d’environ 700 à 1300 points, son plus haut niveau en plus de deux ans. Depuis lors cependant, il est revenu à un millier de points, près d’un quart de moins. Comme souvent ces dernières années, la reprise risque cette fois encore d’être de (très) courte durée. Nous devrions donc rester très éloignés des niveaux compris entre 2000 et 2500 points, qui prévalaient encore en 2013, et bien plus loin encore des 8000-9000 points atteints en 2006-2008 – période de si forte demande de matières premières que, par exemple, pour pouvoir effectuer leur chargement à destination de la Chine, les immenses navires de charge (vraquiers) devaient parfois attendre jusqu’à trois semaines dans les ports, australiens notamment.
Stratégie
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